Bernard Hinault. "Quand le petit m'appellera papy..."

Bernard Hinault aura 60 ans vendredi. Avant de fêter l’événement à Saint-Grégoire (près de Rennes) en compagnie de nombreuses personnalités, le plus grand champion breton nous a longuement reçu chez lui, à Calorguen, près de Dinan. La fougue du jeune grand-père n’a pas pris une ride. > Sa carrière en 20 dates et en infographie interactive

Bernard Hinault fêtera ses 60 ans vendredi prochain. « J'ai une vie de rêve », confie le jeune grand-père.. Photo Philippe Priser
Bernard Hinault fêtera ses 60 ans vendredi prochain. « J'ai une vie de rêve », confie le jeune grand-père.. Photo Philippe Priser

"60 ans. Sincèrement, ça ne me fait rien. Il y a dix ans, je pensais que 60 ans, ça voulait dire quelque chose mais je me rends compte que ce n’est pas le cas. Je ne me prends pas la tête avec ça. 20 ans, 30 ans, 40 ans, 50 ans… L’important, c’est d’avoir la santé. Si encore j’avais des petits soucis d’articulations, à droite à gauche, je me dirais que je suis vieux. Ce n’est pas le cas. J’ai l’impression d’avoir 20 ans. Je suis également entouré de jeunes dans le monde du vélo. Ça fait rester jeune…

A la limite, c’est davantage certains événements qui me font prendre conscience du temps qui passe. Quand Mickaël (son premier fils) a obtenu son permis de conduire, ça m’a fait bizarre « merde, il a déjà cet âge-là et là, pour la première fois, me voilà grand-père (NDLR : Alexandre a eu un fils, Armand) depuis deux jours (NDLR : l’interview s’est déroulée le 3 novembre). Peut-être que quand le petit m’appellera papy, je vais prendre un coup de vieux. C’est peut-être là que ça va me faire drôle. Ça va, j’ai encore un peu de temps devant moi…

Il faut dire que je n’ai pas non plus vu les dix dernières années passer. Mes 50 ans, c’était hier. Elles ont défilé à vitesse grand V. Quand vous avez beaucoup d’activités, vous ne vous rendez pas compte du temps qui passe. Depuis le mois de mars et l’ouverture du magasin de cycles d’Alexandre (son deuxième fils) à Saint-Malo, je tape dedans. Je pars souvent à 8 h le matin, je rentre pour 19 h, je ne vois pas la journée passer."

Son quotidien.
"Je ne travaille plus 360 jours pas an. Comme les garçons n’étaient pas intéressés pour prendre la suite, on a vendu la ferme (50 Charolaises, 50 génisses et 50 veaux) en 2007. Mes activités de relations publiques chez ASO (Amaury Sport Organisation) me prennent autour de 140 jours par ans mais j’ai davantage de temps à moi. Je suis toujours autant passionné par mes fonctions chez ASO, si j’en avais ras-le-bol, ça ferait longtemps que j’aurais arrêté. C’est comme si on envoyait un chien à la chasse avec un coup de bâton. Quand je ne fais pas de vélo et que je ne suis pas avec ASO, je m’occupe de mes affaires, je m’occupe de ma pelouse, je bricole. Je ne sais pas ce que c’est de m’ennuyer."

La santé.
"J’ai toujours la même énergie, le même punch. Il y a tellement de choses à faire dans la vie. Ça me lâchera peut-être d’un seul coup, on verra… La bonne santé, c’est génétique. Et puis j’ai une bonne hygiène de vie. Il y a une période où je vis bien et quand je rentre à la maison, je serre les vis. Sur le Tour de France, je prends trois ou quatre kilos et, un mois après, je les perds. Je vis bien pendant le Tour et, en rentrant, je mange de la salade. A la maison, je ne bois jamais d’alcool si je suis seul. Peut-être que je vais mourir dans dix minutes mais je n’ai pas envie de me présenter devant les gens en étant obèse. Je ne veux pas me laisser aller. On dit toujours que ce sont les excès qui tuent. Alors, je fais attention."

