Anthony Roux était heureux de retrouver sa petite famille dimanche soir dans le Var. Un joli bouquet de fleurs a récompensé sa victoire d’étape dans la Route d’Occitanie et justifie tous ses efforts depuis deux mois pour effacer un début de saison compliqué. Désormais, le rouleur de l’équipe Groupama-FDJ focalise sur le championnat de France de contre la montre qu’il veut absolument gagner.

Anthony, cette victoire est la récompense d’un énorme travail de ta part ?

C’est vrai que j’ai fait tout le début de saison à la maison, il y avait toujours un truc qui n’allait pas. Pour compenser le manque de compétition, il m’a fallu travailler mais, tu le sais, ça ne me dérange pas. Je peux dire que je me sens bien en course parce que l’entraînement, c’est quand même rébarbatif. Pour moi, après une rentrée satisfaisante dans l’Amstel Gold Race, j’ai fait une échappée pour aider Rudy Molard à la Flèche Wallonne et c’était reparti. Puis il y a eu un beau Giro même si la fin n’a pas été ce qu’on a tous espéré. Cette victoire, c’est cool…

J’ai de la force et ça peut faire la différence.

  

Ton retour dans la Route d’Occitanie n’a pas été simple ?

La reprise en sortant du grand Tour après avoir roulotté pendant deux semaines, est toujours un peu compliquée, surtout sur des courses comme ça. Les deux premiers jours, il y a eu des arrivées un peu spéciales, ça frottait trop pour moi et je ne m’en suis pas mêlé mais ça allait bien quand même, j’avais de bonnes sensations. Ce soir, je peux dire que j’ai assimilé le Giro. J’ai de la force et ça peut faire la différence.

Le scénario de cette victoire est quand même rare puisqu’il t’a fallu attendre le dernier centimètre ?

Ce sont Valverde et Sanchez qui ont fait un truc rare. Ce n’est pas la première fois qu’ils se lancent dans un tel raid ! Ici, ce n’est pas une course World Tour, ils peuvent se permettre de jouer. N’empêche, leur attaque qui a duré plus de soixante kilomètres a donné lieu à une grosse partie de manivelles. Après l’étape d’hier et celle d’aujourd’hui, j’enchaine deux fois 200 kilomètres intenses, ce n’est pas mal pour se remettre en route en vue du Championnat de France.

Il fallait que je saisisse ma chance.

  

A quel moment de l’étape as-tu espéré cette victoire ?

Quand j’ai entendu l’écart de 1’50’’ à 30 kilomètres de l’arrivée, il n’y avait pas grosses formations à rouler, je me suis dit que ça allait être compliqué, qu’il fallait que ça coince un peu devant parce que tout le monde était mort. Dans le final il y a eu de petites côtes. Sébastien Reichenbach a attaqué, Kenny Elissonde (Team Sky) aussi. On a grimpé très vite et on a repris du temps. Je voyais Coquard (Vital Concept) et Venturini (ag2r-La Mondiale) reculer. Là j’y ai cru, je me suis dit qu’il fallait que je saisisse ma chance. Je saute Valverde sur la ligne.

Mon rival sera moi-même.

Tu peux ajouter une nouvelle victoire dans dix jours avec le championnat de France ?

Tous les ans c’est pareil. Je me mets de la pression pour ça parce que je sens que ce n’est pas impossible. Il faut être bien le jour J, que je ne panique pas, que je ne me mette pas une pression négative. Ce titre du contre la montre je le veux, plus que celui de la route. Pour moi, le chrono symbolise beaucoup de choses. Arthur Vichot qui a été bon aujourd’hui dans celui du Tour de Suisse ne le fait pas, il ne sera pas mon concurrent. Mon rival sera moi-même. Je veux donner le meilleur pour ne pas avoir de regrets. Il y a deux ans, quand j’ai fini deuxième derrière Thibaut Pinot, je n’ai pas eu de regrets.

Penses-tu que c’est un avantage d’avoir le Tour d’Italie dans les jambes ?

J’avais déjà fait deux fois le Tour d’Italie, à chaque fois j’ai merdé au chrono et je marchais très fort sur la route, une fois quatrième et une fois deuxième mais j’avais été déclassé à la suite de la chute de Bouhanni. Je ne comprends toujours pas pourquoi je marchais fort le dimanche et pas le jeudi. Là, je me dis que pour un chrono d’une heure, je ne peux pas me permettre de gamberger. La force je l’ai et normalement avec le Giro, je dois moins caler. Cette année, il se déroule une semaine plus tard, cela me donne une plus grande chance de me remettre du Giro et de travailler le contre la montre.

Franchement Anthony, il n’y a aucune raison que tu ne le gagnes pas ?

Quand j’ai fini deuxième du championnat de France 2009 derrière Chavanel, Thomas Voeckler m’avait dit ‘’t’inquiètes tu l’auras forcément un jour !’’ Et bien je ne l’ai toujours pas. Ces derniers mois, je me disais ‘’si ça se trouve, je ne suis plus capable de gagner’’. La dernière gagne remontait à 2015 dans une étape du Circuit de la Sarthe.

Ta prochaine course est justement le championnat de France ?

Je ne recours pas avant le chrono. Ça me laisse dix jours et c’est ce qu’il va me falloir parce que je n’ai pas trop travaillé sur mon vélo de chrono. C’était prévu comme ça avec Julien Pinot. Dès mercredi, je vais enchainer les séances de contre la montre.

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