Gilbert: "un seul scénario est le bon"
- Publié le 20-03-2008 à 07h51
Philippe Gilbert nous décortique la Primavera
SANREMO Depuis ses débuts pros, le Liégeois est réputé pour son sens tactique. Une qualité essentielle pour vaincre samedi...
Qu'est-ce qui vous plaît à ce point dans Milan-Sanremo ?
"Déjà la distance : 300 kilomètres, c'est vraiment spécial ! Quand je parle de cela avec des débutants qui font des courses de 60 km, ils sont toujours ébahis. Moi-même, quand j'avais leur âge, je me disais que, jamais, je ne pourrais. Et pourtant, en heures de selle, 6 h 30, c'est pas plus long que Liège ou la Lombardie, où il faut être plus endurant. Sur Liège ou le Tour des Flandres, ma moyenne cardiaque est de 150 pulsations, à Sanremo, elle n'est que de 140."
C'est moins dur ?
"Toute la première partie, bien calé dans le peloton, vous vous faites aspirer. Ça passe tellement vite. Au bas de la descente du Turchino, il reste encore plus de cent vingt kilomètres et pourtant, si on a le vent dans le dos, le long de la mer (NdlR : c'était le cas hier), on file à l'arrivée sans s'en rendre compte. Il faut vite manger, car après, on n'aura plus le temps."
Mais encore ?
"Ensuite, l'ambiance est très spéciale. C'est l'Italie. Celle qui aime le cyclisme. Ici, tout le monde vit pour le vélo. Prenez vos confrères italiens, ce sont des passionnés, plus des supporters que des journalistes... À Paris-Nice, il y avait des spectateurs, mais les gens doivent regarder le maillot et le dossard pour savoir qui est qui. Parfois j'en entends qui disent : 'Ah, tiens, la Française des Jeux a une équipe...'"
Et sportivement, qu'a la Primavera de spécial ?
"Tactiquement, c'est une course très difficile à négocier aussi. Il y a vingt-cinq scénarios possibles, mais un seul est le bon. C'est avant tout une question de nerfs ! Il faut surtout les avoir solides. Celui qui craque le premier, celui qui attaque trop tôt, brûle ses cartouches. L'important, c'est d'être économe."
Parlez-nous de ses difficultés.
"Dès le Capo Berta, qui est le plus dur des capi, on sait si on peut jouer la gagne. Si ça vous brûle déjà très fort dans les jambes, vous pouvez déjà oublier la victoire. Mais si vous montez en souplesse, vous gagnez en confiance. Sinon, la côte la plus dure, c'est la Cipressa et sa descente est difficile à négocier. Il faut veiller à ne pas devoir effectuer d'efforts inconsidérés pour se replacer devant. L'approche du Poggio est très particulière, il faut être bien placé, c'est un véritable sprint et le virage en enfilade est bizarre aussi, avec le petit mur au milieu. Un jour, il y en a un qui va le prendre car on arrive à cet endroit à 55, 60 à l'heure. Si vous vous accrochez là, c'est fini. L'idéal, c'est d'avoir un équipier qui fait un sprint pour vous remonter, vous caler dans sa roue. Normalement, je compte sur Mickael Delage pour ça. Après, ce n'est pas une montée trop pentue, sauf le dernier kilomètre. Là, ça devient très, très, très dur."
© La Dernière Heure 2008