Clément Lhotellerie : « Je me sens libéré »

Après trois années passées en Belgique, d’abord en 2011 dans le projet de Ludovic Capelle au sein du club Elite sans contrat et Espoirs de la Pédale Saint-Martin de Tournai, puis en 2012 et 2013 dans la structure continentale Colba-Superano, Clément Lhotellerie, réintègre cette saison le peloton hexagonal des amateurs.
Avant qu’il n’accroche son premier dossard sur le maillot du Team Peltrax-CS Dammarie-lès-Lys, www.directvelo.com est allé à sa rencontre à Charleville-Mézières, où il a récemment élu à nouveau domicile, pour connaître les raisons de ce choix et sa nouvelle motivation à bientôt 28 ans.

DirectVélo : Quel bilan tires-tu de l’année 2013 où tu étais à nouveau professionnel avec Colba ?
Clément Lhotellerie : Etre professionnel, c’est un grand mot. Appartenir à une équipe continentale, ce n’est pas cela pour moi être professionnel. Que tu te serves d’un team continental pour rebondir ou faire des belles courses avec les pros et te faire remarquer, d’accord mais seulement dans ce cas. Sinon c’est un statut précaire. Je pense qu’il faut mieux être un bon amateur que de rester à cet échelon. Mon année ne s’est pas déroulée comme je le pensais avec Colba. Au début, cela allait mais à partir de juillet cela s’est très mal passé à cause d’un différent. Ils m’ont licencié et pour l’instant la procédure est en cours. 2013 a donc été une saison assez courte. Cela n’a pourtant pas été trop mauvais au niveau des résultats (3e à l’Omloop Het Nieuwsblad, 5e de la Boucle de l'Artois et 6e du Circuit de Wallonie, NDLR). Les sensations étaient bonnes mais notre programme était quand même léger. Je n’ai eu que trente-cinq jours de course.

Comment as-tu géré cette période post-licenciement ?
J’ai d’abord complètement arrêté le sport puis je me suis dit que j’allais m’entraîner à la course à pieds pour m’aligner sur le Sedan-Charleville (un ville à ville ardennais de 24,3 km traditionnellement organisé le premier dimanche d’octobre, NDLR). Avec la condition physique du cyclisme, on se sent directement bien et j’ai voulu faire des sorties d’une heure trente minutes par jour. J’étais déjà à quatre minutes au kilo tranquille ! Au bout de deux semaines, j’ai été victime de ce surentraînement. Pour un cycliste fragile qui n’a pas l’habitude des chocs, cela ne suit pas au niveau musculaire et je me suis blessé aux genoux. Je me suis alors posé beaucoup de questions. Je ne savais pas si j’allais encore continuer le cyclisme de compétition ou commencer à travailler. J’ai franchement pensé à tout arrêter. Cette période de quatre mois sans faire de sport m’a fait beaucoup de bien pour réfléchir. Je vais être encore plus fort car je sais maintenant pourquoi je vais refaire au moins une année. Je me sens libéré. Je n’ai plus cette envie de vouloir toujours essayer de prouver quelque chose pour repasser pro.

Ta carrière de cycliste professionnel est donc derrière toi ?
Elle a été trop courte. Tout ne dépendait pas de moi. Ok, j’ai fait des erreurs et je les assume, mais je les paie encore. L’étiquette est là et elle y sera toujours. Maintenant je n’essaie plus de me battre contre cela car je ne peux rien y faire. Même en faisant de très bons résultats, je sais que je ne serai pas repris par les directeur sportifs des équipes professionnelles. Je n’ai pas de mauvaises relations avec eux mais c’est ainsi. Je veux prendre du plaisir sur mon vélo, c’est tout.

« LA SENSATION DE REPRENDRE DEPUIS ZERO »

Comment t'es-tu retrouvé au Team Peltrax ?
En échangeant avec Samuel Plouhinec sur internet, il m’a proposé de faire une année à ses côtés chez Peltrax. L’équipe montant en DN2 et le programme devenant un peu plus conséquent, il cherchait un gars d’expérience pour l’épauler. Je me suis dit pourquoi pas car courir aux côtés d’une ‘’légende’’ comme lui était un beau challenge à relever. J’ai alors accepté car j’avais quand même encore l’envie de rouler. L’objectif est clair : on veut gagner la Coupe de France DN2. On a l’équipe pour, avec un beau noyau capable de s’illustrer sur tous les types de parcours et de jouer la gagne. Notre effectif peut sembler bâti seulement pour les courses difficiles mais on dispose avec Romain Fondard d’un type qui possède d’une bonne pointe de vitesse.

Tu as donc trouvé une nouvelle source de motivation dans le cyclisme ?
A partir de début décembre, j’ai repris sérieusement le vélo. Je me suis rattaché les services de Niels Brouzes avec qui j’avais déjà travaillé en 2011 où j’avais réalisé une super année en étant Elite sans contrat. J’avais terminé quatrième de la Flèche du Sud au Luxembourg après avoir fini troisième sur l’étape la plus sélective. J’avais aussi bien marché sur le Grand Prix de Bellignies qui est tout sauf une course facile. Cela fonctionne vraiment bien entre nous deux, et il m’a bien remis en selle. Je n’ai actuellement pas beaucoup de kilomètres mais je suis déjà pas mal, et ça c’est bon signe. Je suis allé deux semaines au Maroc pendant les fêtes de fin d’année et là j’y repars vendredi pour encore deux semaines avant les premières courses. Là-bas la météo me permet déjà de faire mes kilomètres tranquille pour rattraper les mois où je n’ai pas roulé. J’ai vraiment eu la sensation de reprendre depuis zéro mais après toutes ces années à beaucoup m’entraîner cela peut m’être bénéfique.

Quel sera ton calendrier de courses ?
Je reprends la compétition avec toutes les épreuves de l’Essor Basque qui débute le 15 février. Nous aurons ensuite des belles courses Elite Nationale d’un jour ou par étapes, comme par exemple le Tour du Piémont Vosgien qui est assez sélectif. On doit aussi notamment participer au Paris-Troyes (1.2). Je pense que je vais aussi pas mal me déplacer à deux avec Samuel Plouhinec sur les courses difficiles qu’il connaît. Mais l’objectif est la victoire finale sur la Coupe de France DN2. Cela va être concentré avec quatre des six manches à disputer entre fin avril et fin mai sur des parcours difficiles. C’est la période où le beau temps revient et où généralement je commence à être vraiment bien. Nous avions un rassemblement le week-end dernier à Dammarie-lès-Lys. J’ai trouvé que le niveau du groupe était bon sur le vélo. On a fait un entraînement de quatre heures le samedi et autant le dimanche.

Crédit Photo : Hervé Dancerelle - www.directvelo.com
 

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