Greg Lemond : «Les Pyrénées plus dures»

  • Greg Lemond savoure les Pyrénées ainsi que les ultimes mètres de l'arrivée à Hautacam avant l'arrivée de la jeune génération.
    Greg Lemond savoure les Pyrénées ainsi que les ultimes mètres de l'arrivée à Hautacam avant l'arrivée de la jeune génération. Photo Laurent Dard
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Recueilli par Francis Abadie

La route du tour est un riche terrain de rencontres. L'anonyme y côtoie le plus connu. On y cultive un monde de souvenirs. Avec une cinquantaine de tours au compteur Alain Gasperini est une véritable encyclopédie de la grande boucle. Ce viticulteur toujours fidèle à son club de cœur le VC Hyères, a côtoyé les plus illustres cyclistes. « Je vois régulièrement Lucien Aimar et Richard Virenque. Je suis rentré dans le peloton des passionnés quand Louison Bobet dominait dans l'Izoard. Je reviens chaque année sur le Tour». Plus inattendu, une photo en première page du magazine cyclisme qu'il a offerte à Greg Lemond, souvenir de l'arrivée triomphale de l'américain aux champs Elysées en 1989. «J'étais un peu un clandestin. Je voulais être le premier à lui dire qu'il avait gagné. J'ai battu ce jour-là Jean-Paul Olivier au sprint et tous les cameramen». Il sourit Greg à cette évocation à la vue de la casquette d'époque et se livre en suivant avec beaucoup de disponibilité.

Nous sommes dans le Hautacam. Que vous rappelle-t-il ?

Je ne l'ai jamais monté (rires). Mais dans les Pyrénées, il y a le Tourmalet et Luz-Ardiden qui vont bien ensemble. Le Tourmalet est toujours bien dans ma mémoire. En 1989 bien sûr mais aussi en 1990 lorsque je suivais Roche, dans le brouillard et je ne savais pas où était Bernard Hinault. Avec l'équipe Z on a placé des coureurs à l'avant. J'ai repris ce jour-là 5 minutes sur Capucci après avoir craqué à La Mongie. L'année d'après j'ai été lâché par Indurain. Là ce n'est pas un bon souvenir. Voilà pourquoi le Tourmalet m'a beaucoup marqué.

Y a-t-il pour vous une différence entre les Alpes et les Pyrénées ?

Cela dépend de la course. Les Alpes sont symbolisées par la montée de l'Alpe d'Huez. Des étapes sont parfois plus dures chez vous. Cela se ressent quand tu as 1.000 mètres de différence dans le dénivelé. Les Pyrénées sont pour moi un peu plus difficiles. Mais vous oubliez le Puy de Dôme qui est à part.

Votre plus belle victoire ?

Le Tour de France 1989. En plus de la victoire, c'est mon retour après 3 années où j'ai cru mourir, ou j'étais toujours derrière. J'ai pensé arrêter le vélo dans le Giro. Ma femme Kathy qui m'a encouragé à continuer. C'est pour moi une leçon. Il ne faut jamais abandonner trop tôt sinon tu vas regretter. Et là il n'y a pas de regrets.

Lorsque vous revenez dans les Pyrénées, y a-t-il des souvenirs qui réapparaissent ?

Le meilleur souvenir pour moi c'est d'être en France au mois de juillet. Quand je vois les films Français tournés en été, c'est pour moi à chaque fois une bouffée de chaleur, synonyme de cigales, de blés mûrs, des tournesols, d'odeurs. En ce qui concerne le vélo, j'ai ici beaucoup de souvenirs. Lorsque j'ai arrêté ma carrière, il y a eu un long moment de douleur. J'ai mis longtemps à admettre que c'était terminé au terme de 14 ans de professionnalisme.

Vous suivez régulièrement le Tour ?

Vu d'Amérique, ce n'est que le direct et des résumés que nous propose la télévision. C'est mieux d'être sur la course pour sentir l'épreuve et toutes les histoires qui la composent.

Y a-t-il un Français dans la nouvelle génération qui vous semble promis à un bel avenir, voire à gagner un jour le Tour ?

Pinot, puis Bardet qui est encore jeune. J'aime Pinot qui est un attaquant. J'ai aussi apprécié le coup de Galopin. C'est bien de voir cela. Je crois à cette nouvelle génération. Le sport cycliste n'a pas été avantagé par rapport à d'autres sports. Tu n'as parfois besoin que de 4/5 coureurs pour relancer le pays. Vois en Belgique, depuis Eddy Mercx, qui a pourtant motivé beaucoup de jeunes, personne n'a réussi son palmarès. La venue des coureurs sur le devant de la scène s'apparente à un cycle décennal. Une carrière ne dépasse que rarement 10 ans…

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Les commentaires (1)
lemontois Il y a 9 années Le 25/07/2014 à 11:04

Un bel hommage à la France et au tour...