Tiesj Benoot : « Faire aussi bien en 2014 »

Sacré meilleur première année Espoir du Challenge DirectVélo Belgique 2013, Tiesj Benoot a reçu, dimanche dernier, son prestigieux trophée des mains de l'équipe belge de DirectVélo. Le citoyen de Drongen aurait peut-être même pu remporter un supplémentaire, celui du meilleur Espoir, mais Theuns est le seul à avoir su le battre. Quoi qu'il en soit, le coureur âgé de 19 ans à peine et membre de Lotto-Belisol U23 a été l'auteur d'une fantastique saison en remportant le Tour de Moselle ainsi qu'une étape sur la Vuelta a Madrid et une sur la Vuelta a Palencia. Sans oublier une quatrième place finale sur le Circuit des Ardennes. Peu après avoir découvert sa récompense et s'être adonné aux joies d'une séance photos, l'étudiant en économie appliquée à l'Université de Gand a accepté d'accorder une longue interview à www.directvelo.be. Retour sur sa brillante saison tout en regardant déjà vers l'année de la confirmation qu'il commencera plus tard dû à une mononucléose.

DirectVélo : Quel bilan tires-tu de cette fantastique première saison chez les Espoirs ?
Tiesj Benoot : Ce fut une super année. Je ne m'attendais absolument pas à effectuer un aussi grand pas en avant. Pourtant, ma préparation n'avait pas changé. Je travaille déjà depuis cinq ans avec le même entraineur Frederik Broché (devenu entre-temps le coordinateur sportif de la Fédération Flamande de cyclisme, ndlr). J'ai seulement pris un peu de volume. Le but est de repartir cette année sur les mêmes bases que l'an dernier mais je souffre de la mononucléose. Je viens seulement de reprendre l'entrainement depuis deux semaines. Je commencerai donc ma saison un peu plus tard que prévu. Je vais d'abord entrainer ma condition durant deux mois et puis après je prendrai la décision de prendre part à la compétition. Pour en revenir à ma saison 2013, elle a véritablement débuté le 10 mars à l'occasion de la Kattekoers. Je chute et malgré cela, je termine à la 18e place. La semaine suivante, je prends la sixième place sur un interclub aux Pays-Bas, le Ronde van Haarlemmerliede en Spaarnwoude. C'était une course venteuse et difficile. Trente coureurs à peine ont rallié l'arrivée. Je sentais que j'étais en bonne forme mais je ne m'attendais vraiment pas à m'améliorer encore plus. C'est au Circuit des Ardennes que j'ai commencé à réaliser des vrais résultats. Pourtant, en tant que deuxième année junior, je n'étais pas au-dessus du lot. Mais j'étais peut-être le plus régulier. Dans la plupart des classements, je terminais aux premières places. Tandis que chez les débutants, je n'étais certainement pas dans les dix meilleurs. Mais chez les Espoirs, il faut dire que la longueur de la course et la manière de courir me convient mieux. La course est souvent contrôlée jusqu'à un certain moment et puis ça part. Chez les juniors, par exemple, ça démarre dès le début de l'épreuve et tu as besoin d'un peu de chance pour l'emporter.

« DANS LA CITADELLE, J'ETAIS ENCORE AUX COTES DE GILBERT, VAN AVERMAET ET CHAVANEL »

Tu as vraiment été présent tout au long de la saison.

Pourtant, j'ai régulièrement souffert de malchance. J'ai bien subi dix crevaisons d'affilée mais, à chaque fois, j'ai su redresser la situation. Par exemple, au Tour des Carpates en Pologne, j'ai crevé à trois reprises mais j'étais quand même présent dans la finale. Sur cette même épreuve, je me suis cassé le poignet ce qui m'a éloigné de la compétition durant sept semaines. Les dix premiers jours, je ne me suis pas entrainé mais j'ai étudié. Ensuite, j'ai repris calmement l'entrainement. Après coup, cette période de repos obligatoire n'était pas une si mauvaise chose. Les pros stoppent régulièrement leur saison juste après les classiques de printemps.

Où t'es-tu surpris le plus ?
Sur le Grand Prix de Wallonie. C'était ma première épreuve 1.1. Je l'ai roulée sous les couleurs de l'équipe nationale belge. J'ai travaillé toute la journée pour Jan Bakelants mais dans la montée de la Citadelle, j'étais encore aux côtés des Gilbert, Van Avermaet et Chavanel. Quand tu roules toute la saison dans la catégorie des Espoirs, tu ne sais pas ce que tu vaux vraiment. Au Grand Prix de Wallonie, j'ai côtoyé le top niveau du cyclisme mondial.

« JE SUIS CONTENT D'ETRE RESTE CHEZ LOTTO-BELISOL U23 »

Quelle fut ta plus belle victoire en 2013 ?

