Piva : « Sur San Remo, on n’a qu’une seule chance »
Valerio Piva, Italien, connaît la Primavera.Il nous parle des chances que possède Philippe Gilbert pour gagner ce dimanche.
- Publié le 22-03-2014 à 06h00
Valerio Piva est le directeur sportif de Philippe Gilbert et il nous a livré ses impressions avant Milan-San Remo.
Valerio, vous avez gagné la Primavera avec Cavendish en 2009 et Goss en 2011. Cela donne des souvenirs comme directeur sportif?
De très bons souvenirs car, pour Cavendish, il s’agissait peut-être de son plus beau sprint. La course avait été rapide, il y avait eu peu d’attaques, personne ne se méfiait de lui, on ne le contrôlait pas comme c’est le cas aujourd’hui. Hincapie avait été magistral pour l’aider, il est allé le chercher à la flamme rouge pour le ramener devant et il a fait le reste. Goss? C’était totalement différent. Et ce n’était pas prévu, il était un leader de High-Road mais il y avait aussi Cavendish. La course était très dure, au Turchino, Cavendish avait eu des problèmes, le peloton était cassé en plusieurs groupes. Goss avait réussi à s’accrocher, il était fort et il n’a pas eu besoin d’aide. Il ne s’est montré que sur la ligne.
Avec ce scénario, c’est un peu celui de Gilbert, car ce jour-là, Gilbert est repris à 1500 mètres par Pozatto. Vous possédez donc au moins un élément pour en gagner un troisième. Comment jugez-vous Gilbert?
Il a beaucoup travaillé cet hiver. Son poids est celui des meilleurs jours. L’objectif est d’arriver à San Remo avec la meilleure condition. C’est vrai que ce n’est pas la course qu’on avait imaginée en début d’année avec la nouvelle côte de Pompeiana. C’était plus sélectif, c’était mieux certainement, mais doit-on changer Milan-San Remo? Avec le parcours traditionnel, beaucoup ont une chance et la course sera nerveuse, il faudra éviter les chutes et ce contexte use le coureur, c’est plus fatigant que d’avoir une côte en plus. L’équipe est importante aussi, surtout maintenant car il faut ramener le leader au bon moment et le tenir à l’avant.
Avec quelle équipe?
J’ai pris d’abord trois coureurs qui ont déjà fini dans le top 10, sans compter Gilbert, bien sûr: Thor Hushovd, 3e en 2005 et 2009, 6e en 2010 et 9e en 2008. J’avais désigné Taylor Phinney, 7e l’année passée, mais il a de la fièvre et je l’ai remplacé par Lodewyck hier. Enfin, il y a Greg Van Avermaet, qui a fini 9e en 2011, alors que Peter Velits fut 10e en 2009. On a complété l’équipe avec Quinziato, Schär et Wyss. On le voit, on n’a pas voulu mettre une équipe avec comme seul leader Gilbert. Il faut aussi un deuxième coureur protégé, Van Avermaet, car dans le cyclisme de maintenant, sauf si on a Sagan, c’est tactiquement plus compliqué. Nous n’avons pas non plus la pression car, pour le moment, nous n’avons pas montré que nous étions irrésistibles, contrairement à d’autres formations. Gilbert a montré les dents plusieurs fois, c’est important pour moi de savoir qu’il est là. Mais les autres le savent aussi!
Quand il a été en mesure de gagner, c’était sur l’ancien parcours.
C’est ce que je lui ai dit. Quand ils ont annoncé qu’on avait éliminé Pompeiana, il n’était pas tellement déçu. Cette course est totalement imprévisible, je n’invente rien. Sa difficulté, c’est le stress qu’elle engendre, un élément que Gilbert maîtrise. Quand on arrive dans les capi, il faut gérer. Il faut être un grand coureur pour faire la différence sur le Poggio, il faudra essayer. Et dans les descentes encore davantage. Le cyclisme est tellement nivelé aujourd’hui, heureusement d’ailleurs. Dans Milan-San Remo on a une chance, on ne peut attaquer qu’une seule fois. Et prendre un risque dans un endroit où l’adversaire freine, il ne faut pas avoir froid aux yeux dans les descentes en particulier où la moindre erreur est fatale. Sagan, par exemple, ne pense jamais qu’il va tomber, un autre plus âgé qui a une famille à la maison y pense davantage…
Comme coureur, vous l’avez fait?
Dix fois et donc je connais bien cette classique, elle est mythique. Jamais vous n’avez deux fois d’affilée le même scénario.