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Cyclisme/Tour de France 2011

Alexandre Vinokourov : « Une dernière fois avec le maillot jaune »

A 37 ans, c'est le dernier Tour de France cycliste pour Alexandre Vinokourov (2 au 24 juillet 2011). Dans un entretien qu'il nous a accordé, il revient sur sa carrière faite de hauts et de bas. Sur ses victoires ou la disparition de son ami et coéquipier Andrei Kivilev, le coureur kazakh nous livre ses sentiments. Pour lui, porter le maillot jaune une dernière fois serait comme une consécration.

Alexandre Vinokourov va courir son dernier Tour de France.
Alexandre Vinokourov va courir son dernier Tour de France. Getty Images/Spencer Platt
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RFI : On vous a vu très en forme sur le dernier Critérium du Dauphiné où vous avez porté le maillot jaune durant deux étapes. Comment vous sentez-vous à quelques jours du départ du Tour de France 2011 ?
Alexandre Vinokourov : Pour l’instant, je me sens bien. J’étais en stage avec toute l’équipe dans la semaine du 15 juin à St Moritz en Suisse et nous avons accumulé les kilomètres et préparé entre autre le contre-la-montre par équipe.

RFI : Comment abordez-vous ce Tour de France 2011 que vous allez courir pour la dernière fois ? Je rappelle que votre première participation date de 1999.
Alexandre Vinokourov : Mon dernier sur le vélo, c’est sûr, mais j’espère être encore là par la suite. En voiture comme directeur sportif ou alors en tant que simple spectateur sur le bord de la route. Je voudrais tout de même passer quelques jours en jaune voire même gagner une belle étape de montagne. On verra, mais la première semaine avec des arrivées en côtes me convient bien. Prendre le maillot jaune au début de ce Tour, c’est l’un de mes objectifs.

RFI : Quelle sera la différence avec la précédente édition où vous aviez partagé la vedette avec l’Espagnol Alberto Contador chez Astana ?
Alexandre Vinokourov : Moi, j’estime que j’ai une belle équipe et surtout que je n’aurai pas la même pression que l’année dernière. C’est toujours beaucoup de stress quand vous êtes avec le potentiel vainqueur du Tour de France. Nous n’aurons pas ce problème au départ et donc beaucoup moins de pression.

RFI : Pensez-vous le connaître assez pour déterminer ses failles et le battre ?
Alexandre Vinokourov : C’est difficile à dire. Je connais bien Contador depuis longtemps, l’année dernière j’ai roulé pour lui…C’est peut-être possible de le battre car il est probable qu’il soit fatigué après son Giro. Oui, je connais quelques points faibles d’Alberto, mais franchement s’il est aussi fort que lors de ce dernier Tour d’Italie, je ne vois pas qui peut le battre. En tout cas pour moi, les deux équipes qui devraient contrôler la course sont Leopard-Trek avec les frères Schleck et la Saxo Bank de Contador.

Alexandre Vinokourov lors de sa victoire sur les Champs-Elysées à Paris, le 24 juillet 2005.
Alexandre Vinokourov lors de sa victoire sur les Champs-Elysées à Paris, le 24 juillet 2005. Photo by Robert Laberge/Getty Images

RFI : Le profil montagneux de ce Tour de France 2011 vous laisse-t-il entrapercevoir une place sur le Podium ?
Alexandre Vinokourov : Ecoutez, on verra bien. Au début, je veux réaliser mon rêve, porter le maillot jaune une dernière fois et ensuite ce sera jour après jour. J’ai déjà fait un podium sur le Tour et une 5e place, mais je ne suis pas certain que cet objectif me donne la possibilité de me montrer au public et à mes fans. Je préfère tenter des coups pour que les gens me voient encore une fois à l’attaque. Je préfère être en jaune quelques jours et gagner une belle étape que de finir 5e. Qui se souvient de la troisième place de Denis Menchov l’année dernière ? Finalement, pourquoi pas le maillot à pois ?

RFI : Alors oui, votre 5e place de l’édition 2005 est oubliée, mais tout le monde garde en mémoire vos deux victoires lors de ce Tour, à Briançon et surtout sur les Champs-Elysées, face à la meute des sprinteurs. Racontez-nous cette époque.
Alexandre Vinokourov : Ben oui, justement ce midi je regardais cette victoire sur YouTube avec mes deux enfants. Aujourd’hui, ils ont l’âge de s’intéresser au sport et aux résultats de leur papa, et Paris, c’est une belle histoire. C’est difficile à imaginer, gagner dans la capitale française. Cela peut arriver une fois dans ta vie quand tu n’es pas sprinteur. Battre les sprinteurs sur l'avenue des Champs-Elysées, c’est la plus belle chose qui me soit arrivée, mieux qu’une 5e place au classement général.

