Cédric Delaplace : « 2015 sera l’année ou jamais »

Champion de France amateur en 2013, Cédric Delaplace espérait pouvoir passer professionnel l’année suivante. Mais c’était sans compter sur l’arrêt de la formation Sojasun. Le Normand s’était alors rabattu sur 2014 pour confirmer tout son potentiel mais aucune formation professionnelle ne lui a proposé de contrat. Désormais, le coureur de 22 ans s’apprête à tout miser sur 2015. "Passer pro était l’objectif cette année. Je n’avais que ça en tête. Rien n’est perdu, mais 2015 sera l’année ou jamais", explique pour DirectVelo.com celui qui quitte la Sojasun espoir-ACNC pour rejoindre le BIC 2000. "Nous nous sommes mis d’accord avec les dirigeants, ce sera un projet sur un an, et pas plus", insiste-t-il.

DirectVelo.com : Comment analyses-tu ta saison 2014 ?
Cédric Delaplace : Globalement, c’est une saison correcte. Seulement, j’avais beaucoup d’ambitions en début de saison. J’avais mis la barre assez haute, avec de gros objectifs. Je n’ai pas eu de superbes résultats en début d’année, mais je n’ai jamais été un coureur du début de saison. Durant l’été, j’ai réussi à faire de bons résultats, à décrocher quelques victoires (trois épreuves Toutes Catégories et une Elite Nationale : le GP de la Mine à Poullaouën, NDLR). Mais je n’ai pas pu m’imposer sur plusieurs Elites Nationales comme j’aurais aimé le faire. J’ai répondu présent régulièrement, j’ai pris beaucoup d’échappées, mais je n’ai pas été souvent récompensé. Je n’ai pas eu la même réussite que l’an passé. Malgré tout, je note que j’ai progressé physiquement, même si cela ne s’est pas forcément vu dans les résultats. Le problème, c’est que pour passer pro, ce n’était pas suffisant. Il me fallait de meilleurs résultats. Il me manque une ou deux grosses victoires. Gagner sur des Toutes Catégories, c’est bien, mais bon… remporter une manche de la Coupe de France DN1, Manche-Atlantique ou une étape du Tour de Normandie, ça aurait quand même été autre chose.

« JE NE VAIS PAS INSISTER JUSQU’A 25 OU 26 ANS, MEME SI J’ADORE MON SPORT... »

Passer professionnel était donc le fil rouge de ta saison ?
Oui, c’était l’objectif. Je n’avais même que ça en tête. D’ailleurs, je me suis mis beaucoup de pression. L’hiver dernier déjà, j’espérais pouvoir passer professionnel avec Sojasun. Malheureusement, l’équipe avait arrêté. J’étais reparti sur la saison 2014 en me disant que ce n’était pas grave, que j’allais avoir une autre opportunité. Et finalement, ce n’est pas encore pour cette fois-ci ! Cela dit, je ne désespère pas. En fait, je me donne encore une année pour réussir, la dernière. 2015 sera l’année ou jamais pour moi. Après, ce sera fini. Je ne vais pas insister jusqu’à 25 ou 26 ans, même si j’adore mon sport. J’ai des projets de vie. Je ne vais pas pouvoir continuer en amateur pendant des années. Nous nous sommes mis d’accord avec les dirigeants brestois, ce sera un projet sur un an, et pas plus.

Pourquoi as-tu décidé de partir du côté du BIC 2000 ?
Tout d’abord, c’est la réserve de la formation Continentale professionnelle Bretagne-Séché Environnement. Il faut bien avouer que c’est intéressant. Ensuite, c’est un club breton dont le programme de course sera sensiblement le même que celui que j’ai connu durant plusieurs années avec Sojasun espoir. Je connais la plupart des coureurs qui composeront l’effectif 2015. Après, ça reste quand même un changement, après quatre années passées dans la même équipe. Je n’aime pas trop le changement en général, surtout quand tout se passe bien. Mais là, il fallait que je change quelque chose. Et puis, les dirigeants du BIC 2000 ont été très convaincants. Cela me motive beaucoup. De toute façon, j’avais vraiment besoin de cette motivation. Si je n’avais pas retrouvé un vrai projet comme celui du BIC 2000, j’aurais peut-être arrêté dès cet hiver.

« DEPUIS QUE JE N’AI PLUS LE MAILLOT, JE COURS DE MANIERE PLUS LIBEREE »

Tu étais vraiment prêt à arrêter à la fin de la saison ?
Oui car j’avais vraiment pris un gros coup au moral lorsque j’ai compris que je n’allais pas passer pro. J’ai eu des contacts qui ont bien failli aboutir, mais finalement, ça ne s’est pas fait. Jusqu’à Paris-Tours, j’y croyais. Je me suis dit qu’à quelques résultats près, ça aurait pu le faire. J’étais très déçu. Mais maintenant, je repars très motivé pour 2015. Et puis, je me dis que tout est possible. Même si je ne suis plus Espoirs, rien n’est perdu. Il n’y a qu’à voir un gars comme Clément Penven qui passera pro en 2015. C’est encourageant.

Le maillot tricolore ne t’avait-il pas mis beaucoup - trop - de pression en cette première moitié d’année 2014 ?
Sans doute que si, c’est vrai. Je sais qu’on attendait beaucoup de moi. Même les managers d’équipes professionnelles ont dû se dire après mon titre sur le Championnat de France 2013 que j’allais faire une saison 2014 du tonnerre, que j’allais gagner des grosses courses. Moi-même, c’est ce que j’espérais l’hiver dernier. Je m’imaginais franchir un gros cap et marcher fort dès le début de saison. J’avais réussi à gagner la course de l’année, seulement derrière, il fallait confirmer. J’ai sans doute mal géré la pression, mais c’est comme ça. Depuis que je n’ai plus ce maillot, je cours de manière plus libérée. Mais il n’y avait pas que le maillot. La pression, je me la suis surtout mise pour passer pro. Sauf que j’ai voulu trop bien faire. Avec le recul, je me dis notamment que j’ai sans doute eu un programme trop chargé. J’ai voulu trop courir, aussi pour ne pas avoir le temps de cogiter à la maison. Mais finalement, j’avais fini par le payer.

Quelle sera la recette miracle en 2015 pour passer professionnel l’année suivante ?
Il faudra un ensemble de choses. D’abord, être capable de bien s’intégrer au collectif de ma nouvelle équipe. Ensuite, il faudra que je sois régulier tout au long de la saison. Lorsque l’on veut passer pro, on ne peut pas se permettre de faire un coup de force de temps en temps, puis de disparaître de la circulation pendant plusieurs semaines. Idéalement, marquer le coup sur une ou deux belles courses serait pas mal non plus. Je pense notamment au Tour de Bretagne. Ce sera sans doute mon premier gros objectif de la saison. Et puis au mois de mai, ce ne sera pas trop tôt dans la saison, donc parfait pour moi. J’espère que je serai aussi capable de répondre présent sur toutes les belles épreuves estivales en Bretagne. Enfin, briller sur les manches de Coupe de France DN1 ne serait pas une mauvaise idée, d’autant que beaucoup de manches seront plus difficiles en 2015. Plus généralement, j’ai simplement envie de travailler très dur, afin de ne pas avoir de regrets, quoi qu’il arrive à la fin de l’année prochaine. Si par bonheur je pouvais passer professionnel l’an prochain, alors ça voudra dire que ça valait le coup d’attendre.

Crédit photo : www.velofotopro.com
 

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