Interview - Francis Mourey : «Je m'en sens capable !»

 

Et si c'était la bonne ? Et si, après tant de désillusions, Francis Mourey allait enfin chercher le maillot arc-en-ciel, dimanche, à Hoogerheide ? Le coureur de la FDJ.fr, déterminé et ambitieux comme à son habitude, veut en tous les cas y croire. Auteur d'une grosse saison depuis l'ouverture du calendrier de Cyclo-Cross l'automne dernier, le protégé de Marc Madiot semble avoir pris une ampleur nouvelle ces derniers mois. Ses concurrents l'ont bien noté, et le considèrent désormais comme une menace plus importante que par le passé. Ses excellentes performances en Coupe du Monde n'y sont évidemment pas étrangères. Alors, dimanche, en terres néerlandaises, le Franc-Comtois aura peut-être l'occasion de succéder à Dominique Arnould, dernier Champion du monde français de la discipline, en 1993. 

 

Francis, comment allez-vous physiquement depuis la manche de Coupe du Monde à Nommay, dimanche dernier ?

Physiquement, ça va bien, j'ai bien récupéré. J'avais une petite séance de travail intensif derrière scooter aujourd’hui afin de me mettre bien en jambes pour dimanche. Maintenant, un peu de récupération et puis la reconnaissance du circuit vendredi. Samedi, je ferai une petite promenade de deux petites heures, et puis arrivera dimanche et la course.

 

« Aucun soucis concernant ma condition physique »

 

Pour revenir brièvement sur votre performance du week-end dernier. Deuxième devant votre public, c’était un bon résultat pour vous ?

Bien sûr, je suis satisfait. Sur les manches de Coupe du Monde, je vise les podiums, donc dans cette optique-là, on peut dire que j'ai réussi ma course. Après, c'est vrai, que je rate la victoire de pas grand-chose. Quand on n'était plus que trois pour la gagne, j'ai joué ma chance à 100% pour la victoire. Il m’a manqué un petit rien, mais je n'ai pas de regrets. Le principal est que la forme soit là, que les sensations soient bonnes. En fait, si dois avoir un seul regret, c'est davantage vis à vis du public, comme j’ai déjà pu le dire.

 

Une deuxième place à une semaine des Mondiaux, ça rassure ?

Oui, évidemment, mais je savais déjà que j'étais dans le bon timing d'entraînement. Tout s'est bien passé à l'entraînement ces derniers temps. Maintenant il reste trois jours avant le Mondial et il faut faire attention à ne pas tomber pendant une sortie, pour ne pas avoir de séquelles en vue des Championnat du Monde. En tous les cas, je crois que concernant ma condition physique, je n’ai aucun soucis à me faire.

 

« Le facteur chance va être primordial »

 

Vous avez déjà ramené le bronze des Mondiaux (Zeddam, 2006). A Hoogerheide, quel est l’objectif ?

Il est clair : c'est le podium ! Après, si je peux monter sur la première marche, ce serait super, évidemment. Mais déjà, le podium. C’est l'objectif que je me suis fixé depuis le début de saison, c'est ce que je vise. Ensuite, on verra bien. En tous les cas, je m'en sens capable, et pour moi, tous les voyants sont au vert. Ma saison a été très bonne jusque-là et tout se passe bien pour l'instant. Mes résultats en Coupe du Monde et sur les cyclo-cross internationaux ont été satisfaisants, donc je peux légitimement envisager une médaille.

 

Si la malchance vous épargne …

Le facteur chance va être primordial, comme toujours lors d’une compétition de cyclo-cross. Il faut l'avoir, cette chance. Il faut qu'elle soit là, que la course se passe très bien. Ensuite, la forme physique doit être très bonne, mais ce n'est pas sur ce point que je m'inquiète. La forme, Je sais qu'elle est là. Je peux simplement espérer être dans un grand jour dimanche. Et avoir un peu de réussite.

 

On vous a peut-être vu plus régulièrement avec les meilleurs cette année. A quoi cela est dû ?

Vous savez, à ce niveau-là, il ne manque pas grand-chose. Des détails font la différence. Les autres années, il me manquait peut-être justement ce petit facteur de chance, de réussite, pour être toujours au contact des meilleurs. Et cette année, en Coupe du Monde, tout s'est bien passé à ce niveau-là, excepté lors de la première manche. Malgré tout, je pense qu’il y a quand même un coureur qui est plus fort que tout le monde actuellement, c'est Sven Nys. Derrière, on est un groupe homogène de cinq ou six coureurs. Au-delà de ça, je ne pense pas être plus fort qu'avant. Je pense que je suis juste plus résistant. Je peux désormais maintenir une heure de course à fond. C'est ça aussi qui fait la différence par rapport à mes résultats des années précédentes. La réussite, et la résistance. C’est sans doute ce qui me manquait.

