Clément Venturini : « Pas une victoire comme les autres »

Après un final historique de par son scénario, Clément Venturini est venu à bout de Francis Mourey sur la deuxième manche de la Coupe de France de cyclo-cross (Sisteron, Alpes-de-Haute-Provence) dans la catégorie Elite. Le coureur de la formation Cofidis a livré ses premières impressions à DirectVelo.com.

DirectVelo.com : Le final de cette deuxième manche était à couper le souffle. Comment as-tu vécu les derniers instants de la course ?
Clément Venturini : J’ai passé Francis (Mourey) à 5 mètres de la lignée d’arrivée à peu près. C’est là que l’on réalise que l’expression - tant que la ligne n’est pas franchie rien n’est perdue - est vraie. Il ne fallait rien lâcher.  J’ai sprinté jusqu’au bout. J’ai jeté le vélo sur la ligne et c’est ce qui a fait la différence. Ce final me fait penser à ce qu’il s’était passé sur un Championnat de France Juniors, où mon pote Quentin Jaurégui avait été victime d’une crevaison à 500m de l’arrivée. Et c’est Fabien Doubey qui avait gagné. C’est le même style. Ça reste la course.

Comment vis-tu le fait d’avoir gagné de cette façon, après l’incident mécanique de Francis Mourey ?
C’est bizarre. C’est vrai que cette victoire a un goût amer. Ce n’est pas une victoire comme les autres. La sensation que j’ai est forcément particulière... mais ça reste malgré tout une victoire. Comme on dit, il faut une partie de chance dans le vélo et je pense qu’aujourd’hui Francis ne l’avait pas. Ou c’est moi qui l’avais. C’est comme ça.

« JE N’Y CROYAIS PAS »

Quand as-tu compris que Francis Mourey avait un problème mécanique ?

Des gens sur le bord de la route m’ont dit qu’il avait cassé quelque chose sur son vélo et qu’il était à pied. Je n’y croyais pas. Je pensais qu’ils me disaient pas pour que je me batte jusqu’au bout. Puis j’ai levé la tête et j’ai vu qu’il était effectivement à pied. Même là, je n’y croyais encore pas (sourires). J’ai quand même relancé à bloc lorsque j’ai entamé la dernière partie asphaltée. Je me suis dit qu’il avait déjà passé la ligne d’arrivée.

A l’amorce du dernier tour, tu ne devais pas imaginer une seule seconde pouvoir l’emporter ?
Il y avait 25 secondes d’écart à la cloche. Dans le dernier tour, j’ai senti que je ne perdais plus de temps, voire que je revenais très légèrement. Je me suis battu jusqu’à la ligne. Il y avait quand même une grosse partie du parcours sur laquelle je passais vraiment mal, alors que Francis passait quatre fois mieux que ça. Il me reprenait du temps à chaque fois sur ces portions-là. Mais bon, la technique ça fait partie du cyclo-cross.

Au-delà de ce drôle de final, quelles étaient tes sensations sur le vélo ce dimanche ?
Elles étaient très bonnes ! J’ai même été plutôt surpris. Dans ce genre de conditions, je n’étais pas plus serein que ça. J’ai encore un peu de mal dans la boue mais ça prouve que je comble mes lacunes. C’est bon signe pour la suite.

« ETRE AU TOP A TABOR »

Il faut préciser qu’outre les différents incidents de Francis Mourey, tu avais réussi à rivaliser avec lui lors des premiers tours...

Oui, nous étions encore ensemble à trois tours de l’arrivée. Francis avait déjà eu un problème de boyau une première fois. J’en ai profité pour passer devant. Il était toujours à portée de fusil. Il me prenait quelques mètres puis je faisais l’effort. A un moment donné, je suis même rentré sur la route, la partie asphaltée. Mais à force de faire l’élastique, j’avais un peu coincé.

Mis à part cette victoire à Sisteron, comment analyses-tu tes derniers résultats, avec le Championnat d’Europe notamment ?
Je sens que je progresse. Mon seul regret, c’est que je n’arrive pas encore trop à trouver mes repères au niveau international. Ça ne colle pas pour l’instant. Je ne sais pas comment l’expliquer car physiquement, ça va. Je n’ai jamais de superbes sensations le jour des grands rendez-vous internationaux, ce qui m’embête pas mal. La semaine qui précédait le Championnat d’Europe par exemple, j’avais battu Francis (Mourey). J’étais en bonne forme. Et en Allemagne, je n’étais pas génial. Pourtant, je suis motivé à bloc. D’autant que je suis en Espoirs 4 et que c’est évidemment l’année ou jamais pour gagner des courses dans cette catégorie.

Il restera plusieurs occasions de briller à l’échelle internationale jusqu’à la fin de la saison...
C’est vrai que je n’ai pas besoin d’avoir de bonnes sensations tout le temps finalement car la seule fois où j’aurai vraiment besoin d’être au top, ce sera à Tabor pour le Championnat du Monde. Pour le classement général de la Coupe du Monde, c’est bien compromis mais il restera deux grands rendez-vous avec le Championnat de France et donc ce Mondial.

Crédit photo : Nicolas Mabyle - www.directvelo.com
 

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