Soline Lamboley : « Séoul, mon plus gros rendez-vous »

A 17 ans, Soline Lamboley (AC Bisontine) collectionne déjà les médailles sur route comme sur piste. Championne de France sur route lorsqu'elle était encore Cadette, et désormais référence du cyclisme féminin dans la catégorie Juniors, elle n’a cependant pas pu décrocher le moindre titre à l’occasion des Championnats d’Europe sur piste d’Anadia (Portugal), ni même lors des Championnats de France d’Hyères, une semaine plus tôt. Qu’importe, la Franc-comtoise a tout de même récolté quatre médailles, et surtout, elle arrive au top de sa forme pour le Mondial sur piste de Séoul, sa priorité absolue. Avant de s’envoler pour la Corée du Sud dimanche prochain, la vice-Championne du Monde Juniors de l’Omnium (Glasgow, 2013) s’est confiée à DirectVelo.com.

DirectVelo : Tu reviens du Portugal avec deux médailles de bronze. N’espérais-tu pas plus de ces Championnats d’Europe sur piste ?
Soline Lamboley : Je suis contente de notre Poursuite par équipes (avec Marion Borras, Margot Dutour et Alphanie Midelet, NDLR). Je savais que nous avions les capacités pour aller chercher une médaille, et on l’a fait ! En plus, on s’est payé le luxe de rattraper les Russes dans notre finale. Cela a prouvé que nous étions vraiment surmotivées. Il y a une bonne ambiance entre nous, on s’entend très bien, et c’est donc sympa que l’on puisse ramener une médaille chacune. Maintenant, d’un point de vue personnel, c’est vrai que je suis plus mitigée sur l’ensemble de ces Championnats. Disons que je suis moyennement satisfaite de ma performance sur l’Omnium (3e) notamment. Je me sais capable de bien mieux. Cela m’embête de devoir me contenter du bronze.

Où s’est joué l’Omnium selon toi ?
Oh, un peu partout (rires). En fait, c’est surtout que le niveau était très relevé. Lors de la Poursuite individuelle par exemple, j’ai terminé à la même place que l’an dernier (elle était alors Juniors 1), alors que j’ai amélioré mon temps de cinq secondes, ce qui est énorme ! Mais les meilleures ont fait des temps de 2’32’’ ou 2’33’’. Du coup, cela m’a placé loin de la tête. Après ma victoire sur la course à Elimination, j’envisageais toujours la possibilité de décrocher l’or, mais je n’ai pas été au top sur les épreuves du Tour lancé et du 500m. J’ai perdu pas mal de points sur ces courses-là, sans oublier que je n’ai pas eu de réussite lors de la Course aux Points… cela faisait un peu beaucoup pour l’emporter. Pour rester positive, et au-delà des résultats bruts, je préfère retenir que j’ai amélioré mes performances par rapport à 2013.

« JE VOULAIS AU MOINS UN TITRE »

Tu avais déjà dû te contenter de l’argent (500m) et du bronze (Poursuite Individuelle) lors des Championnats de France la semaine précédente…
Oui et c’était clairement une déception. Je rentre avec deux médailles, certes, mais je voulais au moins un titre. Cela dit, encore une fois je préfère relativiser. Sur le 500m, j’ai été battue de justesse par une vraie spécialiste de la discipline, qui ne fait presque que ça (Marie Dufour, NLDR). Idem pour la Poursuite Individuelle où je suis tombée sur deux filles très fortes (Marion Borras et Alphanie Midelet, NDLR). Quant à la Course aux Points (7e), je l’ai simplement mal gérée. Des filles ont pris un tour d’avance, c’était rapidement plié.

Et que dire du Championnat d’Europe sur route à Nyon (Suisse), où tu semblais être l'une des plus fortes ?
Oui, mais je n’ai pas su prendre les bonnes décisions. Avec le recul, je me dis que j’aurais peut-être dû me faire plus confiance, me fier à mon instinct et moins réfléchir. J’ai simplement raté le bon coup au moment où j’avais décidé de souffler cinq petites minutes au milieu du paquet. C’est vraiment dommage car je me sentais très forte et capable de gagner. Pour preuve, je m’étais retrouvée dans une échappée avec la future lauréate (l’Italienne Sofia Bertizzolo, NDLR) durant la course, et elle n’arrivait pas à collaborer, tant les relais étaient appuyés. Au final, j’ai dû encore me contenter d’une place d’honneur, c’est le jeu (6e en réglant le sprint du peloton, NDLR). Mais c’est triste de ne pas faire mieux que ça quand on sait que l’on a les jambes. Enfin, ce qui est fait est fait, je ne vais pas rester là-dessus pendant trois mois (rires).

« LE PARCOURS DU MONDIAL SUR ROUTE DEVRAIT ME CONVENIR »

Tu enchaines les Championnats actuellement, sur piste comme sur route. N’est-ce pas délicat à gérer ?
Pas du tout, car tout est prévu depuis le début de saison. Je pense à cet été et en particulier au Mondial sur piste depuis le tout début de saison. Je n’ai pas énormément couru entre janvier et avril. C’était voulu. A l’entrainement également, je ne me suis pas toujours mise minable. J’ai voulu garder du jus pour cette période de Championnats. J’ai tout fait pour avoir mon pic de forme début août, au moment du Championnat du Monde de Séoul. C’est d’ailleurs pour ça que je ne suis pas extrêmement déçue de ne pas avoir pu décrocher l’or à Hyères ou à Anadia. Je n’avais pas pu spécialement préparer ces évènements-là, car j’étais focalisée sur la route les semaines précédentes. Ce n’était que des Championnats « de préparation » pour le Mondial, qui est mon plus gros rendez-vous de la saison -avec le Mondial route, si j'y participe-. Je ne sais pas trop quoi espérer de ce Mondial sur piste. Il y aura des filles que je ne connais pas du tout, notamment du côté des concurrentes asiatiques. Je n’aurai donc pas autant de repères que d’ordinaire.

Dans ce contexte, tu ne penses donc pas du tout au Championnat de France sur route de Saint-Omer, fin août ?
Disons que j’aurai sans doute beaucoup de mal à me reconcentrer sur le Championnat de France après le Mondial. Il n’y aura qu’une semaine et demie entre les deux évènements. Et il faudra déjà que je me remette du décalage horaire. Et puis, j’ai bien conscience qu'il faudra faire face à des adversaires qui auront pu préparer ce Championnat depuis plusieurs semaines, contrairement à moi. Ce sera assez dur d’enchainer, mais je vais faire au mieux, évidemment. En plus, il n'y a pas de secrets: la sélection pour le Championnat du Monde sur route va se jouer là-bas, à Saint-Omer. Alors je vais être obligée de me montrer. J’adorerais aller au Mondial espagnol. En plus, je sais que le parcours devrait me convenir. J’ai vraiment progressé dans les bosses cette année, et on dit que ce Mondial sera très pentu. Etant donné que j’aurai aussi plus de fraicheur que d’autres filles, je pourrais vraiment faire un très bon résultat au Mondial sur route si l’on me fait confiance. Si jamais je n'écrase pas tout au Championnat de France, j'espère que Julien (Guiborel, le sélectionneur de l'Equipe de France Juniors Dames) sera compréhensif. Il sait que j'aurai disputé trois Championnats importants sur piste juste avant. Enfin, pas d'excuses. Je veux faire au mieux sur tous les Championnats ! 

Crédit Photo : DR
 

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Soline LAMBOLEY