 

« Pas plus confiant que les années précédentes »

 

Le sélectionneur belge a dit se méfier de vous. Ce n'est pas forcément quelque chose qu'il disait avant. Ça vous flatte ou ça vous est égal ?

Disons que oui, ça me flatte un peu quand même. De savoir que la plus grosse nation du cyclo-cross me craint, ça veut dire que je suis dans le coup et que tout est possible pour moi. Et ils le savent. Après,  je ne me prends pas plus la tête avec ça. Pas au point d’avoir plus la pression en tous les cas. Je ne reste pas bloqué là-dessus. Je sais la forme qui est la mienne en ce moment. Je ferai ma course, et à ce moment-là, ce ne sera pas quelque chose à laquelle je penserai.  

 

Êtes-vous plus confiant que par le passé ?

Je ne suis pas vraiment plus confiant que lors des années passées. Je dirais même que j'ai le même degré de confiance. L'an passé, par exemple, je marchais très fort. Il m'avait seulement manqué le facteur chance. Cette année, j'espère que la roue va tourner pour moi. Mais quoiqu'il en soit, la confiance est là.

 

Vous êtes plus dans la case des favoris que celle des outsiders cette année. Cela change-t-il quelque chose ?

C'est sûr que lorsqu'on gagne une manche de Coupe du Monde (ndlr : Namur) et qu'on fait deux fois deuxième, on a plus tendance à vous mettre dans la case des favoris que celle des outsiders. Mais dans cette case des favoris, on est plusieurs. Et puis, comme je l'ai dit, il y en a un qui ressort du lot, à savoir Sven Nys. On est deux ou trois avec lui, et puis il y a les outsiders juste derrière. Mais en fait, je ne suivrai pas particulièrement Nys. Tout dépendra de la façon dont la course se déroule et évolue. On verra alors quelle tactique adopter. Il faudra aussi pouvoir anticiper la course et ne pas se faire avoir. Justement, chez les Belges, ils sont quatre ou cinq à pouvoir gagner donc il faudra se méfier de leur tactique d'équipe.

 

« Ce serait la cerise sur le gâteau »

 

Que pensez-vous du circuit d'Hoogerheide ?

On le connait tous, forcément. Après, c'est toujours bien de le reconnaître une fois pour reprendre ses repères sur le circuit et y retrouver ses sensations. C'est un circuit qui peut me convenir. Lors des derniers Mondiaux qui y avaient été organisés, j'avais terminé cinquième, et c'est un terrain qui me correspond plutôt bien.  Normalement, ils n'annoncent pas de pluie, mais on m'a dit qu'il avait beaucoup flotté sur le circuit ces derniers temps. Ce sera un circuit très gras de toute façon.

 

Avant ce Mondial, pourriez-vous considérer votre saison 2013-2014 comme celle étant la plus aboutie depuis le début de votre carrière cyclo-cross ?

Oui, je pense qu'on peut le dire. Ca a vraiment été une bonne saison jusqu’à maintenant, et si le résultat est très bon dimanche, ce serait vraiment la cerise sur le gâteau.

 

Pas de regrets par rapport à la Coupe du Monde ? Peut-être qu'avec une présence sur la manche de Zolder, vous étiez sur le podium final…

Non, je n'ai pas vraiment de regrets par rapport à Zolder. Je ne sais pas quel résultat j'aurais pu faire là-bas. Si j'ai des regrets en Coupe du Monde, c'est surtout par rapport à la première manche. J'étais en lice pour monter sur le podium, et je suis tombé. Les points que je perds là-bas m'ont peut-être coûté une place ou deux, mais ce n’est pas bien grave.

 

On imagine que le Mondial centralise toutes vos pensées à l'heure d'aujourd'hui, mais un petit mot tout de même sur votre calendrier route ?

Après les Championnats du Monde, je vais m'accorder 15 jours de repos sans vélo. Normalement, ma reprise sur la route est prévue pour le 15 Mars, et il y aura notamment le Giro à mon programme. Mais on n'y est pas encore...

 

Propos recueillis par Alexandre MIGNOT