Le vélo.
"J’avais toujours dit que je reprendrais le vélo quand j’aurai 60 ans. Finalement, j’ai repris lorsque j’ai vendu la ferme en 2007. J’avais envie de m’entretenir physiquement, je ne voulais pas peser 140 kg. Évidemment, je ne vais pas aussi vite que lorsque j’étais compétiteur mais, depuis ma reprise, je n’ai pas perdu la forme. C’est toujours un plaisir d’aller rouler. Je roule deux ou trois fois par semaine, 80 bornes. Je ne fais pas de vélo parce que j’ai été coureur cycliste, je fais du vélo parce que j’aime ça."

Sa carrière.
"J’ai toujours fait ce que je voulais. Je n’ai jamais rien décidé sur un coup de tête. Tout a toujours été préparé. Quand j’ai décidé de venir disputer mon premier Tour de France, en 1978, c’était pour le gagner et c’était préparé."

Sa première victoire.
"J’ai signé ma licence au CO Briochin le mardi et j’ai gagné le dimanche suivant (le 2 mai 1971). En cadet, j'ai battu un coureur qui avait déjà dû gagner une douzaine de courses. Je l’ai battu devant sa maison, il ne savait pas ce qui lui arrivait. En partant de chez moi, j’avais dit à ma mère que j’allais lui ramener un bouquet. « Espèce d’innocent,  ça ne va pas dans ta tête », elle m’avait répondu… Et hop ! Bon, après, je ne me suis jamais dit que j’allais devenir le meilleur coureur du monde. Je n’ai pas eu de déclic. Ça s’est fait progressivement. Quand je suis arrivé chez les pros, j’étais équipier. Il se trouve que le leader de l’équipe n’était pas à la hauteur, alors j’ai pris des responsabilités. Quand on m’a dit qu’il y avait Merckx au départ, j’ai répondu «  et alors ? Il a deux bras et deux jambes et une tête comme moi ». Les anciens de l’équipe m’ont fait confiance et je suis devenu leur leader. Ensuite, Cyrille a repris les activités de l’équipe Gitane et je suis resté. Si ça n’avait pas été lui, je me serais cassé."

Sa fin de carrière.
"J’avais toujours dit que j’arrêterai le vélo à 32 ans. Je ne l’ai jamais regretté. J’aurais été plus heureux si j’avais continué ? Est-ce que ma vie serait plus belle ? J’aurais peut-être gagné un Tour de France ou deux de plus, et alors ? Ça aurait changé ma vie ? Je n’ai jamais couru pour des records, j’ai couru pour me faire plaisir. Si cela avait été l’inverse, je n’aurais pas fait de cadeau à LeMond en 1986 et à la sortie de Pau, j’ai course gagnée. J’avais cinq minutes d’avance, je ne vois pas où il serait allé les chercher. Merckx et Anquetil avaient souffert les deux dernières années de leur carrière, je ne voulais pas vivre ça. Je ne voulais pas faire la saison de trop. Et puis, j’avais préparé ma reconversion : j’ai raccroché le 9 novembre, on a fait une belle fête, pas un enterrement, et le 19 j’étais déjà chez ASO. Je suis rentré dans une autre vie sans difficulté."

LeMond.
"Il a dit qu’il était plus fort que moi en 1985, je ne le pense pas (rires…) Cette année-là, il avait demandé l’autorisation d’attaquer. Au final, il n’avait lâché personne, ni Roche, ni Delgado. Et le lendemain, il était en difficulté. Pour quelqu’un qui prétend être le plus fort… L’année suivante, je lui avais donné ma parole mais je n’allais quand même pas le laisser gagner comme ça. Tu rigoles ou quoi ? Il devait prouver qu’il le méritait. Mais je lui avais également promis que, même avec une seconde d’avance, il aurait gagné le Tour de France. Une parole, c’est une parole. On a de très bons rapports, on s’est revu sur le dernier Tour qu’il couvrait avec Eurosport."

