Prudhomme: "Je suis fier"

Christian PRUDHOMME : Ce n'est pas une surprise, mais je suis content que ça se soit passé comme on l'espérait. Il y a eu du suspense jusqu'au bout, avec cette victoire de Carlos Sastre, qui a réussi à préserver son maillot jaune, face à un Cadel Evans qui était visiblement fatigué par trois semaines d'efforts. Nous avons eu un beau Tour, avec du suspense, des attaques, mais aussi avec des visages fatigués. On l'a encore vu lors du chrono, où les premiers du classement général étaient assez loin des spécialistes du contre-la-montre. C'est rassurant. Oui, c'était un beau Tour, dont je suis fier.

C.P. : Je ne suis pas surpris que Carlos Sastre ait gardé son maillot jaune. En revanche, j'ai été un peu étonné de l'écart. Je ne pensais pas qu'il garderait un peu plus d'une minute d'avance. Evans était fatigué. On l'avait senti dès dimanche dernier à Prato Nevoso, cela s'était confirmé dans l'Alpe-d'Huez. Une fois encore, tout s'est joué dans l'Alpe. On le sait aujourd'hui. Evans a tout tenté samedi mais ça n'a pas suffi. Sastre a pleinement utilisé la minute trente dont il disposait. C'est mérité, car il a osé en attaquant à l'Alpe-d'Huez. Je souhaitais une prime à l'offensive il y a trois semaines. Je ne peux pas ne pas m'en féliciter aujourd'hui. C'est aussi une victoire tactique, celle de son équipe.

C.P. : Ecoutez, je suis content de voir que dans la plupart des médias, on ne se dise plus que dans le cyclisme, tout est suspect. On le doit à l'agence française antidopage, qui a effectué un boulot remarquable. Quand il y a des gens qui trichent, on les prend et c'est normal. C'est le contraire qui serait embêtant. Ils trichent, ils sont dehors.

C.P. : Oui, globalement, je suis content de l'ensemble du Tour, parce que nous avons eu du suspense et de la bagarre. Les Français aussi nous ont fait plaisir, en osant beaucoup. Trois victoires d'étapes, le maillot jaune de Romain Feillu, Casar 14e, Moinard 15e, c'est un bilan nettement supérieur à celui de l'année dernière.

C.P. : Pour nous, le plus important, c'est cet enthousiasme indescriptible que l'on a vu pendant trois semaines. La Bretagne avait magnifiquement lancé le Tour et ça s'est poursuivi ensuite. On a vu de l'envie, de la passion, des pancartes "Vive le Tour" partout. C'est la seule épreuve au monde qui a ses propres pancartes. On ne célèbre pas seulement des champions, mais la course en elle-même. Ca fait vraiment chaud au coeur, de voir que, 105 ans après, le Tour reste toujours autant d'actualité. Ceux qui l'ont inventé étaient vraiment des génies.

C.P. : Parce que je crois que chacun commence à comprendre que ceux qui trichent doivent être mis dehors et que c'est la norme. Il n'est pas anormal qu'une, deux ou trois personnes sur 180 soient des tricheurs. C'est la norme, dans n'importe quel pan de la société, même au-delà du sport. Maintenant, il faut que l'AFLD et toutes les instances chargées de lutter contre le dopage continuent de bien travailler. Mais le sport cycliste est sur la bonne voie et j'ai bon espoir que, dans quelques temps, on pourra dire que le Tour 2008 aura été le Tour de la bascule.