La Grande Interview : Olivier Le Gac

Champion du Monde Juniors en 2010, Olivier Le Gac a de nouveau rendez-vous avec la course arc-en-ciel, chez les Espoirs, le 27 septembre. Pourtant, il a bien failli ne pas faire le déplacement à Florence. Victime d’une fracture de la clavicule fin juillet, le coureur de Brest Iroise Cyclisme a dû renoncer à des objectifs comme le Tour de l’Ain ou le Tour de l’Avenir. Stagiaire à la FDJ.fr, il s’est consolé en disputant ce mercredi le Grand Prix de Wallonie pour son baptême chez les pros. Un avant-goût de ce qui l’attend ces prochaines années, l’ancien Champion du Monde ayant signé un contrat de deux ans et demi avec la FDJ.fr.

DirectVélo : Tu t’apprêtes à disputer le Championnat du Monde Espoirs dans une semaine. Est-ce que tu auras une approche particulière de la compétition en tant qu’ancien vainqueur du maillot arc-en-ciel ?
Olivier Le Gac : Oui, sans doute. J’ai déjà vécu le bonheur de la victoire sur un Mondial et c’est quelque chose de grand, quelque chose qui ne s’explique pas vraiment. Cela dit, il faut relativiser. Ce titre, je l’ai obtenu chez les Juniors. J’ai tourné la page sur cet événement. Maintenant, je veux même en faire vraiment abstraction.

Y a-t-il eu un moment où le ce statut de Champion du Monde t’a pesé ?
Porter ce maillot, c’était avant tout un grand bonheur, une immense fierté. Après, je ne cache pas qu’il n’a pas toujours été évident à porter. En course on est parfois plus surveillé, et puis un titre de Champion du Monde ça demande une confirmation sur le terrain. Mais je ne vais me plaindre, il ne manquerait plus que ça !

Tu as été victime d’une fracture de la clavicule sur le Tour Alsace. Une blessure qui t’a empêché de disputer les épreuves du mois d’août. As-tu crains pour ta participation au Mondial ?
J’ai vraiment douté. Dans un premier temps, j’avais déjà à cœur de participer au Tour de l’Ain et au Tour de l’Avenir. J’ai dû y renoncer et j’ai vraiment pris un coup au moral. Mais j’ai vite relativisé : les chutes, les blessures, ce sont des choses qui arrivent dans le cyclisme. L’opération s’est bien passée, je n’ai pas souffert. J’ai préféré rapidement penser à la suite et notamment au Championnat du Monde. J’ai vite compris que j’allais pouvoir y participer. En plus, Pierre-Yves Chatelon (entraîneur de l’Equipe de France, NDLR) m’a toujours fait confiance. Il a vu que je montais en puissance au fil des courses. Il sait aussi que suivant ma condition, je n’hésiterai pas à faire l’équipier s’il le faut. Je ne lui ferai pas faux bond. Si je suis là, c’est aussi grâce à lui.

« JE NE METS PAS TOUTES MES AMBITIONS DE COTE »

Tu parles de « faire l’équipier ». Cela signifie-t-il que tu as malgré tout dû revoir tes ambitions personnelles à la baisse ?
Le plus important, c’est que quelqu’un de l’Equipe de France soit Champion du Monde. Je ne vais pas me mentir à moi-même. Si je ne suis pas capable de jouer les premiers rôles, je vais me résoudre à aider mes collègues. Il y a des coureurs capables de remporter le Mondial dans cette Equipe de France. Maintenant, ça ne veut pas dire non plus que je mets toutes mes ambitions personnelles de côté. Physiquement je me sens bien. J’ai enchaîné les jours de course et les grosses séances d’entraînement. Il reste encore un stage en montagne (débuté ce jeudi sur les pentes du Col du Revard, NDLR) lors duquel je vais avoir l’occasion de me perfectionner.

Le parcours de Florence te convient-il ?
J’ai entendu tout et son contraire. Pour certains il serait hyper dur, pour d’autres pas si compliqué que ça. Je crois que je ne serai fixé qu’une fois sur place.

Revenons sur ta saison 2013 dans son ensemble. Comment la trouves-tu ?
Je pensais pouvoir gagner plus de courses. J’ai décroché une première victoire dès l’Essor basque. Du coup, je me suis dit que j’allais sûrement pouvoir enchaîner avec d’autres bouquets. Malheureusement ça n’a pas été le cas. Je n’ai gagné qu’une fois depuis (le Tour du Pays du Roumois, NDLR). Il me manque des victoires mais j’ai quand même fait une bonne saison.