Sa plus belle victoire.
"Elles sont toutes belles. Les gens me demandent toujours d’en ressortir une. Mais quand tu aimes la compétition, quand tu aimes gagner, tu ne peux pas choisir. Toutes mes victoires sont belles, celles obtenues sur le Tour de France, le Tour d’Italie, lors de Paris-Roubaix, sous la neige de Liège-Bastogne-Liège ou autour d’un clocher. J’ai pris le même bonheur à chaque fois. C’est le plaisir de la gagne. Sur le Tour, le bonheur était le même en 1978, en 1979, en 1981, en 1982 et en 1985. Et même en 1986, en étant deuxième car, cette année-là, c’était un jeu. Je m’amusais avec tout monde. Pourquoi aurais-je eu plus de plaisir à gagner le Tour 1978 que le Tour 1985 ? Il faut avoir été compétiteur pour sentir ça. Ressentir ce plaisir de la gagne, c’est incomparable…"

Sa pire défaite.
"Mon abandon lors du Tour de France 1980 reste le pire souvenir de ma carrière. Marcher comme un avion et devoir abandonner… Mais je souffrais trop du genou, je devais m’arrêter. Je n’avais pas le choix. Depuis la sortie des pavés, j’avais mal, je suis resté huit jours avec la douleur. Quand j’ai abandonné à Pau, fallait pas me chatouiller. C’est pour ça que je n’ai rien dit à la presse : c’est comme quelqu’un qui bosse à l’usine, s’il se fait couper un bras, personne ne va le plaindre. Je ne suis plus là, place aux autres. Trois ou quatre jours après, c’était fini.

Trois ans après, je n’ai pas pu éviter l’opération du genou. J’étais allé trop loin, j’avais gagné le Tour d’Espagne avec une tendinite. Je n’aurais pas dû. J’ai fait exploser la gaine en trois morceaux. Je n’ai pas fait le Tour, tout allait bien et, au premier Critérium à Callac, ça me faisait encore mal. J’ai dit à Mégret : « tu ouvres ou c’est moi qui ouvre pour voir ce qu’il y a là-dedans… »  J’ai eu peur pour la suite de ma carrière jusqu’au moment de l’opération, jusqu’au moment où l’on m’a dit que le tendon n’était pas touché. Huit jours après, je voulais remonter sur le vélo. Mégret me disait de ne pas faire le con. J’ai attendu trois semaines."

La Vie Claire.
"Ça s’est super bien passé avec Bernard Tapie. C’est un homme de défis. On était fait pour se rencontrer. Il m’a embauché comme technicien, pas comme coureur. Il venait de racheter la société Look qui fabriquait uniquement des fixations de ski et, le complément du ski, c’est le vélo… Il voulait la pédale automatique, trois mois après, je lui ai fait la pédale automatique. Quand j’ai signé avec lui, il y avait 50 % de chance que je retrouve mon niveau, 50 % de chance que je ne revienne pas au premier plan. Dans ma tête, j’étais sûr de revenir. Lors du Tour de France 1984, je suis tombé sur un os avec Fignon qui marchait bien. J’ai pourtant tout fait pour le battre. Je l’ai attaqué de près, de loin, de tous les côtés. Il était au-dessus. Cette année-là, il a eu des paroles d’un jeune con en disant qu’il avait rigolé lorsque je l’ai attaqué. L’année d’après, quand j’ai entendu qu’il était dans le dur, j’ai accéléré. Je n’ai pas eu besoin de le dire… La revanche est un plat qui se mange froid."

