Latour : « Les victoires en montagne ne sont jamais volées »

Le Tour des Pays de Savoie, qui dévidera ses cols de jeudi à dimanche, inspire Pierre-Roger Latour (Chambéry Cyclisme Formation). Le vainqueur de la Classique des Alpes Juniors en 2011, sacré meilleur jeune sur la Ronde de l'Isard en 2013, peut espérer imposer son style de battant au gré de la semaine. Il se confie à www.directvelo.com.

DirectVelo : Quand tu montes un col, tu donnes manifestement l'impression de t'arracher la gueule. Comment fais-tu pour t'accrocher ?
Pierre Latour : C'est vrai que je m'arrache. Comme je ne peux pas monter à vitesse constante sur les plus grandes courses, je me mets en danseuse, je me laisse glisser du groupe des favoris et je reviens. Ou alors je prends dix mètres d'avance et je me fais reprendre puis je repars en tête... La tête joue un rôle important. Si tu décroches mentalement dans un col, tu prends de suite un gros éclat. Au pied de la montée, je me dis que j'ai dix kilomètres à grimper, et ensuite j'enclenche le compte à rebours : plus que neuf, plus que huit... Je fais ce que je peux !

« En montagne, c'est toujours le plus fort qui gagne »

A l'origine, tu avais des qualités assez éclectiques et tu as même enchaîné les saisons en cyclo-cross. Pourquoi t'es-tu orienté vers des courses de haute montagne ?
Parce que ce sont les plus belles. Les victoires en montagne ne sont jamais volées. On ne peut pas rester dans l'aspiration, la tactique sur un col est un paramètre moins déterminant que sur le plat. C'est toujours le plus fort qui gagne. Et les courses dures sont celles qui font rêver la plupart du peloton. Je n'ai pas toujours eu cette attirance pour les grands cols mais la Classique des Alpes Juniors m'a servi de déclic : la première année je termine quatrième, la seconde je gagne.

Pourtant, la Classique des Alpes n'a pas révélé que de purs grimpeurs au palmarès...
Sur une épreuve d'un jour, un costaud peut passer même s'il n'est pas véritablement un grimpeur. Mais moi, j'ai aussi terminé 3e du Tour du Valromey, avec de la montagne au programme chaque jour. J'aime quand il y a de la bosse. Plus exactement, je suis à l'aise sur une course par étapes qui grimpe. Comme je me débrouille bien en contre-la-montre et dans les ascensions, je peux prendre une bonne place au final. C'est ce que j'ai fait au Tour du Pays d'Olliergues et au GP de Nyons chez les Juniors. L'an passé, pour ma première saison chez les Espoirs, j'ai manqué des rendez-vous importants : un kyste à la selle m'a contraint d'abandonner la Ronde de l'Isard et de renoncer au Tour des Pays de Savoie.

Tu t'es bien rattrapé cette année à l'Isard, avec ton maillot de meilleur jeune et te sixième place ?
J'étais content. Je me suis accroché dans les cols et je fais un bon résultat. Les Colombiens étaient très forts et, nous autres, un bon ton en-dessous. En Savoie, ce sera différent. L'opposition sera plus solide dans l'ensemble et plus expérimentée aussi. Le parcours est également plus relevé, avec deux fois plus d'étapes de montagne.

Auras-tu un rôle de leader ou de co-leader au Chambéry CF ?
Non. Nous sommes plusieurs à pouvoir tirer notre épingle du jeu dans les ascensions : Maxime Le Lavandier, Clément Chevrier, Bastien Duculty et moi. Après la première étape, nous verrons qui est le mieux à même d’être leader. Et si Matteo Draperi ou Nans Peters sont dans l'échappée le premier jour et prennent une avance intéressante, alors nous pourrions jouer avec tous les six coureurs de l'équipe ! C'est dommage que Mathieu Le Lavandier soit blessé, parce qu'il aurait pu faire de très bonnes choses en montée… (lire ici)

« J'évite les cols à l'entraînement »

As-tu escaladé les principales difficultés du parcours ?
En règle générale, j'évite les cols à l'entraînement parce qu'à la longue, on devient diésel ! Mais j'aurais bien voulu faire un petit repérage quand même... L'ennui c'est que la météo n'était pas bonne... J'ai un livre sur les cols de la Maurienne, ça peut me donner une idée. Et puis, les copains vont me conseiller.

Le soulagement, c'est quand même d'avoir réussi à décaler une date d'examen du BTS Electrotechnique, afin de participer à l'épreuve ?
On l'a échappée belle (rires) ! J'avais un oral prévu le matin de la deuxième étape. Si je n'avais pas pu obtenir une autre date, j'aurais dû filer à l'examen entre deux jours de course. Je serais allé à Romans pour l'oral à 8h et je serais revenu en trombe à Chambéry pour prendre le départ de la deuxième étape, une ou deux heures plus tard.

Es-tu prêt à prendre le risque de rater les Championnat de France, une semaine après le Tour des Pays de Savoie, pour le cas où tu serais fatigué ?
Je prends le risque. Bien sûr, j'adore les Championnats de France et c'est étrange de me dire que je vais peut-être les manquer cette année. Mais l'hypothèse existe que je ne sois pas assez frais pour les courir. Je n'ai pas vraiment fait de pause depuis que j'ai commencé la saison. Certes, j'ai débuté avec un mois de retard suite à ma fracture de la clavicule en janvier. Les premières courses ont été difficiles parce que tout mon travail de préparation hivernal avait été anéanti par ma coupure. Alors, j'ai beaucoup couru. Jusqu’à présent, je ne suis toujours pas fatigué. La semaine dernière, sur le Championnat Rhône-Alpes, je me sentais assez bien et j'ai pu boucher un trou d'une minute sur les sept échappés. Ensuite, je me suis entraîné derrière scooter. Si je suis obligé de me reposer pendant les Championnats de France, ce sera bénéfique pour la suite de la saison. Pour l'instant, je n’y pense pas trop. Je veux me concentrer sur le Tour des Pays de Savoie et me faire plaisir.

Crédit Photo : Pierre Carrey - www.directvelo.com
 

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