Giuseppe, vous avez vécu coup sur coup la 3ème place de Fabio Aru au Giro et la victoire de Vincenzo Nibali au Tour. Laquelle de ces deux performances vous a le plus surpris ?
Fabio Aru, c’est sûr, est l’espoir du cyclisme italien. Nous avons l’espoir en tout cas que le futur soit le sien. Sa 3ème place dans le Giro a ouvert beaucoup, beaucoup d’espérances pour le cyclisme transalpin. La victoire de Vincenzo Nibali dans le Tour de France est quant à elle incroyable pour notre cyclisme. Et pas seulement italien.

Qu’est-ce que Vincenzo Nibali a de plus que les meilleurs coureurs que vous avez coachés par le passé ?
Je pense qu’il a la tête. Il a travaillé beaucoup pour arriver au Tour de France dans les meilleures conditions possibles. Il a bien travaillé. Après une année avec Alexandre Vinokourov, il avait désigné le Tour de France comme la plus importante course du monde à gagner. Et il y est arrivé juste à temps.

Il semblait encore juste au Critérium du Dauphiné. Comment a-t-il planifié les semaines qui ont séparé la fin du Dauphiné du début du Tour ?
Il a travaillé avec son entraîneur personnel Paolo Slongo dès la fin du Dauphiné. Il sentait qu’il lui en fallait encore un peu plus pour arriver à la condition optimale. Il a fait du bon boulot. Sa victoire au Championnat d’Italie lui a donné le bon coup de pédale et l’a débloqué dans la tête pour arriver au Tour dans les meilleures conditions. Il a fait une grande performance.

A-t-il douté de son niveau à un moment donné avant le Tour ?
Comme je le disais, Vincenzo a la tête. Et il possède un moteur incroyable. Il a très bien travaillé. Il sentait que dans le final des courses il manquait encore un peu de forme pour arriver en condition optimale sur le Tour. Il savait au départ du Tour qu’il lui restait encore quinze jours pour la trouver, la course pouvant se jouer en dernière semaine. En définitive, il avait encore un mois pour obtenir son meilleur niveau après le Dauphiné.

Sur quels domaines peut-il encore progresser ?
Je pense qu’il a déjà progressé toute l’année. L’année prochaine, j’espère qu’il doublera Giro et Tour. Ce sera difficile, nous n’avons pas encore planifié quoi que ce soit avec lui, mais je sais qu’il a ce projet en tête. C’est l’équipe, avec Alexandre Vinokourov, qui en prendra la décision.

Pensez-vous qu’il soit encore possible, de nos jours, qu’un champion enchaîne victorieusement Giro et Tour de France ?
C’est difficile. Tout le monde s’accorde là-dessus. Mais Vincenzo Nibali n’a rien à prouver à personne. Actuellement il pense au doublé Giro-Tour, mais je le répète c’est le manager de l’équipe qui déterminera la stratégie du groupe l’an prochain.

Dans ce cas, où courrait Fabio Aru ?
Je pense que Fabio Aru a encore besoin de travailler aux côtés de Vincenzo Nibali un ou deux ans. C’est un bon coureur, c’est sûr. Il va d’ailleurs faire la Vuelta cette année pour savoir ce que c’est réellement. Il sera le leader de notre équipe. Ce n’est qu’après un ou deux ans d’apprentissage supplémentaire qu’il pourra envisager gagner un Grand Tour.