ITW - Vincenzo Nibali : «Je ne suis pas inquiet»

 

Vidéo - Vincenzo Nibali parle de sa saison - Paris Nice 2014

L’an passé, à pareille époque, nous assistions à l’un des plus beaux duels de la saison entre Vincenzo Nibali et Christopher Froome, arbitré par Alberto Contador, et qui tourna à l’avantage du Sicilien, victorieux de Tirreno Adriatico au panache, dans une étape dantesque qui passait par le fameux et terrible Saint’Elpidio al Mare. Cette année, c’est ce même duel qui fera la tête d’affiche du prochain Tour de France. En attendant, Nibali est venu se préparer sur Paris – Nice, alors que Froome déclarait forfait pour Tirreno, mais après avoir remporté le Tour d’Oman, il y a trois semaines. Pour Nibali, ce n’est pas la même affaire. Il n’a encore rien gagné, et sur ce Paris – Nice, il n’a rien démontré de probant. Il est même relégué à la vingt-troisième place à 1’05’’ du leader, Carlos Betancur, ou encore à 41’’ d’un Jose Joaquin Rojas, qui n’est pas franchement un coureur de course par étapes. Faut-il s’inquiéter pour le Requin de Messine ? Pourquoi avoir choisi Paris-Nice plutôt que Tirreno ? Il nous répond dans un entretien exclusif. Explications…

 

"M'imprégner des courses françaises"

« Le parcours de ce Paris – Nice ne me convient pas très bien. Il manque de grandes montées. Au sommet des difficultés, il reste toujours trente à trente-cinq coureurs. Et des finals comme hier sont beaucoup trop explosifs pour moi. C’est une course très tactique. On retrouve beaucoup de coureurs en peu de temps, et parmi les premiers, on trouve beaucoup de coureurs rapides. »

Mais alors pourquoi avoir choisi Paris – Nice ? « C’est aussi le choix de l’équipe. Nous avons établi le programme ensemble et nous nous sommes dit qu’il fallait que je vienne courir en France pour m’imprégner des courses Françaises, de la façon de courir en France, des routes… ».

Cette année l’objectif du Sicilien est le Tour de France, qui débute deux mois après le début du Giro d’Italia. On peut donc comprendre qu’il ne soit pas aussi performant en début de saison qu’il ne l’était l’an passé. Mais à la même époque l’an passé, Chris’ Froome, le vainqueur du dernier Tour de France, avait déjà remporté le Tour d’Oman, et finissait deuxième de Tirreno. Nibali a cependant aussi connu un pépin inattendu en début de saison. « C’est vrai que j’ai pris du retard sur ma préparation du fait de petits problèmes et surtout en me fracturant une côte sur le Tour de San Luis en début de saison. Ce qui explique que je ne sois pas au top en début de saison ». Du coup ce Paris – Nice tombe plutôt pas mal, car il est beaucoup moins montagneux que Tirreno – Adriatico, et lui permet d’être à l’abri de la pression et de la comparaison.

 

"Nous ne sommes encore qu’au début du printemps"

Le leader des Astana ne semble, lui, pas plus inquiet que cela. « Je sens que je vais mieux de jour en jour, que la condition s’améliore. Nous ne sommes encore qu’au début du printemps, et le Tour est en été. Je ne suis pas inquiet. » Il y a peu, Andy Schleck déclarait ne pas avoir bien préparé ce Paris – Nice en raison de sa récente paternité, et des quelques insomnies qui en ont découlés. Vincenzo Nibali vient, lui aussi, d’être papa. « Non, la naissance d’Ema ne change rien à ma façon de courir. Elle m’apporte beaucoup de bonheur, mais ça n’a pas d’impact sur mes courses. »

L’an passé, le « Requin de Messine » avait été le seul à battre Christopher Froome sur une course à étapes, en l’occurrence ce fameux Tirreno. « Chaque course a son histoire. Il y a parfois des moments où c’est possible d’attaquer, de faire une sélection. Mais à chaque course son déroulement. » C’est d’ailleurs la dernière confrontation des deux hommes en date. Par la suite Nibali est allé remporter le Giro et a pris la deuxième place de la Vuelta, pendant que Christopher Froome remportait le Tour de France. Mais dans leur programme, les deux hommes devraient se rencontrer bien avant ça, dans un premier temps sur le Tour de Romandie, puis dans l’ultime ligne droite avant la Grand Messe de Juillet, sur le Critérium du Dauphiné.

 

"Liège est (la classique) qui me convient le mieux"

L’an passé il avait donc gagné Tirreno, mais aussi le Tour du Trentin, juste avant le Giro. Des victoires qui font du bien au moral quand on vise un si grand objectif. Cette année, il serait bon pour la confiance de l’Italien de lever les bras avant le grand rendez-vous estival. « Je pense que j’ai des possibilités de gagner avant le Tour. Je vais courir les Ardennaises (ndlr : Amstel Gold Race, Flèche Wallonne et Liège – Bastogne – Liège) puis le Tour de Romandie ». Et si Nibali gagnait enfin une grande classique ?! « Liège est celle qui me convient le mieux je pense. J’y ai fait de bonnes choses auparavant ».

Mais avant ça… il y aura un rendez-vous cher au cœur de Nibali… Milan – San Remo ! Oui mais voilà, la suppression de la Pompeiana et de la Manie du parcours font que cette édition de la Primavera, qui devait initialement être une petite révolution favorable aux grimpeurs, sera sans doute l’édition la plus ouverte aux sprinters. « Milan – San Remo était initialement à mon programme, mais avec la suppression de la Manie et de la Pompeiana, des coureurs comme Degenkolb, Sagan qui a gagné hier sur Tirreno ou encore Kittel auront toutes leurs chances… » Fera, fera pas ? La question n’est pas encore résolue. Il faut dire que jusqu’à présent l'ancien vainqueur de la Vuelta (en 2010) et du Giro (l'an dernier) n’a couru qu’une seule course en Italie. C’était le Grand Prix Camaiore, il y a une semaine. Et s’il n’est pas sûr de faire Milan – San Remo, une chose est sûre, c’est qu’après, il ne courra plus en Italie jusqu’au Tour de France. Actuellement la discussion se passe entre l’intéressé, son entraîneur qui reste favorable à ce que Nibali prenne part à la classique de 300 kilomètres et Giuseppe Martinelli, opposé. De même pour le Critérium International, normalement inscrit au programme de Nibali, mais dont on n’est pas sûr qu’il y sera maintenu.

 

Propos recueillis à Mougins par Antoine PLOUVIN