L'ÉQUIPE

Voeckler sans illusion

Quatrième et premier Français l'an dernier, Thomas Voeckler a cru ne pas pouvoir prendre le départ. S'il ne souffre plus du genou qui l'a forcé à s'arrêter récemment une dizaine de jours, le coureur d'Europcar sait qu'il «n'y aura pas de miracle.»

ma liste
commenter
réagir

«Thomas Voeckler, avec votre problème à un genou, avez-vous encore des ambitions pour le classement général ?
Je n'en avais déjà pas. Je n'en annonçais pas et je n'en avais pas dans mon for intérieur. Je ne dis pas que j'allais gâcher les occasions ou baisser les bras à la première difficulté mais là, je ne pouvais même plus plier la jambe il y a dix jours.

Un bon début de Tour peut-il vous permettre d'espérer de nouveau faire aussi bien que l'an dernier ?
Ce n'était déjà pas évident d'essayer de refaire aussi bien du fait du parcours et de la marge de manoeuvre dont je n'aurais pas forcément bénéficié. Là, je ne me fais pas d'illusion. Il ne faut pas être expert en sport de haut niveau pour comprendre que si on fait douze jours sans activité sur les vingt-deux avant le Tour, on met du temps à s'en remettre. Après, il n'y a pas toujours de logique dans le vélo. Quand j'ai gagné le Grand Prix de Québec (en 2010), je venais de passer trois semaines à faire des barbecues et une heure de vélo par jour... Il y a au moins un bon côté : ça m'enlève un peu de pression. Je suis au départ, ce ne sera que du bonus. Je serai déjà surpris d'arriver dans le même temps que le vainqueur à Seraing (terme de la première étape). Je me vois plutôt prendre une cassure parce que l'arrivée est dure.

L'ÉQUIPE

C'est justement une arrivée qui vous convient...
Oh... l'an dernier, le Mont des Alouettes, c'était aussi une arrivée pour moi et si j'ai terminé devant, je n'étais pas dans les premiers (14e). Si j'avais été à 100%, j'aurais pris autant de risques pour me placer qu'au pied du Quaremont (mont mythique du Tour des Flandres) pour suivre les offensives. Là, il n'y aura pas de miracle. Je vais essayer de finir le moins loin possible, puis de m'accrocher en espérant retrouver un peu de condition physique et de croiser les doigts pour continuer à ne pas avoir de douleurs physiques, comme depuis le début de semaine.

Vous serez  donc l'équipier de Pierre Rolland ?
Bien sûr, mais même si j'étais à 100%, je serais son équipier s'il était mieux que moi. Alors là, avec ma préparation contrariée, si je suis juste, bien sûr Pierrot pourra compter sur moi, même en dehors des étapes de montagne. Dans le domaine extra-sportif, pour les endroits stratégiques, les conditions météo, les tactiques... Je pense être en mesure de lui donner un bon coup de main. Vous savez, il n'y a aucun coureur, à part Lance Armstrong, qui arrive à être à 100% plusieurs années de suite. Donc si, par bonheur, on arrive à avoir la même condition physique que l'an dernier et à être là dans le final, il n'y aura pas forcément de stratégie qui se mettra en place.

Comment réagissez-vous aux révélations de L'Equipe ?
Dans ce genre de situation, il y a deux solutions. Soit vous bougez les bras en essayant de remuer ciel et terre, de rameuter tout le monde en disant que c'est un scandale, soit ça vous passe un peu au-dessus et vous essayez de passer à autre chose pour ne pas perdre d'énergie. Je pense que je vais adopter la seconde stratégie. Franchement, je ne suis pas dans une position où je dois me justifier. Je suis là pour prendre le départ du Tour de France, alors que j'ai failli ne pas y être. Je suis très heureux d'être là et ce ne sont pas quelques lignes qui vont changer quelque chose à cela.

Pensez-vous que votre réussite l'an passé a pu suscité des jalousies ?
C'est ma douzième année pro et je ne pense pas que ça date de l'an dernier, où j'ai quand même été critiqué. Il faut faire avec. Vous savez, quand je vois un coureur qui écrase des courses - ce qui n'a jamais été notre cas non plus - même moi, je me demande si on ne me prend pas pour un con. Alors pourquoi les autres ne se diraient pas les mêmes choses que nous ?»

«Je pense être en mesure de donner un bon coup de main à Pierre Rolland»
«Quand je vois un coureur qui écrase des courses, je me demande si on ne me prend pas pour un con. Pourquoi les autres ne se diraient pas les mêmes choses ?»
publié le 28 juin 2012 à 17h30 mis à jour le 29 juin 2012 à 10h30
Les commentaires sont soumis à des règles de modération. lire la charte