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"On m'a manqué de respect"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 04/07/2010 à 01:46 GMT+2

Fabian Cancellara a été l'homme clé du printemps. Auteur d'un fabuleux doublé Tour des Flandres - Paris-Roubaix, le Suisse a ensuite été soupçonné d'avoir utilisé un vélo motorisé. Entre écoeurement et détermination, il dit, dans l'entretien qu'il nous a accordé, avoir tourné la page. Prologue à 16h

2010 Tour de France Fabian Cancellara

Crédit: AFP

Fabian CANCELLARA, ce prologue de Rotterdam semble fait spécialement pour vous. On imagine que c'est un objectif majeur pour vous…
F.C. : Oui, bien sûr, un Tour de France qui commence par un prologue, c'est forcément un objectif pour moi. Comme toujours. Je vais essayer de mettre le maillot jaune sur mes épaules et de le garder le plus longtemps possible. Mais il faut le courir ce prologue, ça se gagne sur la route. Mais je pense pouvoir aller vite sur ce type de parcours, c'est certain.
A-t-il été difficile pour vous de vous remotiver pour préparer le Tour de France après votre doublé Ronde-Roubaix?
F.C. : (Il réfléchit). Non, pas forcément, parce que j'ai vraiment bien coupé après les classiques. Mon corps aurait pu continuer. Physiquement, je n'étais pas fatigué. Je me sentais bien. Mais mentalement, j'étais cuit, vidé. Je ne pouvais plus courir. C'est pour ça que j'ai renoncé à l'Amstel. J'ai vraiment coupé complètement. Puis j'ai vite compris quand j'ai repris la compétition que courir sans s'entraîner à fond, c'était très dur! Du coup, j'ai retrouvé l'envie de me préparer et d'être prêt pour le Tour.
Est-ce compliqué pour vous de passer d'un statut de leader absolu au printemps à celui d'équipier de luxe en juillet pour les frères Schleck?
F.C. : Non. Je pense être un vrai coureur d'équipe. Je sais quand il est nécessaire d'être un leader, un capitaine de route, et un équipier. Dans tous les cas, je peux jouer différents rôles et je donne le meilleur de moi-même. Au contraire, ça m'aide parfois d'être un équipier, parce que je sais comment motiver mes coéquipiers dans les classiques par exemple, quand je redeviens un leader. Je pense que c'est bien de voir des deux côtés du miroir. Je sais à quel point il est difficile de tout donner pour un leader. Je crois que les gars me respectent pour ça dans l'équipe. Ils se disent: "il a un grand palmarès, il gagne des grandes courses, et il est capable de se mettre minable pour d'autres, comme les frères Schleck."
Vous aurez aussi un rôle important à jouer sur les pavés, mardi prochain…
F.C. : Sans doute. J'ai dit à Frank et Andy de ne pas se poser de questions. Les pavés, c'est simple. On entre dessus à 65-70 km/h, et surtout, on entre dessus en étant devant. Les problèmes arrivent derrière sur les pavés. Mais je connais bien Andy et Frank. Techniquement, ils sont bons sur les pavés. Ils savent manier leur machine. Je ne veux pas dire du mal des coureurs espagnols, mais certains ne savent pas manier leur vélo sur les pavés. Frank et Andy, si. Je crois que l'équipe Saxo Bank sera devant. Elle va agir et non subir mardi.
A titre personnel, au-delà du prologue, pensez-vous aussi au dernier contre-la-montre entre Bordeaux et Pauillac?
F.C. : Clairement. Surtout parce que ça manque à mon palmarès. Ce chrono va partir de Bordeaux et arriver à Pauillac. Qui connait le vin sait bien que nous allons passer à travers les plus fameux châteaux, devant les plus grands vins. C'est une motivation pour moi. J'ai fait un petit pari avec des amis sur ce chrono. Plus sérieusement, je n'ai jamais gagné de contre-la-montre sur le Tour en dehors du prologue. C'est prestigieux. Et en plus, je pourrais ramener du bon vin à la maison en plus d'un trophée !
Il y a quelque temps, vous aviez évoqué le fait que vous rêviez de jouer un jour le général sur le Tour. Est-ce seulement un rêve, ou y pensez-vous toujours?
F.C. : D'abord, le Tour, c'est un rêve. Cela restera probablement un rêve, alors que d'autres courses sont des objectifs, comme les 5 monuments des classiques ou les Mondiaux. Ça, je peux le faire. Le Tour, c'est autre chose. Ca reste un rêve. Et je ne dois pas confondre mes rêves et mes objectifs. Mais c'est important d'avoir les deux dans la vie.
Evoquons maintenant les choses qui fâchent, avec ces soupçons de tricherie qui ont porté sur vous lors du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix. Que pensez-vous de cette histoire de vélo à moteur comment avez-vous vécu cet épisode?
F.C. : C'est frustrant. C'est décevant. On ma manqué de respect. Je travaille si dur depuis des années. Je me suis battu pour gagner ces grandes courses. Et d'un seul coup, je me retrouve à être la cible de tout le monde pour une histoire de moteur dans mon vélo. Je ne veux pas trop en parler, mais comment on peut imaginer mettre un moteur ou une batterie dans un vélo? Ca ferait beaucoup de bruit. Je n'y crois pas. Quand je pense qu'il y a des gens qui ont fait des recherches sur des vidéos pour essayer de voir quelque chose, tout ce qui a été écrit…Maintenant, c’est derrière moi. Je veux mettre un terme à cette histoire et regarder de l'avant. Je ne sais pas, ça doit faire partie de la vie d'un champion qui obtient des résultats, qui est connu, qui gagne de belles courses. C'est comme ça.
Avez-vous reçu des soutiens?
F.C. : Eddy Merckx m'a dit "ce n'est pas juste, tu as gagné ces deux courses d'une superbe façon. Personne n'avait fait ça depuis des années et tu l'as fait. Ce n'est pas juste de remettre ça en cause. Tu ne mérites pas ça." Ça m'a fait plaisir.
Et vos collègues, dans le peloton, vous en parlent-ils beaucoup?
F.C. : Non. En fin de compte, il n'y a pas grand chose à dire. Beaucoup en ont ri. Beaucoup m'ont dit que ce n'était pas juste, que j'avais fait un truc incroyable sur ces deux courses. Au moins, j'ai pu ressentir les gens qui étaient derrière moi. Ils étaient nombreux et tous m'ont dit de laisser tomber, de passer à autre chose. C'est ce que j'ai fait.
Pour vous, est-ce une forme de jalousie vis-à-vis de vous? Ou de Saxo Bank?
F.C. : Je ne sais pas si c'est de la jalousie ou pas. Je ne comprends pas ça. Moi, je suis heureux quand je vois un coureur remporter une grande victoire d'une belle façon. Mais en arriver à se dire "il doit avoir un moteur…". On travaille tous dur pour y arriver. Ce n'est pas juste. Mais une fois encore, c'est la vie.
Est-ce que cette histoire vous fait douter?
F.C. : Non. C'est très bien comme ça. La prochaine fois, je peux vous dire que j'enfoncerai encore plus le clou et je ferai encore plus de dégâts. Pour montrer à tout le monde qui je suis vraiment. Je suis le gladiateur et je vais me battre.
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