Brendan Canty : « L’Utah, une expérience irréelle »

Le parcours de Brendan Canty (Search2Retain) est à peine croyable, tant tout est allé vite pour le jeune australien. Il y a quelques jours, le coureur de 22 ans était en effet présent sur les routes du Tour de l’Utah, puisque stagiaire dans la formation australienne Drapac. Et pourtant, en septembre dernier, il n’avait pas encore disputé la moindre course officielle de sa carrière. "Irréel, fou, surréaliste…" : Brendan Canty ne manque pas de superlatifs pour raconter son drôle de parcours à DirectVelo.com.

DirectVelo.com : Tu viens de participer à ta première grande course aux côtés des professionnels. Comment ça s’est passé pour toi ?
Brendan Canty : Le Tour de l’Utah, c’était bien plus grand et bien plus dur que tout ce que j’avais pu connaitre jusqu’à présent sur un vélo. En même temps, ce n’est pas pour le peu de courses que j’ai disputées par le passé… (Rires). Vu que je n’ai pratiquement jamais couru, cela pourrait sembler presque ridicule de préciser que c’était la plus belle de mes courses, mais quand même ! Et puis en course, je n’ai pas été si mauvais. J’ai pu m’accrocher tous les jours dans le peloton. Je n’ai jamais été à la rue (50e du classement général final, NDLR).

« JE N’AI PAS EU LE TEMPS DE REALISER »

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué sur cette épreuve ?

Il n’y a pas une chose qui ressort en particulier, c’est vraiment un tout puisque j’ai découvert énormément de choses sur cette course. Je ne connaissais rien du monde professionnel. La bonne surprise, c’est que j’ai vu que je pouvais enchainer 160 kilomètres de course et plus tous les jours pendant une semaine. Plus généralement, je crois que je n’ai même pas eu le temps de réaliser que j’étais sur le Tour de l’Utah avec des équipes WorldTour ! Cette expérience était vraiment irréelle pour moi. En 2011, j’étais chez moi en Australie, à regarder Cadel Evans remporter le Tour de France. Et trois ans plus tard, je me suis retrouvé à l’affronter sur une course professionnelle. C’est surréaliste, vraiment. Quand je vois ce que des mecs comme Chris Horner, Jens Voigt ou Tom Danielson ont pu faire ces dernières années… me dire que j’étais là avec eux, alors que j’ai commencé le cyclisme en compétition il y a moins d’un an, c’est juste fou !

Revenons donc à tes débuts. Pourquoi as-tu commencé le cyclisme en compétition si tard, fin 2013 ?
En fait, j’ai toujours fait du sport depuis que je suis tout petit comme du football ou du basketball (il a également longtemps pratiqué la course à pied en compétition et le triathlon, mais il n’excellait pas en natation). Puis j’ai décidé de me consacrer au cyclisme, un sport qui m’a vite intéressé. J’ai décidé de faire de la compétition en octobre dernier, à 21 ans. J’ai rapidement fait de bons résultats sur des courses en Australie (ce que l’on appelle les National Road Series, NDLR). La course la plus importante pour moi a certainement été le Tour de Toowoomba dans le Queensland (il a pris la 3e place d’une étape et la 4e place du général - remporté par un certain Jack Haig, récent 2e du Tour Alsace, NDLR). J’ai été capable de m’accrocher aux meilleurs sur une arrivée difficile. C’est sans doute là que l’équipe Drapac m’a repéré (il courrait alors pour une équipe locale, Search2Retain). Ils ont dû voir un bon potentiel en moi. Et ils ont donc voulu me donner une opportunité de me montrer sur de plus grandes épreuves. Maintenant, pour être honnête, je ne m’attendais pas du tout à avoir une opportunité si vite avec Drapac. J’ai été extrêmement chanceux sur ce point. Et puis, je n’offrais pas forcément de grosses garanties. Avant que Drapac ne me donne ma chance, j’avais environ 25 jours de course au compteur. Rien de plus.

« L'IDEAL, CE SERAIT DE REJOINDRE LA DRAPAC EN 2015 »

Les meilleurs coureurs australiens de ton âge sont actuellement en Europe, à disputer les plus grandes courses du calendrier Espoirs en France ou en Italie. Mais toi, tu te retrouves au milieu des pros dans l’Utah sans avoir jamais porté le maillot de l’équipe australienne par exemple…

Oui, c’est très spécial. J’ai commencé très tard, donc je n’ai logiquement jamais eu l’opportunité de courir pour l’équipe nationale Espoirs. Je n’aurais jamais pu disputer des courses comme le Tour de l’Avenir. C’est sûr que des gars comme Jack Haig peuvent se frotter aux meilleurs U23 tout au long de la saison. Cela n’a jamais été mon cas. Disons que c’est un parcours différent. Ma seule référence à ce niveau, ce sont les Championnats d’Australie sur route de janvier dernier. Et il faudra attendre les Championnats de l’an prochain pour retrouver ce niveau puisque désormais, je vais rester en Australie jusqu’à la fin de saison (il avait directement pris l’avion pour Melbourne après le Tour de l’Utah, NDLR). A l’exception du Tour du Colorado, les dernières courses de la Drapac cette saison n’auraient sans doute pas pu me convenir. Je pense notamment aux Tour de Chine I et II qui sont des épreuves relativement plates. Donc je vais simplement disputer des courses en Australie, de retour avec mon équipe Search2Retain. Il y aura entre autres le Tour de Tasmanie dans un mois, qui sera un rendez-vous important. Ensuite, il faudra attendre 2015 pour voir si je peux changer de calendrier.

Qu’espères-tu pour l’an prochain ?
L’idéal, ce serait de pouvoir rejoindre l’équipe Drapac. Cela dépendra forcément de ce que j’ai montré sur le Tour de l’Utah, en espérant avoir pu leur apporter satisfaction. En tout cas c’est l’option que je privilégie pour l’an prochain, c’est certain. Sinon, j’aimerais bien rejoindre une grande équipe formatrice australienne, comme Avanti (on retrouve notamment Anthony Giacoppo, Jack Haig ou encore Campbell Flakemore dans cette formation en 2014, NDLR). Mais encore une fois, tout a été si vite en moins d’un an…. Je ne sais même pas vraiment si je peux imaginer passer professionnel un jour ! Je n’ai jamais vraiment eu le temps de penser à ce genre de choses. Tout ce que je peux dire, c’est que ce stage avec Drapac m’a donné l’envie de me consacrer encore plus sérieusement au cyclisme. Et puis, je viens de terminer mes études à l’Université. Donc je vais vraiment pouvoir me focaliser à 100% sur le cyclisme désormais.

Crédit Photo : DR
 

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