"Un Top 5 au Mondial, et je rêverai d'une médaille à Pékin"
- Publié le 08-09-2007 à 06h00
Le Belge dispute ce week-end les Championnats du Monde à Fort William, en Écosse
FORT WILLIAM Ce samedi, à 14 h, Filip Meirhaeghe va prendre le départ du Championnat du Monde de VTT qui se déroule depuis le début de la semaine à Fort William, en Écosse. Celui qui remporta l'or en 2003 à Lugano et qui fut suspendu durant quinze mois pour dopage est revenu à un niveau qui lui permet de rêver à une nouvelle médaille. Ces derniers mois, le personnage a mûri et si le VTT reste important dans son existence, il veut aussi mettre sa vie familiale parmi ses priorités. D'ail- leurs, dans quelques jours, il va se marier et dans quelques mois, la famille va s'agrandir avec la venue d'un premier bébé.
Filip, à 36 ans, avez-vous toujours autant de motivation avant le départ d'un Mondial ?
"Pour moi, cette course est la plus importante de l'année. Je me suis préparé pour être dans les meilleures conditions et j'aborde ce rendez-vous avec de réelles ambitions."
Comment s'est faite votre préparation ?
"Après les Championnats d'Europe en Turquie, j'ai eu besoin de prendre du repos. J'ai d'ailleurs participé au Championnat de Belgique en étant fatigué physiquement et psychologiquement. Le retour à la compétition s'est fait lors du Tour de Wallonie et j'ai finalement enchaîné avec le Championnat du Monde à Verviers."
Vous aviez, pourtant, un instant voulu faire l'impasse sur le rendez-vous verviétois...
"C'est Dominique Dejosé, mon entraîneur, qui m'a convaincu d'y participer. Et quelque part, c'était difficile pour moi de ne pas être au départ d'un Mondial qui se dispute dans mon pays. Avec le recul, je suis content d'y avoir participé et ma place (NdlR : 6 e ) me satisfait pleinement."
Après Verviers, direction l'outre-Atlantique...
"C'est devenu une habitude pour moi, je pars en altitude dans le Colorado. C'est la cinquième fois que je vais dans la station de Breckenridge, à 2.900 m d'altitude. Je me sens bien là-bas, je connais pas mal de monde et les conditions sont idéales pour l'entraînement."
Vous abordez la cour- se de Fort William dans les meilleures conditions, alors...
"En tout cas, je l'aborde l'esprit libéré. Ma dixième place en Turquie me qualifie pour les JO, c'est déjà une pression en moins. Et puis, les Mondiaux, cela m'a toujours réussi puisque j'ai déjà fait quatre podiums."
Les objectifs ?
"Un Top 10 me rapprochant, dans la mesure de mes capacités, du Top 5. En fait, tout va dépendre de mon départ. Avec l'âge (rire), je deviens un diesel. Si je ne perds pas trop de temps au départ, je pourrai rivaliser avec les meilleurs."
Depuis votre contrôle positif, quel genre de relations entretenez-vous avec les autres bikers ?
"C'est principalement avec les Français (Absalon et Ravanel) que ça se passe le plus mal. Ils se plaisent à me répéter que j'ai fait beaucoup de tort à leur sport. Moi, je leur réponds que c'est aussi mon sport et que j'ai payé ma dette en étant suspendu."
En tout cas, auprès du public, vous n'avez pas perdu de votre popularité. À quoi attribuez-vous cette relation de proximité avec vos supporters ?
"J'ai toujours beaucoup donné sans pour cela attendre quelque cho- se en retour. Prenez à Houffalize (NdlR : Coupe du Mon- de), c'est incroyable. Quand je suis là-bas, j'ai parfois les larmes aux yeux. Ce qui s'y passe est vraiment extraordinaire, voir tous ces gens qui me supportent. C'est le parcours le plus difficile, et je dois encore être plus concentré. Quand je les vois, je me dis qu'en Belgique, on m'a pardonné..."
Cette notoriété, vous la devez aussi aux multiples émissions de TV auxquelles vous avez participé...
"À une période difficile de ma vie, après ma suspension, on m'a proposé de participer à une émission Survival en Afrique du Sud, la plus belle expérience de ma vie. Ensuite, il y a eu un programme Let's Dance, puis Fire Factor... Les gens m'ont connu d'une manière différente. C'était amusant mais je ne l'ai pas fait pour gagner en popularité."
Sans oublier l'émission de VT4 qui vous était consacrée...
"Là, par contre, c'était en partie pour faire plaisir aux sponsors. J'ai été suivi pendant plusieurs mois par des caméras pour mon retour à la compétition. Du coup, tout le monde me reconnaissait en rue. Et pas uniquement dans le milieu sportif."
Pas trop difficile à vivre pour la famille ?
"Kelly, ma future femme, puisque je vais me marier le 12 octobre, me pose parfois des questions par rapport à cela. Elle doit encore s'habituer à cette situation."
Quand on vous entend, on a le sentiment que vous êtes heureux...
"Mon rêve est en train de se réaliser. J'ai acheté mon costume, on est allé acheter les bagues et on a envoyé les invitations. En plus, pour le mariage, on ne sera pas deux mais bien trois puisque Kelly est enceinte depuis six mois. "
Avec tout ça, vous avez encore le temps de penser au VTT ?
"C'est clair que je fais plus d'efforts pour ma relation qu'auparavant. Je sais décrocher alors qu'avant... Je n'ai plus besoin d'objectifs pour me motiver mais je veux encore rester deux ou trois ans en course. À condition que je garde le niveau qui est le mien actuellement."
En parlant d'objectif, les JO c'est dans un an...
"Si je fais un Top 5 ce samedi, je pourrai alors rêver d'une médaille à Pékin. Je n'ai pas encore pris de décision mais je pourrai mettre une partie de la saison de côté pour me préparer pour les JO. Mon état d'esprit actuel pourrait me permettre de me préparer à fond pour cette échéance."
© La Dernière Heure 2007