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Wiggins : «J'ai repensé à tout»

Dominateur dans le contre-la-montre, Bradley wiggins a refusé ensuite de s'exprimer avec son «français de bistrot». Car il savait que les mots prononcés samedi feraient date. Ce sont ceux d'un vainqueur du Tour et il les voulait le plus précis possible.

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«Bradley Wiggins, que retenez-vous du chemin parcouru ?
On a besoin de déceptions pour être plus fort. J'avais fait une bonne année 2009 (4e du Tour). Puis il y a eu les déception de 2010 (23e), de l'an dernier (abandon). J'ai fait le point. On a revu l'entraînement, le style de vie, je crois qu'on a fait de bons choix. L'an dernier, j'avais passé la dernière semaine à regarder la télé. J'avais vu le bonheur de Cadel (Evans) après la victoire et ça m'avait donné envie de vivre la même chose.

Qu'avez-vous ressenti dans les derniers kilomètres du chrono ?
Les dix derniers ont été exceptionnels. J'ai repensé à tout ce qui m'était arrivé, au départ mon père quand j'étais enfant. Il était aussi mon modèle, il est parti et je l'ai perdu définitivement l'année dernière. La vie avec ma mère dans un petit appartement. Quand on me critiquait en disant que je terminait quatrième parce que le Tour est de moins bonne qualité. Ca me touche moins, mais ça affecte une famille. Quand je regardais le Tour à la télé, à dix, onze ou douze ans, vous rêvez de gagner le Tour un jour. Mais vous habitez au centre de Londres, c'est un rêve. C'est ça qui rend la chose exceptionnelle. Ca fait grandir de passer par toutes ces étapes. Avoir été champion du monde juniors. Et tant d'autres choses.

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Est-ce que cela a été dur de supporter la pression d'être favori ?
Ces trois dernières semaines, je me suis souvent dit : ce n'est que du sport. Ce n'est pas la vie ou la mort. Quand on voit la foule qui vous attend à l'arrivée, c'est parfois facile de perdre la perspective sur les choses. Ce qui m'aide, c'est d'être capable de prendre un peu de recul. Le sport, c'est ce qui vous donne une structure, une discipline. Ca vous donne une ligne à suivre. Dans mon cas, ça a marché, j'ai gagné le Tour, qu'est-ce qu'il y a de plus grand que ça ?

Avez-vous conscience tout de même de ce que vous réalisez et notamment d'être le premier Britannique à gagner le Tour ?

On vit coupé du monde, même s'il y a des chose qui filtrent, avec twitter, si j'ai eu des messages. J'en ai eu un en direct de Joey Barton (footballeur connu pour ses excès). C'est quand même étonnant. Il avait réagi après que j'ai dit des gros mots et ça aussi c'est étonnant... (...) Il n'y a pas beaucoup de vainqueurs du Tour, ce n'est pas comme s'il y en avait un différent chaque année. C'est une liste très sélect. Être le premier Britannique, aller plus haut que Robert Millar, Tom Simpson, c'est impressionnant. Mais je ne me sens pas de la même classe qu'eux car ce sont des héros de mon enfance. C'est difficile de s'imaginer de leur niveau. A l'époque, internet n'existait pas. Ces gens étaient lointains. On avait une photo dans un hebdomadaire, pas plus que ça. Je m'imagine mal être leur égal.

Comprenez-vous que beaucoup imaginent des mésententes entre vous et Chris Froome ?
Beaucoup de gens voudraient qu'on en fasse toute une histoire. On a mangé et déjeuné ensemble ce matin, si vous voulez savoir. Il n'y a pas de problème, pas de tension. Si on a été bons, c'est parce qu'on a travaillé en équipe. L'année prochaine, ce sera peut-être Chris qui sera en jaune.

Et que d'autres reprochent à ce Tour de ne pas avoir été spectaculaire ?
Il faut simplement regarder les vidéos, regarder ce que d'autres ont fait. On a critiqué Armstrong comme cela. Mais il a gagné des Tours en étant spectaculaire. Je crois que c'est la même chose ici.»

«Aller plus haut de Robert Millar, Tom Simpson, c'est impressionnant. Mais je ne me sens pas de la même classe qu'eux car ce sont des héros de mon enfance.»
publié le 21 juillet 2012 à 19h20 mis à jour le 21 juillet 2012 à 23h05
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