Luminet : « J'ai montré que je n'étais pas un mercenaire »

Benoît Luminet (CR4C Roanne), 37 ans, a disputé mercredi sa dernière course à l'occasion du Grand Prix des Foires d'Orval à Saint-Amand-Montrond (Cher). Le Ligérien qui a débuté au CR4C Roanne en 1988 s'est même imposé. Et porte ainsi à 149 son nombre de victoires en 1ère catégorie. A l'issue de l'épreuve, il s'est confié à www.directvelo.com.

DirectVélo : Dans quel état d'esprit étais-tu en franchissant une dernière fois une lignée d'arrivée ?
Benoît Luminet : J'ai eu de l'émotion en franchissant la ligne alors qu'au départ, ça allait. Cela devrait surtout me faire bizarre dans les jours à venir, quand je vais voir que c'est vraiment terminé.

« Je n'aurais jamais pensé gagner ma dernière course »

Qu'est-ce que cela fait de remporter sa dernière course ?

Disons que jamais je n'aurais imaginé pouvoir remporter ma dernière course. Je savais que la forme était là mais de là gagner... Mais je n'aurais jamais pensé gagner. Je voulais finir sur une bonne note, me faire plaisir. Ce soir (mercredi), je suis heureux de terminer sur une victoire pour ma dernière course. C'était une belle course, avec beaucoup d'attaques. Nous n'étions que deux du CR4C Roanne, avec Jérôme Mainard. Je n'étais pas le plus fort de l’échappée mais j'ai su m'économiser.

Certains vont dire que le peloton t'a fait un cadeau...
Très honnêtement, on ne m'a fait aucun cadeau. Et c'est bien mieux ainsi. Je ne m'attendais pas de toute manière à ce qu'on m'en fasse.

« J'arrête l'esprit libre »

Tu quittes le peloton avec 149 succès...

Oui 149e victoire en 1ère catégorie. Et j'ai 50 victoires des minimes jusqu'aux juniors. Cela doit donc m'en faire en tout 199... mais voilà ce sont des chiffres et je n'y accorde pas une importance particulière. Je retiens surtout l'émotion que l'on peut avoir après une victoire et le prestige. Aujourd'hui (mercredi), ce n'est pas ma plus grande victoire mais c'est la dernière course française de la saison, et il y a beaucoup de coureurs qui veulent la gagner.

Quelques heures après ta dernière course, qu'est-ce que tu te dis ?
Je suis heureux. C'est une grande page de ma vie, de 25 années, qui se tourne. J'arrête l'esprit libre.

Comment te sentais-tu dans le peloton ces dernières années ? Tu étais un des plus anciens...
Je sentais quand même du respect de la part certains coureurs. Après il y a quand même un fossé entre un jeune coureur et moi. C'était donc à moi et le moment de laisser ma place. Mais je ne veux pas faire le vieux con et dire que c'était mieux avant. Il y a du bon dans chaque période.

« Je n'ai pas fait le meilleur choix en 1997 »

As-tu des regrets concernant ta carrière ?

Je n'ai peut-être pas fait le meilleur choix en 97 en restant au CC Chatillon. J'ai voulu faire une 2e année dans ce club alors que j'avais la possibilité de rejoindre le VC Lyon Vaulx-Velin. C'était le meilleur club amateur de l'époque. Cela m'a un peu fait peur. Je ne voulais pas me retrouver noyer dans l'équipe...

En 1999, tu as été pro chez Besson Chaussures mais tu as cassé ton contrat au bout d'un an...
J'aurais dû faire une 2e année chez Besson Chaussures. J'ai cassé mon contrat alors que des coureurs aimeraient en avoir un chez les pros. En restant, j'aurais peut-être pu avoir la possibilité de rejoindre une plus grande équipe française ensuite. Ou peut-être que je serais vite retourné en amateur. On ne saura jamais. C'est une décision que je regrette mais que j'assume totalement.

Tu évoques toujours le Tour Alsace 2007 comme ton meilleur souvenir, pourquoi ?
Cette année-là, j'ai lancé ma saison mi-mai. J'avais des problèmes à un genou. Je suis resté plusieurs semaines sans savoir ce que j'avais vraiment. J'ai vu des médecins, des magnétiseurs... J'ai vraiment pensé à un moment que je n'allais jamais pouvoir reprendre le vélo. Puis finalement il y en a un qui a trouvé d'où venait le mal. Et en août je gagne le Tour Alsace, une très belle course avec un gros niveau. Le clin d’œil était sympa.

« Je ne suis jamais allé au plus offrant »

Tu as couru toute ta carrière avec le CR4C Roanne sauf trois années, mais ça a été parfois "je t'aime, moi non plus"...

Oui il y a eu des hauts et des bas, mais c'est normal. C'est comme dans une vie de couple. J'ai 37 ans. Dans le vélo, on dit qu'un coureur de mon âge est un mercenaire. Moi, j'ai montré que j'étais tout sauf cela. Je suis licencié au CR4C Roanne depuis 1988. J'ai toujours couru pour ce club excepté pendant trois saisons. Je ne suis jamais allé au plus offrant Je pense avoir beaucoup apporté au CR4C et inversement, le club m'a beaucoup apporté. Au moment d’arrêter, si je devais citer des gens qui ont compté je vais en oublier. Mais en pensant au CR4C Roanne, je pense à Noël Laurent (ancien président et pilier du club, NDLR). Je pense également à Jean-Pierre Dauphin, mon masseur de toujours.

Que vas-tu faire à présent ?
Le terme est pompeux mais je vais être une sorte de manager du CR4C Roanne. Je vais aider Jean-Charles Romagny dans sa tâche de directeur sportif. J'ai contribué au recrutement pour la saison prochaine. Je me suis investi sur certaines arrivées. Je regarde pour les stages, le matériel etc.

Retrouvez en cliquant ici la fiche wiki de Benoît Luminet.

Crédit Photo : Nicolas Gachet - www.directvelo.com
 

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