Qu’est-ce qu’il t’a manqué pour lever davantage les bras ?
Généralement, je marche fort entre avril et juin notamment. Mais cette saison je n’ai pas toujours eu de la réussite pendant cette période. Ensuite, je comptais faire de belles choses dans l’été mais ma chute au Tour Alsace a changé beaucoup de choses. Cela dit, j’ai répondu présent sur les courses importantes comme le Championnat de France ou le Championnat d’Europe, sans parler des différentes classiques avec l’Equipe de France.

« EN CONTACT DEPUIS LONGTEMPS AVEC LA FDJ.FR »

En tant que stagiaire avec la FDJ.fr, tu viens de disputer le Grand Prix de Wallonie, ta première course professionnelle. Comment as-tu vécu ce baptême ?
J’appréhendais un peu. D’abord parce que c’était ma première expérience avec la FDJ.fr. Ensuite, ce n’était pas n’importe quelle course, ma première en classe 1 UCI. J’avais peur de passer à côté. Finalement je ne m’en suis pas trop mal sorti (il termine 124e à 13'40'' de Jan Bakelants, NDLR). J’ai simplement été surpris de la façon dont s’est dessinée la course. Le peloton décide vraiment du moment où l’échappée doit sortir, et de qui la compose. D’ailleurs, j’ai l’impression que quand un coureur attaque, il ne se donne pas à 100%, mais attend un peu, simplement pour voir s’il a un bon de sortie. C’est impensable chez les amateurs (sourires). Le plus sympa dans cette histoire, c’est que j’ai justement réussi à prendre l’échappée aux côtés de grands coureurs du peloton (Niki Terpstra notamment, NDLR). La fin de course a été plus délicate, notamment avec les accélérations et les bordures, mais je suis quand même content de ma journée.

Depuis quand étais-tu en contact avec la FDJ.fr ?
Ils me suivent plus ou moins depuis le titre de Champion du Monde Juniors, il y a déjà trois ans. Puis j’avais roulé à côté des pros quand j’avais fait la reconnaissance de Paris-Roubaix Juniors 2011.

Tu passeras professionnel avec eux en 2014, mais seulement au mois d’août. Pourquoi ?
Je suis toujours étudiant et il me reste un an à l’Université avant de valider ma Licence. En fait, j’ai rencontré Marc Madiot à Plouay. Il m’a laissé la possibilité d’intégrer l’équipe durant l’été. Il a été très compréhensif. C’est une grande chance pour moi. Bien sûr, d’un autre côté je suis impatient de découvrir le monde professionnel. J’aurais aimé faire mes débuts professionnels dès le mois de janvier, mais je n’ai vraiment pas envie de rater ma Licence. Faire deux ans de Fac pour rien, ce serait un peu dommage !

« JE N'AURAI AUCUN MAL A ME MOTIVER A BREST »

Tu as déjà l’assurance de porter le maillot d’une formation World Tour jusqu’à fin 2016. Dans ces conditions, ne sera-t-il pas difficile de te motiver pour ton début de saison prochaine au BIC 2000 ?
Non, bien au contraire. Il y a beaucoup de courses que je n’ai pas encore accrochées à mon palmarès et que je tenterai de remporter. Je pense notamment aux différentes manches de la Coupe de France, au Tour de Bretagne, ou encore à Liège-Bastogne-Liège Espoirs si par bonheur je peux y participer. Ce sera un beau challenge. La seule différence, c’est que je reprendrai peut-être un peu plus tranquillement cet hiver et que j’entamerai ma saison plus serein que si je n’avais pas de contrat professionnel. J’ai signé pour une période de deux ans et demi avec la FDJ.fr, ce qui va me permettre de progresser tranquillement.

L’an passé, tu avais refusé des offres de plusieurs formations de DN1, et ce pour rester fidèle au Brest Iroise Cyclisme 2000. Un choix qui s’est finalement révélé payant...
En poursuivant mes études à Brest, c’était beaucoup plus simple pour moi de rester au BIC. Et puis, je voulais vraiment rester avec eux. J’avais besoin de prendre mon temps dans les rangs Espoirs, de garder une certaine stabilité. Je tiens d’ailleurs à remercier le club. On m’a toujours fait confiance à Brest et on m’a laissé le temps de progresser. Tout a été fait pour que je franchise les étapes une par une, tranquillement. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est aussi grâce à ce club. Je vais encore pouvoir courir pour le BIC jusqu’à l’été prochain, et j’en suis très heureux.

Crédit Photo : Hervé Dancerelle - www.directvelo.com
 

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