Coronavirus : confiné, Arnaud Démare a «décidé de lâcher complètement le vélo»

Le sprinteur français de Groupama-FDJ, bloqué chez lui en Picardie, en raison de l’épidémie due au coronavirus, ne supporte plus l’idée de s’entraîner sur un vélo pour le moment. Il ressent le besoin d’une coupure.

 « Je m’occupe de mon jardin. J’ai plein de semis que j’étais sûr de ne pas planter cette année à cause de mon programme », confie Arnaud Démare.
« Je m’occupe de mon jardin. J’ai plein de semis que j’étais sûr de ne pas planter cette année à cause de mon programme », confie Arnaud Démare. LP/Arnaud Journois

    Arnaud Démare est probablement le cycliste français qui pâti le plus du coronavirus. Il a d'abord été parmi les derniers coureurs confinés à Abou Dhabi quand deux cas positifs ont été détectés lors du Tour de l'UAE. Il est resté bloqué onze jours aux Émirats Arabes Unis. Et désormais, comme le reste du peloton français, il a interdiction de sortir s'entraîner. Le vainqueur de Milan-San Remo 2016 nous raconte son quotidien de sportif à domicile dans sa région picarde.

    Comment organisez-vous vos journées d'entraînement ?

    ARNAUD DÉMARE C'est simple. Nous avons reçu un mail de la Fédération Française nous interdisant de sortir nous entraîner. Et Marc Madiot le patron de l'équipe Groupama-FDJ nous a dit la même chose. C'est hyper frustrant, mais c'est différent de la première fois où j'étais bloqué à Abou Dhabi (Emirats arabes unis). Car là-bas, je prenais du retard sur mes concurrents qui pouvaient s'entraîner ou courir. Là, on est tous à égalité.

    Savez-vous quand les courses reprendront ?

    On nous dit début juin. Cela veut dire qu'il faut s'entraîner deux mois et demi sans espoir de courir. Mentalement, c'est trop dur. Alors, je coupe. C'est comme une seconde trêve hivernale. Je ressens le besoin de me régénérer psychologiquement. Mentalement, j'ai quand même pris une claque. La liste des courses qui s'annulaient au fur et à mesure, c'était tout mon programme ! Donc j'ai décidé de lâcher complètement le vélo. J'en ai besoin.

    Même le home-trainer (NDLR : le vélo d'appartement) ?

    Oui. Cela fait quatre jours que je n'en ai pas fait. Je me contente d'exercices de musculation. Il ne faut pas trop forcer maintenant. Je crois que la seconde partie de saison va durer jusqu'à novembre, car il faudra y glisser le maximum de courses annulées.

    Comme le Giro a été reporté, espérez-vous vous aligner sur le Tour de France ?

    Même si le Tour a lieu, le tracé ne changera pas et il ne me convient pas. Donc c'est non. Je ferai le Giro s'il se dispute à une nouvelle date.

    Comment occupez-vous vos journées ?

    Après deux ou trois jours compliqués à digérer cette histoire, je m'occupe de mon jardin. J'ai plein de semis que j'étais sûr de ne pas planter cette année à cause de mon programme. Et finalement, je peux m'en occuper.

    Les coureurs français n'ont pas le droit de rouler, mais d'autres pays sont plus souples. Cela peut-il créer un déséquilibre ?

    En Belgique et en Allemagne, ils ont le droit. Froome aussi roule en Afrique du Sud. Mais je ne suis pas sûr que ça soit gênant. Franchement, rouler plus de deux mois sans courses, c'est plus usant qu'autre chose.