La Grande Interview : Benoît Daeninck

Increvable Benoît Daeninck. Le capitaine de route du CC Nogent-sur-Oise, policier dans le civil, va sur ses 32 ans mais on lui en prêterait cinq de plus tellement il dure, tellement il gagne. Dimanche, il a encore enrichi son palmarès de la Classique Champagne-Ardenne et renforce sa position de deuxième au classement individuel du Challenge DirectVélo. Mais Daeninck n’aime pas seulement gagner : il veut guider ses jeunes coéquipiers pour les faire passer professionnels. Histoire qu’ils évoluent dans un milieu qu’il a entrevu un peu sur le tard, à Roubaix, et dont il est revenu « sans regrets », pour vivre sa passion dans les rangs amateurs.

DirectVélo : Tu as l’habitude de jouer la gagne sur la plupart des épreuves auxquelles tu participes, mais tu ne sembles pas te lasser pour autant…
Benoit Daeninck : Je reste un grand compétiteur. J’aime les courses, j’aime gagner. Quand on est coureur cycliste, c’est à chaque fois une émotion différente de lever les bras. Je n’ai vraiment aucun mal à me motiver car j’ai toujours la passion. Surtout, je me trouve toujours de nouveaux objectifs. C’est ce qui me permet d’avancer. Chez les amateurs, le scénario de course n’est jamais le même. Il faut sans cesse s’adapter au déroulement de l’épreuve. C’est aussi ce que j’aime et ce qui m’empêche d’être lassé. La seule chose qui ne change jamais, c’est la pancarte que j’ai sur le dos au départ d’une course (sourires). Je dois bien admettre que c’est agaçant parfois, mais après tout j’ai l’habitude et je fais avec.

« JE NE ME CONSIDERE PAS COMME UN LEADER »    

Tu as récemment déclaré que tu aimais l’idée d’accrocher un maximum de courses à ton palmarès. Lesquelles te manquent encore ?
Honnêtement, il ne m’en manque plus tant que ça (sourires). A part bien sûr le titre de Champion de France amateurs. Mais La Classique Champagne-Ardenne faisait justement partie des courses qu’il manquait à mon tableau de chasse. Alors je suis heureux d’avoir pu la remporter récemment (ce dimanche 1er septembre, NDLR). Après, je pourrais aussi remporter un plus grand nombre de courses d’un moindre niveau, mais je ne suis pas là pour ça. Je veux briller sur les plus belles épreuves en amateur.   

On parle souvent de toi comme le capitaine de route du CC Nogent-sur-Oise. Quel est exactement ton rôle dans cette formation ?
Lorsque je suis revenu à Nogent l’an passé, j’ai eu un discours très clair. J’ai expliqué que je venais ici avec pour ambition principale d’épauler au mieux les jeunes de l’équipe. Je veux aider au maximum chaque membre du CC Nogent-sur-Oise. J’essaie de faire briller mes équipiers, de les emmener vers la victoire, voire à plus long terme vers le monde professionnel. En course par exemple, si je me retrouve dans un groupe de tête avec des équipiers à quelques kilomètres de l’arrivée, je vais les voir pour savoir ce qu’ils veulent faire. On parle stratégie de course. S’ils se sentent bien, je suis prêt à me sacrifier pour eux. C’est mon boulot, je suis là pour ça.

Peut-on vraiment parler de « simple » capitaine de route lorsque l’on gagne quinze courses par an ?
Je suis aussi là pour gagner. Si je peux lever les bras, je ne vais pas m’en priver. J’insiste malgré tout sur le fait que mes équipiers ont la priorité. Je ne me considère pas comme leader de l’équipe.

A l’instar d’un Warren Barguil au CC Etupes l’an passé, on a pourtant l’impression que tu es celui sur qui la plupart des résultats de l’équipe repose…
Disons que, malheureusement pour mes coéquipiers, beaucoup ont du mal à percer cette année. L’effectif a changé depuis 2012 : Stéphane Rossetto est parti, Romain Delalot et Pierre Garson ont arrêté le vélo. On se retrouve avec beaucoup de jeunes qui ne peuvent pas encore rivaliser avec les meilleurs amateurs. Ils sortent des rangs Juniors et il faut un temps d’adaptation. En attendant, j’essaie de gagner un maximum d’épreuves pour soulager l’équipe.

Combien d’années te vois-tu continuer dans les rangs amateurs ?
Je ne suis certain de rien. Je devrais pouvoir courir encore deux ou trois ans au top niveau. Après, ce sera sans doute le moment d’arrêter. Mais  pour l’instant, je suis concentré sur mes prochains objectifs. Je ne pense pas du tout à arrêter le vélo.

« PLUS HEUREUX QUE CHEZ LES PROS »    

As-tu le moindre regret quant à tes deux années passées sous le maillot de Roubaix-Lille Métropole ?
Pas vraiment. J’ai passé deux saisons avec eux (2010, 2011) et j’ai fait le choix de redescendre chez les amateurs. Sincèrement, je suis bien plus heureux en amateurs que je ne pouvais l’être chez les pros. Que ce soit au niveau sportif, ou même au niveau familial ; je ne suis en rien nostalgique. Je suis très heureux d’être là où j’en suis.  

Est-ce que tu n’as pas raté l’occasion de percer chez les pros ?
Non, il s’agit simplement de choix de carrière, et ce n’est pas toujours évident. Dans l’ idéal, j’aurais aimé avoir la chance de courir dans une équipe comme le CC Nogent-sur-Oise lorsque j’avais 20 ans. Quant à mes années avec Roubaix-Lille Métropole, disons simplement que ça aurait pu être mieux... Je pense que je n’ai pas été mis dans les meilleures conditions pour réussir. En plus, j’avais un double projet entre la route et la piste. L’hiver, je n’avais pas le temps de me reposer puisque je passais mon temps sur les vélodromes pour préparer les plus grands événements avec l’Equipe de France. Je ne parlerais pas d’erreur car j’ai aimé ces expériences sur piste, mais ça m’a quand même un peu cramé. J’aurais sans doute pu faire de meilleurs résultats sur la route si je ne m’étais consacré qu’à cette discipline. Désormais, je ne veux plus penser à ça. Je suis tourné vers l’avenir.

Justement, il reste une saison 2013 à terminer, avec en ligne de mire les Championnats du Monde de la Police en Espagne...
Exactement ! Mais pas que ! Il y aura aussi la dernière manche de la Coupe de France DN1, Paris-Chalette-Vierzon. Je veux y briller. D’autant plus qu’au classement par équipes, nous ne sommes que septièmes. Il faudrait que l’on finisse au moins dans le Top 5. Alors, je vais devoir faire un très bon résultat sur cette ultime manche.

Tu es actuellement deuxième du Challenge DirectVélo, dont tu as pris la cinquième place finale l’an passé. Accordes-tu une attention particulière à ce classement ?
Comme je suis en tête du classement FFC, j’y porte un peu plus d’attention ! (rires) Au Challenge DirectVélo, je suis pour le moment  battu par Benoît Sinner et ce duel pourrait quand même être sympa sur les dernières semaines de la compétition. Benoît devrait avoir un avantage certain, dans la mesure où je vais arrêter ma saison fin septembre. Nous sommes dans la dernière ligne droite et je vais faire le maximum. Je n’aurai aucun regret si je dois être battu par Benoît Sinner, car il a fait une grosse saison.

Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com
 

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