Mon succès sur le Tour de Moselle est celui que j'estime le plus beau. Même si ce n'était qu'une élite nationale, au contraire de la Vuelta a Madrid par exemple. Le plateau au départ était digne d'une épreuve de deuxième catégorie. Il y avait notamment les équipes nationales françaises et allemandes. Je m'impose finalement pour une petite seconde d'avance devant Julian Alaphilippe. Dans la dernière étape, je me suis échappé une centaine de kilomètres en compagnie de Yoann Barbas, Dimitri Claeys et Marc Franken. Mon équipier Louis Vervaeke était également présent à l'avant mais Kurt Van de Wouwer lui a demandé de lâcher prise. Louis était pointé à deux secondes du leader du général et moi à 14 secondes. Kurt avait peur que les Français ne nous laissent pas filer en ayant un coureur si proche au général. Dans la dernière montée, Claeys et moi-même avons attaqué. Dimitri était le compagnon idéal. Nous avons franchi la ligne d'arrivée avec quinze secondes d'avance sur le reste et il m'en fallait quatorze pour l'emporter.

Tu as probablement reçu des offres d'autres équipes. As-tu pensé à quitter Lotto-Belisol U23 ?
J'ai un peu douté mais je suis content d'être finalement resté chez Lotto-Belisol U23. J'ai reçu une offre d'Etixx-Ihned et, après avoir resigné chez Lotto, j'ai également eu l'opportunité de signer chez BMC Development Team et Bissel, la formation d'Axel Merckx. Ces écuries sont peut-être d'un niveau plus élevé à celui de Lotto-Belisol U23 mais, dans mon équipe, j'ai tout pour me développer tranquillement. En plus, maintenant que j'ai la mononucléose, je suis bien content de rester ici. Les dirigeants de Lotto-Belisol U23 me connaissent et ils ne vont pas me mettre la pression. J'ai aussi une très bonne relation avec mon directeur sportif, Kurt Van de Wouwer. Il a beaucoup d'expérience et est très calme. Et quand il se met en colère, tout le monde l'écoute. J'ajouterai également que j'ai participé aux épreuves auxquelles je voulais prendre part. Enfin, Lotto-Belisol U23 est l'équipe idéale pour que je puisse continuer à allier sport et études. Quant à un contrat professionnel, je n'en ai pas encore parlé. Cette année, c'était encore trop tôt. Mais si je franchis un palier supplémentaire en 2014, pourquoi devrais-je rester chez les Espoirs ?

« APRES MA MONONUCLEOSE, JE DEVRAI RESTER CALME ET NE PAS REVENIR TROP VITE »

Pour toi, quel est le plus important : les études ou le cyclisme ?

Je veux étudier mais je ne veux certainement pas mettre le sport de côté. Devenir professionnel, c'est mon rêve. Si tu penses que tu peux le réaliser, tu dois tout faire pour. D'ici trois à quatre ans, je dois me montrer en tant que coureur. Les études, ça peut être un peu plus tard. Je n'ai pas suivi tous les cours durant ma première année à l'Université. Je pense qu'on peut aussi apprendre des matières soi-même et pas en allant à chaque fois au cours.

2014, ce sera l'année de la confirmation.
Nous verrons bien. J'ai cette mononucléose et c'est donc assez délicat. Je vais tout de même manquer les deux premiers mois de compétition. Et je ne sais pas ce que c'est de recommencer à zéro. Les dernières années, après seulement deux semaines d'arrêt, je reprenais l'entrainement et mon niveau était assez bon que pour me baser dessus. Tout le monde me dit que je dois rester calme car si je recommence trop tôt, je peux rechuter. Une chose est sûre : si j'effectue la même saison que 2013, je serai déjà très content. Avant d'avoir cette mononucléose, je pensais qu'il était possible que je passe pro après deux saisons chez les Espoirs. Mais voilà, si c'est après trois ou quatre saisons, ce n'est pas dramatique.

« J'AI SUIVI LE CHALLENGE DIRECTVELO BELGIQUE DURANT TOUTE LA SAISON »

Si tu parviens à passer professionnel, quel sera ton rêve ultime ?
Comme tout le monde, je rêve de gagner les grandes classiques. C'est pour ces épreuves là que j'ai commencé le vélo. Je pense que Liège-Bastogne-Liège et l'Amstel Gold Race sont les courses qui me conviennent le mieux. Pour le Tour des Flandres, je suis peut-être un peu trop léger. Et pour les cols, je pèse encore un peu trop. Je fais 1m90 pour 72 kilos. Je ne suis donc pas un coureur de tour. Je pense que Kurt me voit aussi comme un coureur de classiques wallonnes. Mais il m'a quand même demandé de participer au Tour du Val d'Aoste. En tant qu'Espoir, tu dois voir où se situent tes limites et apprendre à connaitre ton corps.

Que signifie pour toi ce trophée de meilleur 1ère année Espoir du Challenge DirectVélo Belgique ?
Les classements, les challenges, j'adore. J'ai suivi le challenge durant toute la saison. J'aurais aussi pu décrocher le titre de meilleur Espoir. Ce fut serré entre Theuns et moi-même. Etre vainqueur d'un critérium de la régularité, ça veut dire ce que ça veut dire. C'est comme ça que l'on devient un coureur complet.

Crédit Photo : www.directvelo.be

Interview réalisée par Renaud Collette, Klaas De Gruyter et Francis Spruyt.
 

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