Arnaud Démare : « Un sentiment grandiose »

Confidences du nouveau Champion du Monde Espoirs, Arnaud Démare, joint au téléphone par www.directvelo.com trois heures après sa victoire au sprint, à Copenhague. Le ton est calme, l'émotion contenue mais les mots trahissent tout le bonheur d'avoir conquis le titre suprême.

DirectVélo : Ce maillot arc-en-ciel, c'est un aboutissement de longs mois de travail ?
Arnaud Démare : Oui. Je rêvais de lever les bras à Copenhague et tout le monde m'en parlait depuis le début de saison, un peu avant même. On me disait "Cette année le parcours est fait pour les sprinters, c'est pour toi !" Alors, réaliser exactement ce qu'on attendait, ce pour quoi on était attendu, c'est un sentiment grandiose.

Tu as perçu de la tension pendant la course ?
L'équipe de France était annoncée comme favorite et ça frottait beaucoup dans le peloton. Mais on s'est montré très vigilant et on s'en est bien sorti. L'équipe avait décidé de ne pas trop contrôler la course parce que nous avions peur de nous faire contrer. La pression, je l'ai surtout ressentie dans les semaines qui ont précédé ce Mondial.

Comment l'as-tu domptée ?
De la même façon qu'à la Côte Picarde, où j'étais très attendu aussi, sur une épreuve de ma région. J'essaie de prendre du recul. A Copenhague j'avais prévenu que je n'avais pas une saison à sauver. Si c'était mon tour de gagner, le destin allait me sourire. Sinon, je savais que l'équipe de France et moi aurions donné le meilleur de nous-mêmes et que nous ne pourrions pas avoir de regrets.

« Obligé de chasser deux fois au cul du paquet »

Il y a quand même eu un moment d'affolement dans la course ?

Oui, j'ai connu un incident mécanique à la mi-parcours : j'ai cassé deux roues, le plateau, la pédale... J'ai dû prendre un mulet. J'enrageais de savoir que mon Look, spécialement préparé pour les Championnats du Monde, ne pouvait plus me servir. C'était une vraie Formule 1 ! Heureusement, le mécano a pu le réparer et nous avons procédé à un changement de vélo parfait, comme en cyclo-cross ! A cause de ce pépin, j'ai quand même été obligé de changer deux fois de machine et donc de chasser deux fois au cul du paquet. J'étais inquiet que ces efforts me causent un préjudice dans le final.

Tu as bénéficié du soutien très appuyé de tes coéquipiers...
Il faut les féliciter eux avant de me féliciter moi. Je suis extrêmement reconnaissant envers eux. Toute l'équipe et le staff ont fait un travail exceptionnel pour me mettre dans les meilleures dispositions. Je ne remercierai jamais assez Adrien Petit qui m'a lancé le sprint mais méritait tout à fait de gagner.

Vos bons rapports en-dehors du vélo ont-ils joué un rôle dans cette victoire ?
J'ai apprécié d'être dans une équipe avec des amis. Adrien et moi, on se connait depuis longtemps : on a couru ensemble au Team Wasquehal et au CC Nogent. Romain Delalot est un autre ami, on est coéquipier le reste de la saison à Nogent. Quand on se connait, on se comprend mieux. Mais c'est bien toute l'équipe de France espoirs qui a été fantastique avec moi aujourd'hui !

A quel moment as-tu compris que tu avais course gagnée ?
A cinquante mètres de la ligne.

« Un moment fort de partager l'émotion avec ma famille »

Qu'est-ce qui te sépare du titre mondial et de ta cinquième place de l'an passé ou de ta deuxième place sur le Mondial Juniors en 2009 ?

J'ai surtout progressé en puissance. Cette année j'ai beaucoup travaillé dans ce domaine et mon stage avec la FDJ cet été m'a fait beaucoup de bien. J'ai pu en mesurer les effets et sur une course aussi longue que celle d'aujourd'hui, sur un sprint disputé en faux-plat montant, je me sentais plus à l'aise.

Quel a été le meilleur moment de la journée ?
Quand j'ai pu serrer ma famille dans mes bras après la ligne d'arrivée. Mes parents et mes grands-parents avaient fait le déplacement pour me voir courir parce qu'ils savaient que ce rendez-vous était très important pour moi. C'était un moment fort de partager mon émotion avec eux. J'aurais été déçu de gagner sans pouvoir les prendre dans mes bras.

La soirée s'annonce animée...
C'est sûr qu'on va fêter ce titre ! Ce n'est pas tous les jours que l'équipe de France ramène une médaille d'or dans un Championnat du monde. Et je sens autour de moi toute l'équipe qui est chaud bouillante !

Retrouvez en cliquant ici la fiche wiki d'Arnaud Démare.

Crédit Photo : Fabrice Lambert - www.sportbreizh.com
 

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