Interview - Romain Feillu : «Je veux prendre du plaisir»

Par Alexandre MIGNOT le 01/02/2014 à 19:00

Interview - Romain Feillu : «Je veux prendre du plaisir»
Photos : Sirotti / Bretagne-Séché Environnement

 

Après deux dernières années galères dûes à un "gros" pépin de santé, Romain Feillu s'apprête à débuter sa huitième année chez les professionnels avec un certain optimisme. Débarassé de ses ennuis, le sprinteur français a également changé d'équipe à l'intersaison. Il portera désormais les coureurs de Bretagne-Séché Environnement, où il retrouvera Emmanuel Hubert, son ancien directeur sportif, mais aussi Brice, son frère. Un nouvel environnement qui, il l'espère, lui permettra de se relancer. Et de sentir à nouveau le goût de la victoire. Pourquoi pas dès demain, à l'occasion du Grand Prix de La Marseillaise ? Entretien. 

 

Romain, l'équipe Bretagne-Séché s'est présentée jeudi. Ça lance vraiment la saison ? 

imageOui, bien sûr. C'est traditionnel, courant janvier, d'avoir cette présentation officielle devant les médias. En plus, pour le coup, la saison commence immédiatement après avec le Grand Prix La Marseillaise (ce dimanche). C'est vraiment à cette période qu'on sent la pression monter. La saison débute réellement. 


« Tous les ingrédients pour ça marche de nouveau »

 

Comment se passe votre adaptation dans le groupe ? 

Ça s'est super bien passé, vraiment ! Il n'y a que deux coureurs qui ne sont pas Français. C'est une petite équipe, je connaissais pas mal de monde dans le staff, donc forcément ça aide. Et puis chacun y met vraiment du sien pour que tout se passe bien. Donc, à partir de là, c'est normal que tout roule. 

 

Vous retrouvez Emmanuel Hubert, que vous aviez cotoyé chez Agritubel. C'est lui qui vous a fait venir ? 

Ce n'est pas que sa présence qui entraîné ma signature chez Bretagne-Séché, mais évidemment que ça y a participé. C'est quelqu'un que j'apprécie et avec qui j'ai vécu de très bons moments. Pour le maillot jaune sur le Tour de France (2008), il était là, mais ma victoire sur le Tour de Grande-Bretagne est peut-être mon souvenir le plus marquant avec lui. J'ai de bons souvenirs avec Emmanuel. Je pense que je suis dans une bonne situation à l'heure qu'il est. A l'époque ça marchait, alors je me dis qu'il y a ici tous les ingredients pour que ça marche de nouveau. 

 

Vous connaissiez la majorité des coureurs avant d'arriver ?

imageJe les connaissais quasiment tous. J'avais déjà discuté avec pratiquement chacun d'entre eux en course. Je suis quelqu'un d'assez ouvert, qui discute beaucoup dans le peloton. Je les connaissais en fait tous mis à part Eduardo Sepulveda et le Norvégien Vegard Stake Laengen. Forcément, de connaître beaucoup de monde, ça facilite l'intégration. Je me suis immédiatement senti bien ici. En général, quand on débarque dans une équipe et qu'on ne connait pas les gars, il y a toujours un petit temps d'adaptation, d'appréhension. Ça n'a donc pas été le cas cett efois. Et puis j'ai pris quelques années. Il y a 3-4 ans, j'étais un des plus jeunes de l'équipe, et maintenant je fais partie des plus vieux. Je regarde les jeunes d'une manière différente par rapport aux années précédentes. Il y a moins de timidité et de retenue. 

 

C'est aussi votre retour dans une équipe française après trois ans chez Vacansoleil ...

J'aurais pu continuer à l'étranger, mais j'ai fait ce choix, et je me sens bien ici. C'est aussi sympa de parler tous le temps Français, et puis les rares fois où je dois parler Anglais, je le fais avec plus de plaisir qu'avant. Il y a plus de proximité, je vais faire plus de voyages en voiture que de longs trajets en train ou en avion. Tout est beaucoup plus simple. 

