Benjamin Le Roscouët : « J'ai la hargne »

Il avait dû couper de longues semaines suite à une endofibrose de l’artère iliaque externe gauche (lire ici). Tout juste remis et revenu à la compétition début juillet, Benjamin Le Roscouët a été une nouvelle fois contraint de couper quelques jours, la faute à une grosse chute dimanche dernier, sur le Grand Prix de Gleizé. Décidemment pas en réussite depuis plusieurs années, le double vainqueur du GP de la Machine (2010 et 2011) affiche malgré tout un moral d’acier avant d’aborder la dernière partie de saison, où il espère retrouver rythme et confiance. Avec déjà en tête, une saison 2015 primordiale pour le coureur du SCO Dijon. C’est ce qu’il explique à DirectVelo.com.  

DirectVelo : Que s’est-il passé ce week-end sur le Grand Prix de Gleizé ?
Benjamin Le Roscouët : La journée commençait plutôt bien. J’étais dans le bon coup devant, accompagnant notamment le futur vainqueur de la course Yoann Michaud. Puis dans une descente, sous la pluie, j’ai été percuté par un motard (de la course) au niveau d’un rond-point, alors que j’étais en train de le doubler par la gauche. J’ai fait un soleil et je suis retombé sur le dos, dans une balustrade. Pendant les deux minutes qui ont suivies, je ne pouvais plus bouger. J’ai immédiatement demandé que l’on appelle les pompiers. J’ai eu très peur sur le coup, je pensais vraiment m’être cassé le bassin ou le coccyx. Finalement, je ne m’en sors pas si mal. Aux urgences, on m’a vite rassuré en me disant que je n’avais rien de cassé et « simplement » de grosses contusions. J’ai quand même toujours très mal au dos. Et me voilà encore contraint au repos forcé pour plusieurs jours. Je ne reprendrai l’entrainement que samedi, tranquillement. Du coup, pas de Tour d’Auvergne pour moi, alors que j’avais coché cette épreuve, qui aurait été ma première course par étapes depuis longtemps.

« J'AURAIS PU REPARTIR EN FAUTEUIL ROULANT »

Pourtant, tu semblais enfin tranquille après ton opération début avril…

Oui, ça allait beaucoup mieux. Evidemment, j’ai connu des moments difficiles. Je suis resté hospitalisé cinq jours à Lyon après mon opération (le 1er avril). J’ai eu de très fortes douleurs les dix jours qui ont suivis l’opération, mais ensuite, j’ai récupéré petit à petit. J’avais repris le vélo le 20 mai, par de petites sorties de 30 puis 40 minutes, vraiment tranquillement. J’ai beaucoup travaillé au mois de juin, en faisant beaucoup de foncier mais pas d’intensif. Puis j’ai repris la compétition début juillet avec notamment Paris-Auxerre (14e), le Prix Jura Nord (4e) ou le GP Charvieu-Chavagneux (21e). J’étais plutôt content de mon retour. J’ai senti que je n’avais plus du tout de douleurs, et j’ai vu que je pouvais rapidement être compétitif. Cela m’a rassuré. J’ai même pu retrouver le plaisir d’attaquer et de jouer la gagne, notamment sur le Prix Jura Nord. C’était bon signe pour la suite de l’été. J’étais dans une phase ascendante. Je n’étais pas encore à 100% évidemment, mais j’étais très confiant pour la suite vu ce que je venais de faire sur mes courses de reprise. Je venais même de bien préparer le Tour d’Auvergne via un stage en Haute-Savoie, avec 4000m de dénivelé sur trois jours. Je commençais à revenir à un bon niveau. Puis cette chute m’a coupé net. Mais je ne désespère pas. J’espère toujours être compétitif sur la dernière manche de Coupe de France DN1 le 10 août, en Bretagne (le GP du Viaduc). J’ai de la famille là-bas en Bretagne, et j’aurai à cœur d’être présent sur cette course importante.

En 2011 déjà, tu n’avais pas pu courir avant l’été à cause de problèmes physiques. Comment tiens-tu le choc moralement ?
Ce n’est pas toujours facile. C’est clair qu’avec cette chute, j’ai encore pris un coup sur la tête. Le début de semaine a été compliqué. Je me dis que pas mal d’autres coureurs auraient peut-être baissé les bras à ma place. Maintenant, je ne veux pas oublier qu’outre ce coup du sort avec cette chute, j’ai quand même laissé derrière moi mes problèmes de genou. Et ça, c’est forcément très encourageant pour les semaines et les mois à venir. Et puis cette chute dimanche aurait pu être plus grave, j’aurais pu repartir en fauteuil roulant. Ce n’est pas le cas alors finalement, je ne m’en sors pas si mal. Plus généralement, j’ai aussi envie de prouver de quoi je suis capable, j’ai envie de voir jusqu’où je peux aller. C’est pour cela que je veux continuer et que je reste surmotivé. Tous ces problèmes physiques m’auront aussi beaucoup apporté niveau mental. Je suis beaucoup plus fort dans la tête désormais. D’ailleurs, je pense que si je devais me retrouver face à un ou deux mecs dans le final d’une course dorénavant, ils auraient bien du souci à se faire car je ne crains plus grand-chose (sourires). 

« DEJA FOCALISE SUR 2015 »

Après quoi vas-tu courir en cette fin de saison ?

Je vais essayer de me faire plaisir, de courir un maximum en août et septembre, pour viser des courses comme les 4 jours des As ou le Tour de Moselle en toute fin de saison. Je compte bien être à fond à chaque course, me présenter au départ de chacune des courses pour essayer de la gagner. Je vais essayer de jouer sur ma fraicheur physique. Mais en réalité, cette fin de saison sera surtout une préparation pour 2015 car en fait, je suis déjà focalisé sur la saison à venir. J’ai vraiment envie de me tester, de voir ce que je peux faire lors d’une saison complète car finalement, je ne sais quasiment pas ce que c’est. J’ai toujours eu des ennuis, et il y a des grosses courses amateurs que je n’ai jamais faites, alors que je suis en DN1 depuis cinq ans.  

Justement, tu as 23 ans maintenant. Comment imagines-tu la suite de ta carrière ?
23 ans, oui ! Le temps passe vite quand même ! Mon but n’est évidemment pas de faire carrière en 1e catégorie. J’ai toujours fait du vélo pour passer pro comme mon père avant moi. Je ferai le point à la fin de la saison prochaine. A ce moment-là, je saurai vraiment si je peux avoir le niveau pour être pro, ou pas. Si je ne passe pas pro fin 2015 mais que je sens que c’est limite, et qu’il y a vraiment moyen de passer, alors pourquoi ne pas continuer encore une année supplémentaire et pousser jusqu’en 2016. Mais ce sera le maximum. Il va bien me falloir une situation stable, financièrement parlant notamment. Coureur cycliste amateur, ce n’est pas possible pendant des années et des années. Si je n’ai pas le niveau l’an prochain, j’arrêterai. Pour le moment, je suis juste impatient et curieux de voir ce que cela va donner. J’ai le couteau entre les dents. Avec tous les pépins que j’ai connu, je suis prêt à me faire encore plus mal qu’avant sur le vélo. J’ai la hargne.

Crédit photo : Philippe Pradier

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