Son plus grand adversaire.
"C’est Joop (Zoetemelk). Contrairement à ce que beaucoup disent, ce n’était pas un suiveur. C’était un combattant. Il n’a jamais baissé les bras, seulement, il n’avait pas de chance. Il est tombé sur Merckx, il est tombé physiquement et il est tombé sur moi. Six fois deuxième du Tour de France quand même. En 1980, il gagne le Tour et il le mérite largement. C’est lui m’a donné le plus de fil à retordre sur le Tour de France. Après, en Italie, je tombais sur Moser, sur Sarroni ; en Belgique, je tombais sur De Vlaeminck, Goodefroot ; en Hollande, c’était d’autres… La compétition, c’était la compétition. Quand elle était terminée, on mangeait ensemble. L’esprit du sport, c’est ça : à 9 h, on commence la bagarre ; à 17 h, on termine, et à 19 h, on dîne ensemble. Je ne me suis jamais battu physiquement avec un coureur. On peut être copain avec son plus grand concurrent."

Directeur sportif.
"Les coureurs n’auraient pas voulu de moi comme directeur sportif (rires). Entre ceux qui m’auraient demandé de l’argent sans me donner des résultats, ça ne l’aurait pas fait. Je les aurais payés aux résultats, à la tâche. C’est logique, non ? C’est comment dans une entreprise ? Il y aurait eu un leader pour gagner et des équipiers pour faire le boulot. Le leader aurait été payé un certain prix et, le reste, il serait allé le chercher. J’aurais pu être directeur sportif : un an ou deux après la fin de ma carrière, un 15 août, un patron d’une très grosse boîte m’appelle et me propose un budget illimité, un chèque en blanc, pour bâtir la meilleure équipe du monde. Je n’ai pas hésité une seconde. Je lui ai répondu non. Je ne voulais pas trahir ASO. Je lui ai conseillé de s’adresser à Guimard mais l’équipe n’a jamais vu le jour. J’aurais pris Indurain comme leader… ou peut-être LeMond (rires)."

1985-2015.
"L’an prochain, ça fera trente ans que j’ai remporté ma dernière victoire sur le Tour de France. Ça fera aussi trente ans qu’un coureur français n’a pas gagné le Tour. C’est un peu inquiétant, non ? Déjà avant, les Français ne gagnaient pas grand-chose. Je n’ai pourtant pas l’impression d’être un surhomme. Je ne suis pas surhumain. J’espère qu’avant de mourir, je verrai un coureur remporter le Tour. On a des champions du monde juniors, des champions du monde espoirs, des vainqueurs du Tour de l’Avenir mais dès qu’ils arrivent au haut niveau, ils disparaissent de la circulation. Ils sont performants jusque leurs 22 ans et, après, plus rien. Il y a quelque chose qui cloche, non ? Personnellement, je n’en connais pas la raison. Est ce qu’on les gâte trop quand ils arrivent chez les professionnels en leur demandant de prendre leur temps ?"

Deux Français sur le podium du Tour 2014.
"Ça fait plaisir mais il faut tenir compte du contexte : deux des grands favoris ont quand même chuté. Je sais, cela fait partie de la course, c’est le vélo, mais il ne faut pas se dire que ça y est, on a un coureur français capable de gagner le Tour de France. Il faut se rendre à l’évidence : actuellement, aucun Français n’a les moyens de gagner le Tour. Vous pouvez en citer un, vous ? Désolé, moi, je n’en vois pas. Aucun d’entre-eux n’est performant en contre-la-montre. Aucun n’est capable de dominer les Nibali, Contador, Froome, Quintana en montagne. Tant que ceux-là seront là, ils ne pourront rien faire… Ils termineront 4e, 5e… On n’a pas de coureur complet… D’accord, il y a du mieux. Certains ont peut-être compris qu’il fallait se mettre au boulot pour avoir des résultats. Avant cela, c’était un peu trop facile de raconter que les autres étaient tous dopés pour expliquer leur absence de résultats. Ils n’avaient pas faim… Je me souviens d’un coureur à qui j’ai cassé les « joyeuses » en lui disant qu’il ne s’entraînait pas, le jour où il est venu sur le podium, il m’a dit « l’entraînement, ça paye » ! Certains Français ont été trop gâtés. Pour gagner, il faut s’entraîner. Ah, c’est sûr, il y a des petits génies de l’entraînement qui leur disent « il faut faire ceci, il faut faire cela » Mais de temps en temps, il serait peut-être bon qu’ils fassent comme les anciens et qu’ils s’entraînent. Attention, quand je vois un coureur français gagner, ça me fait plaisir. Quand Rolland l’emporte à l’Alpe-d’Huez, t’as presque la larme à l’œil… Ils sont peut-être un peu décomplexés, ils ont peut-être bossé un peu plus. Il faut en faire davantage. Il faut avoir faim. Le cyclisme a évolué : rien ne dit qu’un Chinois ne gagnera pas le Tour dans les années à venir. Qui aurait dit que Wiggins et Evans allaient gagner le Tour ?"

