''Revenir au Tour pour confirmer''
- Publié le 28-10-2006 à 06h55
Entretien avec Oscar Pereiro le (futur ?) vainqueur 2006
PARIS Rendez-vous avait été pris, jeudi matin, en prélude de la présentation officielle du tracé du prochain Tour de France dont l'Espagnol allait être, par substitution, la grande vedette. Et malgré les nombreuses sollicitations dont il fut l'objet, Oscar Pereiro finit par revenir dans les salons de l'Hôtel Concorde-Lafayette, Porte Maillot à Paris, où, après être allé prendre des photos sur l'Arc de Triomphe, pour nos confrères du quotidien sportif madrilène Marca, il nous accorda un long moment d'entretien.
Depuis le samedi 15 juillet dernier, jour où, sur la route de Montélimar, il s'est glissé dans une échappée au long cours qui allait mettre le Tour sur la tête et lui permettre de reprendre une demi-heure aux principaux ténors tout en s'emparant du maillot jaune, plus rien n'est en effet pareil dans la vie de l'Espagnol. Dans quelques semaines, quelques mois tout au plus, le coureur de l'équipe Caisse d'Epargne-Iles Baléares deviendra sans doute le vainqueur surprenant du 93e Tour de France après le déclassement attendu de Floyd Landis, pour dopage à la testostérone. Explications !
Oscar, alors que votre compatriote Samuel Sanchez, qui vient de gagner une classique (Zurich) et de finir 2e en Lombardie et du ProTour, est là, à quelques mètres de nous, sans que personne ne s'en occupe, vous êtes l'objet de nombreuses sollicitations.
"C'est un peu normal. J'ai un peu de pression, c'est la présentation du Tour 2007 et la presse espagnole veut avoir absolument mes commentaires."
Comment le trouvez-vous ce Tour de l'an prochain ?
"Difficile, comme toujours. Pourtant, cette fois, il n'y aura pas de grand rendez-vous bien prévu avec une étape hors du commun, mais plutôt toute une série de journées à ne manquer sous aucun prétexte. Même si ce qui se fera avant va compter, c'est sûr, c'est à partir du chrono d'Albi, et plus encore dans les Pyrénées, que tout va se jouer."
Vous aurez vraisemblablement le dossard n°1 quand le Tour partira de Londres. Vous y avez pensé ?
"N°1 ou pas, cela ne change pas grand-chose. L'an prochain, mon objectif principal sera, bien sûr, de revenir pour confirmer au Tour. C'est aussi celui de l'équipe qui, avec Alejandro (Valverde) est très forte. On l'a vu à la Vuelta. Ce qui est clair aussi, c'est que mon statut aura, a déjà, changé."
Confirmer sera donc difficile, on ne vous laissera plus jamais prendre une demi-heure ?
"En effet. Je ne dois plus compter sur la surprise. Mais je pense que je peux ambitionner une place sur le podium. On parle toujours de ces trente minutes mais durant la dernière semaine, j'ai fait jeu égal avec mes adversaires. Seulement, si Ullrich et Basso reviennent, ce sera plus compliqué. "
Il y a peu de chances qu'ils reviennent...
"Je le crois et, donc, je pourrai être ambitieux. "
On a dit récemment que vous menaciez de ne pas courir le Tour 2007.
"Non, j'ai dit que je ne viendrais pas l'an prochain si, comme le bruit circulait, il n'y avait finalement pas de vainqueur et que le palmarès restait vierge. Pour moi, il faut un vainqueur au Tour de France 2006. Ou Floyd Landis, ou Oscar Pereiro ! "
Vous ne vous sentez pas dans la peau du vainqueur ?
"Je n'ai jamais dit que j'étais le gagnant. Aujourd'hui, je ne me considère pas comme le maillot jaune. Pour moi, puisqu'il n'a pas été disqualifié, c'est Landis qui a gagné le Tour. Tous les documents que j'ai vus ces derniers temps me le prouvent (NdlR : il parle notamment du classement du ProTour où il a reçu les points de la 2e place). Mais la possibilité que je devienne le gagnant du Tour existe. Dans un mois, dans deux mois, dans trois mois..."
Cela doit être désolant comme situation.
"C'est une frustration. C'est triste pour le cyclisme avant tout. C'est aussi triste pour l'équipe, pour notre sponsor, pour moi. C'était ma première possibilité de gagner un grand tour, peut-être la dernière et trois mois après l'arrivée, on ne sait toujours pas le résultat. Je regrette aussi un peu qu'il n'y ait eu aucune allusion à moi dans les discours officiels, mais, bon, je sais que ce n'est pas évident."
Depuis le Tour, vous avez parlé avec Landis ?
"Non. Floyd est un ami, puisque nous avons été coéquipier chez Phonak. J'ai essayé de le contacter, mais c'était impossible, je n'ai pu l'avoir."
Que lui auriez-vous dit ?
"Des choses personnelles, je préfère ne pas en parler."
© La Dernière Heure 2006