Quentin Jauregui : « Ce stage change tout pour moi »

A seulement 19 ans, Quentin Jauregui (BKCP-Powerplus) s’apprête à disputer ses premières courses de très haut-niveau sous les couleurs d’Argos-Shimano. Ce qui le fera manquer en fin de semaine le Championnat de France de l'Avenir. Stagiaire dans la formation néerlandaise jusqu’à la fin de saison, Quentin Jauregui se confie à www.directvelo.com, avant de s’envoler pour le Japon dans quelques jours.

DirectVélo : Tu t’apprêtes à disputer les dernières épreuves de la saison sous les couleurs d’Argos-Shimano. T’attendais-tu à une telle opportunité ?  
Quentin Jauregui : Je ne m’y attendais pas du tout (rires). Mon agent m’a appelé début juillet. Il m’a fait savoir que la formation Argos-Shimano voulait me prendre comme stagiaire. J’étais très surpris, et je n’ai évidemment pas hésité une seule seconde pour accepter. C’est une équipe World Tour, le top niveau du cyclisme mondial. Désormais, il va falloir se montrer à la hauteur des événements.

« JE M'ATTENDS A SOUFFRIR »    

Tu n’as encore que 19 ans. N’es-tu pas impressionné par ce qui t’attends ces prochaines semaines ?

J’étais encore en Junior l’an passé et aujourd’hui, me voilà stagiaire dans une formation World Tour. Ce n’est pas rien, c’est vrai. En juillet, j’étais devant ma télé et j’admirais les performances de Marcel Kittel et de toute l’équipe Argos-Shimano sur le Tour de France. Je n’arrivais pas à me dire que ces gars-là allaient être mes coéquipiers quelques semaines plus tard. Ça va être une sacrée expérience. Maintenant, je ne peux pas cacher que je suis quand même impressionné. Forcément, je ne suis pas sûr de mon potentiel, et j’appréhende un peu de courir aux côtés de coureurs comme Marcel Kittel. J’espère faire du bon travail, et ne pas décevoir l’équipe. De toute façon, le plus dur est passé (rires). J’ai déjà eu l’occasion de participer à un stage de deux semaines avec toute l’équipe dans les Alpes. Ce stage m’a rassuré. Dans les cols, je me suis senti à l’aise. J’ai pu prendre le rythme.

Tu n’auras pas souvent l’occasion de t’illustrer en montagne ces prochains mois…
Je suis à l’aise en montagne et à l’inverse, je n’aime pas du tout frotter, ou rouler très fort sur le plat. Le problème, c’est que ce sera le cas sur pratiquement toutes mes courses jusqu’à la fin de saison. Mais bon, j’essaie de me préparer mentalement. Je m’attends à souffrir et subir. Maintenant, si je fais du vélo, c’est aussi un peu pour ce type de sensations. Ma première course officielle (outre les kermesses belges, NDLR) sera particulière puisqu’il s’agira d’une épreuve japonaise, sur deux jours, avec un contre-la-montre par équipes puis une sorte de critérium d’une soixantaine de kilomètres. C’est encore plus particulier de commencer au Japon. C’est vraiment cool. Ensuite, je vais disputer la World Ports Classic. J’appréhende énormément cette épreuve. Je sais que ça va rouler très, très vite, qu’il faudra frotter, qu’il y aura des bordures. 200 bornes dans le vent, je déteste ça (rires). Mais bon, il faut bien passer par là. En tout cas, ça risque d’être très impressionnant.

« PEUT-ETRE ME CONCENTRER EXCLUSIVEMENT SUR LA ROUTE  »    

Il y a encore deux mois, tu ne t’attendais sans doute pas à vivre une telle fin de saison. Tous tes plans ont donc été chamboulés…

Oui c’est vrai, mais c’est pour la bonne cause (rires). Maintenant, il est évident que ça change beaucoup de choses pour moi. Je comptais faire une coupure au mois de juillet. Jusque-là, j’avais fait une saison correcte, mais sans plus. Je suis très déçu de ne pas avoir pu courir avec l’Equipe de France, alors que j’ai toujours fait partie des sélections dans les équipes de jeunes. J’ai sans doute payé mon départ pour la Belgique. Je n’ai pas du tout couru en France, mis à part sur le Championnat de France Elites du mois de juin. Cela a dû jouer, puisque les entraîneurs français n’ont sans doute pas pu se baser sur mes résultats dans l’Hexagone. C’est une véritable déception pour moi. Il reste le Championnat du Monde Espoirs, alors sait-on jamais. D’autant que le parcours peut me convenir. J’attends toujours un coup de fil (rires). Mais maintenant, il est vrai que ce stage change beaucoup de choses. Je vais essayer d’apprendre le plus possible, et faire tout ce qu’on me dit de la meilleure des façons possible. Dans tous les cas, tout ce que je vais faire ces prochains mois me servira pour la suite de ma carrière. J’ai aussi conscience que c’est peut-être ma seule opportunité de passer au niveau supérieur. Il va falloir que je saisisse ma chance.

C’est-à-dire ? Tu espères passer professionnel dès cet hiver ?
Je n’en sais rien. J’ai envie de me dire que tout est possible, même si ce sera très dur. Encore une fois, c’est peut-être une opportunité unique de montrer ce que je vaux, au plus haut niveau. Je vais avoir une très grosse fin de saison. Je vais donner le maximum jusqu’à fin octobre, et on verra bien ce qu’il se passera par la suite. C’est vrai que je n’ai pas encore 20 ans, mais il n’y a pas d’âge pour faire ses preuves.

On sait que tu es un adepte du cyclo-cross. N’arrives-tu pas dans une période cruciale, où il va falloir choisir entre la route et le cyclo-cross ?
Je dois avouer que je me suis posé la question récemment. Ce stage avec Argos-Shimano change vraiment tout pour moi (rires). Disputer des cyclo-cross a toujours été un immense plaisir. Le Championnat du Monde de cyclo-cross ont toujours été un objectif prioritaire, et ce dans toutes les catégories d’âge. Représenter mon pays aux Mondiaux, c’est toujours un grand moment. Certes. Mais il va sans doute falloir que je passe à autre chose désormais. Ce stage me fait cogiter. Il faudrait peut-être que je me concentre exclusivement sur la route. En tout cas, je ne pense plus du tout aux cyclo-cross de cet hiver dorénavant. Je suis concentré à 100% sur ma fin de saison avec Argos-Shimano.

Crédit Photo : Hervé Dancerelle -  www.directvelo.com
 

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