Warren Barguil.
"Il n’y a en pas eu de meilleur depuis que j’ai arrêté. On n’en a pas eu beaucoup non plus. Quand il a gagné le Tour de l’Avenir, je reconnais qu’il m’avait épaté. A le voir courir après tous les maillots, je pensais qu’il allait se faire ramasser. Je me disais «  mon bonhomme, tu vas te faire contrer ». Finalement, il les avait tous gagnés. Il me plaît, il a du tempérament. C’est un tignousse. Maintenant, il lui manque le contre-la-montre… Pour gagner le Tour, il faut à la fois répondre présent sur un chrono de 50 bornes et jouer avec les meilleurs en montagne. Il s’est classé 8e du dernier Tour d’Espagne mais il doit continuer. Il me fait plaisir. Comme les autres coureurs de sa génération, il ne passe pas son temps à pleurer."

Les jeunes Français.
"Ils ne me demandent pas souvent conseil. Peut-être qu’ils n’osent pas… Ils ont peur. Je n’ai pourtant jamais bouffé personne. Ça ne me dérange pas, ça les regarde. Ce n’est pas à moi d’aller vers eux en leur disant de faire ceci ou cela. Ils ont des entraîneurs compétents. Je suis pourtant ouvert. Je peux leur donner mon point de vue. Avec Bardet et Barguil, je discute un peu."

Les jeunes Bretons.
"Plusieurs d’entre-eux ont été sacrés champions du monde chez les juniors, ils ont donc les moyens de réussir au-dessus. Ce n’est pas un handicap d’avoir été champions du monde chez les juniors. Si t’es bien équilibré, il n’y a pas de raison. On a de bons jeunes, le petit Bonnamour, le petit Gesbert, le petit Madouas, le petit Lino, le petit Gaudu… Qui va sortir du lot ? A eux de confirmer. A eux de s’affirmer. Il faut avoir un vrai projet de carrière."

Lance Armstrong.
"Lui, il n’existe plus ! On fait une croix dessus (il fait le geste avec sa main). Au revoir Monsieur ! Dégage, fous-moi le camp ! Il ne faut plus en parler. C’est une connerie. Si je le croise, je ne le regarderai même pas. Je ne le connais plus. Il ne fait plus partie de mon monde. Ça été une véritable magouille avec les gens de l’Union Cycliste Internationale. Tu ne peux pas passer sept ans au travers des mailles du filet si tu n’es pas protégé. Avant qu’il se fasse prendre, je ne pouvais pas avoir de doute : il passait les contrôles et il n’y avait rien. Je me souviens qu’il est passé 40 fois en 90 jours. Il a fait beaucoup de mal au vélo. Bon, et puis faut arrêter de s’acharner avec le dopage dans le vélo. Faut aller voir dans tous les sports. Le cyclisme est peut-être plus sain que les autres sports. Le vélo n’est pas plus pourri. Si on effectuait exactement les mêmes contrôles dans tous les sports, on s’amuserait cinq minutes. Si les journalistes faisaient de vraies enquêtes, ils en trouveraient des choses, je vous le garantis."