 

« Pas d'épée de Damoclès au-dessus de la tête »

 

Trois ans après, votre frère et vous-mêmes allez de nouveau porter de nouveau les mêmes couleurs. C'est important ou c'est un détail ? 

imageJe dirais que c'est un détail qui a tout de même son importance (sourires). C'est vrai que je vais pouvoir veiller sur lui, et lui sur moi. Davantage, en tous cas, que si on était dans des équipes différentes. Ce qui compte, c'est que chacun soit épanoui au sein de cette nouvelle équipe et qu'on fasse de belles courses, ensemble, ou pas. Notre relation est différente que celle que les frères Schleck peuvent entretenir. C'est peut-être plus important pour eux d'être ensemble. En plus, ils sont dans le même registre, alors que Brice et moi sommes tout à fait différents. 

 

Le point chaud du moment, c'est la sélection de l'équipe Bretagne-Séché Environnement au Tour de France. On vous imagine heureux...

Absolument. On y pensait, on était quasi-persuadé qu'on allait l'avoir, cette invitation. Quand on regardait toutes les équipes qui étaient candidates, on pensait sérieusement avoir notre chance en faisant un début de saison honnête. Notre seule crainte était que MTN-Qhubeka fasse un début de saison tonitruant avec des victoires sur des courses World Tour. Dans ce cas-là, on aurait pu douter un petit peu. Sinon, sur le papier, et avec la préférence nationale, on avait bon espoir d'obtenir cette invitation. C'est surtout un soulagement. Maintenant, on n'a plus à se battre pour gagner la sélection, mais pour en faire partie ! Ça enlève déjà beaucoup de pression. Autrement, on aurait du faire un début de saison à fond, au moins jusqu'à Paris-Nice, pour espérer glaner cette sélection. Maintenant, on va prendre les courses comme elles viennent, avec le couteau entre les dents bien sûr, mais pas avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. 

 

Christian Prudhomme a confié que la présence des frères Feillu avait pesé dans la balance ...

C'est quelque chose qui fait plaisir, évidemment. Christian Prudhomme est quelqu'un que j'estime beaucoup, quelqu'un de droit. Chaque parole gratifiante qu'il peut avoir envers nous est donc quelque chose qui me touche. Personnellement, c'est comme ça que je le ressens, ça fait très plaisir. 

 

« Le Tour ? Ça se fera sur la forme du moment »

 

Alors, évidemment, vous et votre frère espérez maintenant être au départ du Tour. 

imageTout peut arriver. C'est vrai que logiquement on fait partie des coureurs qui ont le plus d'expérience au sein de l'équipe. Donc, sauf grosse méforme, ce qu'on souhaite pas évidemment, ça paraît plutôt bien engagé. Après, si grosse méforme il y a à l'approche du Tour de France, alors on ne méritera pas notre place et puis voilà. Ça se fera sur la forme du moment.

 

Votre dernière fois ensemble, c'était en 2009, et ça c'était plutôt bien passé, pour Brice surtout.

Oui, très bien pour Brice [il avait remporté l'étape d'Andorre-Arcalis), moyennement pour moi. J'avais dû abandonner en deuxième semaine.

 

Revenons à l'été dernier et votre opération de l'appendicite. Comment s'était passée la fin de saison pour vous ? 

Je ne me suis senti pas trop mal après l'opération, assez soulagé en fait. J'ai voulu reprendre vite, j'avais des sensations pas mauvaises, mais je manquais un peu de fond. J'ai voulu refaire des courses, remarcher un petit peu en vue de l'année suivante, mais finalement, je n'ai rien fait de super bien en fin de saison. Il y avait quelques petites douleurs qui persistaient, et puis il y a eu encore un peu de malchance avec une chute, notamment sur Paris-Tours. Et je n'avais pas non plus très bien géré Paris-Bourges un peu avant.

