Andy, vous avez terminé 40ème du court contre-la-montre du Circuit de la Sarthe à 30 secondes du vainqueur, quelles sont vos impressions ?
Dans la voiture, on m’a dit que j’avais le meilleur temps sur les deux tiers du parcours (NDLR : il s’élançait dans la première vague), soit jusqu’à 2 kilomètres de l’arrivée. Ça m’a surpris même si j’avais à cœur de faire un bon contre-la-montre. J’ai terminé à 11 secondes de Denis Menchov, qui sera l’un des candidats à battre au Tour de France. Cette performance suffit à me satisfaire. Pour moi, c’est important d’être ici, de pouvoir à nouveau exister au sein du peloton. J’étais malade à Paris-Nice, j’ai dû quitter prématurément le Tour de Catalogne. Je voulais retrouver ma place dans le peloton et je suis très heureux d’être de retour.

6,8 kilomètres de contre-la-montre, n’est-ce pas trop court pour vraiment travailler ?
C’est très court. C’est la distance d’un prologue. Mais au Tour de France, on aura aussi affaire à un prologue. C’est difficile. Moi je préfère les contre-la-montre un peu plus longs, malgré tout c’est un bon test.

Comment est la forme actuellement ?
Juste avant le Circuit de la Sarthe, je suis allé en stage dans le sud de la France. J’ai fait beaucoup de kilomètres mais ça ne remplace pas la course. Je suis malgré tout très confiant pour les classiques ardennaises. Après le Circuit de la Sarthe, je vais enchaîner avec la Flèche Brabançonne, l’Amstel Gold Race, la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. Je pense que d’ici à Liège, je serai bien.

Quel va être votre programme dans l’approche du Tour de France ?
Après Liège-Bastogne-Liège, nous allons faire deux stages en montagne, dans les Alpes ou les Pyrénées, tout dépendra de là où il y aura le moins de neige. Après je disputerai le Critérium du Dauphiné avant d’effectuer un dernier stage avant le départ du Tour à Liège. On a aussi prévu de travailler spécifiquement le contre-la-montre au mois de mai. On va aller en soufflerie et sur la piste pour améliorer ce domaine-là.

Jusqu’ici, Johan Bruyneel vous a-t-il beaucoup apporté ?
Je suis très content d’être avec Johan mais pas seulement avec lui. J’ai aussi de très bons souvenirs avec Alain Gallopin. J’ai fait mes premières années professionnelles avec lui, je suis donc content d’être avec Alain comme avec Johan. Ce sont des spécialistes des courses par étapes et ils m’apportent aussi beaucoup à l’entraînement, notamment dans le contre-la-montre. Je pense que dans ce domaine, Bruyneel est le meilleur. Nous avons amélioré des choses par rapport à l’an passé, renforcé l’équipe avec des gars comme Chris Horner et Andreas Klöden, qui font partie des plus forts du monde.

Le Circuit de la Sarthe n’est pas la plus importante course de votre calendrier, vous aimez revenir sur des courses de ce calibre, avec moins de pression ?
J’aime beaucoup. Ça me rappelle mes premières années professionnelles, et ce sont de bons souvenirs. Ces dernières années, j’ai essentiellement disputé de grandes courses avec toutes les équipes WorldTour. Je n’avais plus couru à ce niveau depuis longtemps, avec un petit peloton, des équipes bridées à six coureurs, et des étapes où ça attaque de partout. Ça fait vraiment plaisir. C’est une vraie course française. Les bus sont retenus sur les grandes courses, nous sommes venus ici avec le camping-car, et ça fait plaisir. On se sent plus proches des gens, on dort dans de petits hôtels. Mais j’ai toujours gardé les pieds sur terre, je n’ai pas besoin de grand luxe. Des expériences comme celles-ci me font plaisir.

Va-t-on vous voir tester votre forme aujourd’hui et demain ?
Ce jeudi, ça va être le jour décisif, étant donné le final casse-pattes. Avec des équipes de six mecs au maximum, je ne vois aucune équipe capable de contrôler un peloton. Je pense tenter quelque chose, essayer d’être devant, et puis on verra. Je pense que les dix premiers ce soir seront les dix plus forts de la course, si je suis là je suis content. Tout le monde a sa chance dans notre équipe sur cette course. Certains se réserveront peut-être pour le final, d’autres tenteront de prendre l’échappée.

Deux mois après le verdict dans l’affaire Contador, vous êtes-vous fait à l’idée que vous étiez désormais un ancien vainqueur du Tour de France ?
Pour moi, rien n’a changé jusqu’à présent. Peut-être sur les livres, d’accord, mais bon… De toute façon, le Tour de France 2010 a toujours été pour moi celui qui restait dans mon cœur. Je l’ai toujours considéré comme une petite victoire car j’y ai connu beaucoup de malchance, avec mon saut de chaîne au Port de Balès. Ça reste une petite victoire sur le papier mais pour moi ça ne change rien. Quand on m’annonce comme le vainqueur du Tour 2010, ça me gêne. Pour moi, il manque le maillot jaune à Paris. Le plus beau souvenir d’un Tour victorieux, c’est le tour d’honneur sur les Champs-Elysées. Je vais essayer cette année et si ça ne marche pas, j’ai encore beaucoup d’années devant moi.

Propos recueillis à Angers le 4 avril 2012.