Le cyclisme actuel.
"Il n’y a plus de fins tacticiens. Tout le monde attend le pied de la montagne et hop, on fait la course. Alors qu’il y a des coups pendables à faire. Tout le monde a peur du vent. Le vent, c’est ton ami ou ton ennemi. Avec le vent, tu prends du plaisir, tu te dis « celui-là, il va sauter, celui-ci, il va dégager… » Je crois que j’aurais bien rigolé si j’avais été coureur en 2014. J’aime bien le vent, moi… J’aurais cassé les habitudes de certains. Et sans oreillettes. Je m’amuserais bien. Quand tu es dans la course, ça ne se passe pas toujours comme cela a été décidé le matin lors du briefing, il faut s’adapter. Si tu sens qu’un adversaire se traîne, tu n’attends pas d’avoir la permission de ton directeur sportif, tu l’attaques ! Et s’il est pris dans les bordures, il l’a dans le baba, le soir il est à la maison. Un directeur sportif ne doit jamais dire à son coureur de rester dans les roues. S’il sent qu’il a les tripes, qu’il y aille ! Je ne comprends pas ce raisonnement."

Les champions actuels.
"J’aime beaucoup Contador, Quintana, Nibali et même Froome qui est super sympa. Ils sont tous différents. Nibali, si vous regardez bien, il n’a pas écrasé le dernier Tour de France. Il a juste pris de l’avance quand il le fallait avec une certaine facilité. Dommage que Contador n’était plus là, ça aurait fait une belle bagarre. Nibali, Contador, Froome et Quintana seront les favoris du Tour 2015. Attention aussi au jeune Italien, le petit Aru. Il est dans la même équipe que Nibali, ils auront deux cartes chez Astana."

Une légende ?
"Non, je suis un être humain comme tout le monde. J’ai juste utilisé les capacités que m’a données la nature. J’avais une parfaite connaissance de mon corps, je savais jusqu’où je pouvais l’emmener. Le sport a toujours été un jeu. Si tu joues, tu t’amuses et si tu t’amuses, tu gagnes. Mais je ne suis pas un Dieu, je vis comme tout le monde. Je suis toujours sollicité sur les courses mais cela fait partie de ma vie. Je ne vais pas mettre une moustache et une perruque sur la tête pour passer incognito. Je n’ai pas à me cacher. Ça ne me déplaît pas d’être reconnu. Attention, faut pas venir m’emmerder. Si tu me casses les pieds, je vais te rentrer dedans direct. Je ne vais pas changer ma manière de faire parce que j’ai 60 ans."

Ses fils.
"J’aurais aimé que mes fils fassent de la compétition. Je pense que je m’en serais même pas occupé, j’aurais laissé un éducateur faire. Parce que c’est dur d’être le fils de Bernard Hinault. Quel que soit le sport. Quand ils faisaient du foot, du tennis, du motocross, on leur disait qu’ils n’étaient pas aussi bons que leur père. Du coup, je ne les ai jamais poussés à faire du sport. En 2007, ça m’a fait plaisir de les voir me piquer deux vélos. Ils m’ont dit « papa, on irait bien rouler avec toi » Allez… Finalement, un se retrouve marchand de cycles et l’autre a une société de communication."

Sa vie.
"Je suis un homme heureux. J’ai tout ce que je veux. Ma famille se porte bien, je n’ai pas souci de pognon, je mange à ma faim, j’ai un lit, quelques bonnes bouteilles, la vie est belle. Je la souhaite à tout le monde. Si demain, on me propose de recommencer, je signe."

L’avenir.
"J’espère conserver la santé, c’est la chose la plus importante. Celle de mes proches et la mienne."

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