 

« J'ai la certitude que tous mes soucis sont derrière moi »

 

Mais vous avez vu un changement ? 

imageOui, parfaitement. Ne serait-ce qu'au niveau de la selle - je vous épargne les détails -. Vraiment, ça va beaucoup mieux. J'ai la certitude que tout ça est désormais derrière moi. Du coup, ma préparation hivernale s'est bien passée. La naissance de ma fille a un peu "perturbé" les choses, mais sans plus, donc dans l'ensemble, c'était un bon hiver. 

 

Vous attaquez dès ce week-end avec le GP La Marseillaise. Déjà un objectif ? 

Oui, pourquoi pas. On est en forme au sein de l'équipe. Mais il ne faut pas trop s'avancer, le premier objectif sera d'abord de bien figurer. Gagner, c'est autre chose. Et puis à titre personnel, je veux aussi me rassurer au niveau des sensations. 

 

On dit qu'il y a une "malédiction" sur le vainqueur de La Marseillaise. Pour autant, ça ne vous dérangerait pas de la gagner ? 

Non, ça ne me dérangerait pas (rires). Malheureusement, ça s'est toujours vérifié. Après, plus qu'une malédiction, je pense que l'explication réside surtout dans le fait que les coureurs qui arrivent frais en début de saison, et qui gagnent éventuellement La Marseillaise, ont fait un gros hiver. Ensuite ils ont un petit coup de mou derrière. C'est une autre explication...

 

Quel sera votre programme après La Marseillaise ? 

imageIl y aura l'Etoile de Bessèges dans la foulée, le Tour du Haut-Var, et après, je ne sais pas encore. Ce sera soit des courses en Belgique, soit l'enchaînement Classic Sud Ardèche/Boucles Drome Ardeche avant de faire Paris-Nice. Il y a quelques semaines, je suis tombé lors de ma gentleman, et je me suis fait une entorse au niveau du poignet. J'ai toujours des douleurs au niveau du poignet gauche. Bon, des douleurs modérées mais qui sont néanmoins intenses sur les pavés et sur les routes qui n'ont pas un bon revêtement.  

 

« Frôler la victoire plutôt que d'en remporter une »

 

Quel sont les objectifs du début de saison ? 

L'objectif, dans un premier temps, sera de retrouver le chemin de la victoire. Il y aura Paris-Nice bien sûr, auquel on va participer. Je suis dans la présélection, j'espère y être et prendre ma chance pour décrocher pourquoi pas une victoire là-bas, ou au moins une place d'honneur. 



Quelles sont les courses qui vous font envie cette année ? 

Toutes les courses en fait. Que ce soit des coupes de France, des épreuves World Tour, toutes les courses sont belles pour moi. Je ne vais pas chipoter. 

 

imageVous n'avez pas levé les bras depuis 2011. L'idéal serait de gagner rapidement pour prendre confiance ? 

Oui, c'est ça. Une victoire ou des victoires rapidement, ça serait pas mal. Mais en fait, je préferais peut-être même ne pas gagner avant Paris-Nice, mais cumuler beaucoup de places d'honneur, pour prendre vraiment du plaisir. Frôler la victoire plutôt que d'en remporter une et de ne plus rien faire après. 

 

Vous serez le sprinteur attitré de l'équipe cette saison ? 

On est plusieurs à bien se débrouiller au sprint. Maintenant, c'est vrai que si je retrouve mon niveau de 2011, je serai le sprinteur attitré. Il y a des jeunes qui montent, notamment Erwan Corbel, qui est encore jeune, mais qui a fait de belles choses l'an passé sur le Tour de Picardie particulièrement, mais aussi à d'autres occasions. Il faudra voir comment les choses évoluent durant la saison pour chacun. 

 

Propos recueillis par Alexandre MIGNOT

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