RFI : En 2006, vous vous engagez avec l’équipe Liberty Seguros dirigée par Manolo Saiz (Manolo Saiz est arrêté le 23 mai 2006 par la Brigade des stupéfiants et mis en garde à vue 24 heures, ndlr) mais l’affaire Puerto vous empêche de participer à cette édition. Quels souvenirs gardez-vous de 2006 où vous avez tout de même gagné la Vuelta avec Astana ? 
Alexandre Vinokourov : J’ai été récompensé avec cette victoire sur la Vuelta. En 2006, c’était peut-être l’année où j’avais une chance de gagner le Tour, je sais c’est facile à dire, bah…c’est comme ça. Nous étions prêt à prendre le départ avec seulement cinq coureurs, j’ai un peu de regret mais que voulez-vous, c’est comme ça…

RFI : En 2007, vous avez quitté le Tour pour dopage, votre fédération vous a suspendu deux années. Avez-vous tourné la page ?
Alexandre Vinokourov : C’est toujours malheureux de quitter le Tour dans ces conditions, mais j’ai eu la chance de revenir l’année dernière. Etre revenu en 2010, pour moi c’est déjà une victoire.

RFI : Vous aviez pourtant dit que vous alliez mettre un terme à votre carrière après cette suspension de deux années.
Alexandre Vinokourov : Oui mais bon… comme on dit en France, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! Oui, j’ai changé d’avis et je voulais revenir à mon image d’avant 2007 et je pense que maintenant j’ai réussi. Moi, je veux montrer l’exemple, porter une dernière fois le maillot jaune et terminer sur une belle note. Je suis content d’être en forme, de sentir que le Tour arrive, ces trois semaines de folie et voir le public Français. Moi, j’ai commencé en France et j’aime le public Français.

RFI : Que représente Astana au Kazakhstan ? Est-ce que les gens s’intéressent au vélo ?
Alexandre Vinokourov : Oui, l’équipe à une bonne image et après ma médaille d’argent aux JO de Sydney et ce beau Tour de France 2005, les gens ont commencé à regarder le vélo. On m’a dit : « On va monter une équipe et tu vas gagner le Tour. » Aujourd’hui, c’est une façon de promouvoir mon pays et il y a même de la publicité sur Euronews ou Eurosport pour le tourisme au Kazakhstan. Cela représente plus qu’une équipe, c'est l'image de mon pays. Et tous les coureurs du groupe sont heureux d’être là dans une bonne ambiance.

RFI : Après avoir porté le maillot de leader sur des grands Tours et gagné de grandes classiques comme Liège-Bastogne-Liège, vous devez être un coureur comblé ?
Alexandre Vinokourov : C’est difficile à dire pour moi, mais comme je l’ai annoncé en début de saison, j’ai gagné tout ce que je voulais et pour moi la cerise sur le gâteau serait de porter une dernière fois le maillot jaune. Juste quelques jours pour sentir une dernière fois la sensation de rouler avec le maillot jaune, que ce soit sur le Dauphiné, le Tour de France ou la Vuelta, à chaque fois c’est extraordinaire. Voilà.

RFI: Quel est votre plus beau souvenir de ces 12 années de carrière ?
Alexandre Vinokourov : Alors là… (soupir) Comme ça, c’est difficile à dire. Peut-être mon arrivée en France, les 6 premiers mois avec Kivi (Andrei Kivilev), le premier contrat que nous avons signé ensemble avec Casino en 1997. C’est peut-être ça.

RFI : Justement, un petit mot sur votre ami Andrei Kivilev (mort à la suite d'une chute le 12 mars 2003 lors de l'édition de Paris Nice, ndlr). Est-ce que sa disparition est toujours une grande blessure ?
Alexandre Vinokourov : Bien sûr. C’est toujours une grande blessure quand tu perds ton ami d’enfance. Il aurait pu réaliser de grandes choses pour lui, le Kazakhstan et sa famille. Nous avons encore vécu ce drame sur le dernier Giro (la mort du Belge Wouter Weylandt, ndlr). C’est toujours une blessure dans mon cœur et je n’oublierai jamais. Chaque année nous lui rendons hommage à Saint-Laurent-du-Var lors d’une cyclosportive et à Saint-Étienne avec un chrono. Je vois sa femme et son petit garçon et j’invite ses parents chez moi au moins une fois par an, c’est le minimum que je puisse faire.


L'équipe Astana sur le Tour de France 2011 :

Alexandre Vinokourov (KAZ), Roman Kreuziger (TCH), Rémy Di Grégorio (FRA), Dmitriy Fofonov (KAZ), Andriy Grivko (UKR), Maxim Iglinsky (KAZ), Paolo Tiralongo (ITA), Tomas Vaitkus (LIT), Andrey Zeits (KAZ).

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