Julien Loubet : « Je pense avoir mûri »

2e dans le même temps que le Marocain Mouhcine Lahsaini au départ, Julien Loubet (GSC Blagnac-Vélo Sport 31) a remporté dimanche le Tour du Maroc (2.2) grâce à son succès sur la dernière étape. Le leader du Challenge DirectVélo revient sur son expérience marocaine. L'ancien coureur d'AG2R La Mondiale, âgé de 29 ans, rappelle également son désir de retourner chez les professionnels. Il répond aux questions de www.directvelo.com.
 
DirectVélo : Quelles étaient tes ambitions au départ du Tour du Maroc ?
Julien Loubet : Je voulais remporter le classement général ! L’an dernier, mon coéquipier d'alors Mathieu Perget s’est imposé sur le Tour du Maroc et m’avait parlé de sa victoire. Une course qui dure dix jours, c’est très important. Depuis le début de la saison, ma forme ne cessait de progresser et avant de prendre le départ, je me suis rendu compte que j’avais la condition pour remporter la course. Cela n’a néanmoins pas été facile. Je m’attendais à un parcours plus difficile, mais l’an dernier Mathieu Perget avait explosé la course sur une étape très compliquée. Alors les organisateurs ont privilégié un Tour du Maroc complet, avec des étapes de transition, du plat mais aussi des montées. Ce n’était pas chose aisée pour moi qui suis grimpeur de faire la différence dans des cols qui se trouvaient à 45 kilomètres de l’arrivée...
 
T’étais-tu renseigné sur le parcours ou sur les coureurs engagés ?
J’avais des indications de la part de coureurs qui connaissaient bien le continent africain. Et puis j’avais déjà couru le Tour du Gabon, et c’est souvent les mêmes coureurs que l’on retrouve au départ des courses africaines. Mais il y avait beaucoup d’équipes continentales qui m’étaient inconnues, et elles marchaient très fort. Il a fallu attendre les troisième et quatrième étapes pour s’apercevoir des coureurs capables de jouer le classement général.
 
« MA SEULE CHANCE ETAIT DE REMPORTER LA DERNIERE ETAPE »
 
Comment s’est déroulée la dernière étape ?
Dans l’avant-dernière étape, j’étais à 4 secondes du maillot jaune Mouhcine Lahsaini. Tout s’est joué grâce aux bonifications. J’ai récupéré du temps et au départ de la dernière étape, j’étais dans le même que le maillot jaune... Il y avait deux sprints bonifications durant l’étape, et je les ai perdus tous les deux face à lui. Ma seule chance de remporter le général était de gagner l’étape au sprint. Mais ce n’était pas facile car il y avait Manuel Cardoso, l’ancien coureur de Liberty Seguros et de RadioShack qui avait remporté déjà quatre étapes. Je me suis reconcentré sur le final et j’ai tout donné dans le sprint. J’ai battu Cardoso et Lahsaini et j’ai remporté le classement général pour deux petites secondes !
 
As-tu douté à un moment donné de ne pas pouvoir remporter le classement général ?
Bien évidemment que j’ai douté. Tout s’est joué à quelques secondes près... Mais j’y ai cru jusqu’au bout ! C’était difficile. On a roulé à 50 km/h sur la dernière étape... Puis il a fallu que je m’adapte au parcours et à la manière de courir en Afrique qui est très différente de celle en Europe. En Afrique, la course est moins contrôlée. Des équipes qui avaient le maillot jaune ont essayé de gérer la course, mais ils ont à chaque fois perdu la première place du classement général car il y a des attaques en permanence ! Mon expérience chez les professionnels m’a bien entendu aidé. J’ai participé à deux Tour d’Italie et deux Tour d’Espagne, c’était donc plus facile d’être serein et de gérer mes efforts. Quand j’ai remporté la 4e étape, je me suis dit que je pouvais vraiment confirmer et remporter le général. Sur les derniers jours ça a été plus dur psychologiquement que physiquement.
 
Que représente ce succès pour toi ?
Je suis très heureux d’avoir remporté le Tour du Maroc. Mon plus gros défaut était mon irrégularité. Depuis le début de saison, j’arrive à être régulier ! Je me connais davantage, et j’ai mûri. S’imposer sur des classes 2 comme celle-ci me permettra peut-être de repasser à l’échelon supérieur. Il faut désormais que je continue sur ma lancée sur des classe 2 en France. C’était important pour moi de m’imposer sur le Tour du Maroc, d’autant plus que cette course marquait un peu la fin de notre préparation pour les manches de Coupe du France de DN2.
 
« J'ESPERE RETROUVER LES RANGS PROFESSIONNELS »
 
Pouvais-tu arriver en meilleure condition avant le Tour du Lot-et-Garonne, première manche de Coupe de France DN2 ?
Il est vrai que j’arrive avec la meilleure préparation pour la Coupe de France. Que je remporte le Tour du Maroc, que je termine sur le podium ou non, c’était important de disputer la course. La récupération va sans doute être un peu courte pour le Tour du Lot-et-Garonne, mais on va vraiment sentir les bénéfices d’une course de 10 jours au mois de mai, quand les manches de Coupe de France vont s’enchaîner. Avec le GSC Blagnac, on y va forcément pour remporter la course et essayer de placer deux ou trois coureurs dans les 10/15 premiers pour marquer des points.
 
Tu es leader du Challenge DirectVelo. Est-ce un objectif pour toi ?
Je sais que c’est un classement qui est très regardé par les équipes. Il faut marcher sur les classes 2 et sur les manches de Coupe de France pour bien figurer dans ce challenge. Dans le Sud-Ouest, on est malheureusement moins bien servi que d’autres régions. Par exemple, on a bien marché sur l’Essor Basque, notamment avec Loïc Chetout, mais les points sont moins importants pour une 1-2-3 par rapport à une Elite Nationale. Personnellement je préfère me concentrer sur d’autres objectifs : remporter un maximum de courses, transmettre mon expérience aux plus jeunes comme Yoan Verardo. Et puis j’espère retrouver les rangs professionnels. Quand je vois ma forme actuelle, je pense que j’ai le niveau pour bien marcher chez les professionnels. Je pense avoir mûri. Je suis passé professionnel assez jeune... Le fait de bien me préparer chez les amateurs me permet de me renforcer physiquement. Parfois quand je regarde des courses professionnelles, je me demande ce que je serais capable de faire si je prenais le départ...

Crédit Photo : Pauline Baumer - www.directvelo.com
 

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