ITW - Olivier Kaisen : «Ça devenait trop dangereux»

 

Vidéo - Retour sur la carrière d'Olivier Kaisen

Olivier Kaisen, membre de l'équipe Lotto Belisol a été dans l'obligation de raccrocher le vélo à 30 ans, après qu'une anomalie cardiaque lui a été diagnostiquée. Quelques jours après cette triste nouvelle pour le coureur belge, il se livre au micro de Cyclism'Actu et nous explique en détail les raisons qui l'on poussé à prendre le vélo au clou.

 

Comment allez-vous quelques jours après avoir reçu cette nouvelle ?

Au début pendant les deux premiers jours, c'était assez dur moralement. Je m'attendais à tout sauf à ça. Après petit à petit j'ai digéré la nouvelle car il n'y a pas d'autres solutions. Maintenant, je pense au futur! De plus, dans la vie de tous les jours, je ne sens rien de particulier j'ai seulement dû fortement dimuner les séances de sport. Cependant, je ne peux pas m'arrêter totalement, cela ne serait pas bon non plus pour mon coeur et ma santé. 

 

Pouvez vous nous en dire plus sur ce problème de santé ?

Chaquée année, chez Lotto-Belisol, nous devons passer divers examens dont des examens cardiologiques. Ceux-ci servent à voir si nous sommes aptes à la pratique. Avant la saison 2013, une petite anomalie avait été détecté mais ce n'était d'alarmant cela figurait juste dans mon dossier. Lorsque nous y somme retournés en novembre dernier, la cardiologue a fait davantage attention à ce problème. La situation était aggravée mais que je pouvais toujours continuer.

 

"Cela devenait trop dangereux"

 

Mais alors ou était le problème ?

En réalite, je devais en cas de douleurs, revenir faire d'autres examens. Ce qui fût le cas après une étape du Tour Down Under, j'y ai ressenti des palpitations. C'était une journée très fatigante et très chaude au cours de laquelle j'avais beaucoup roulé en tête pour André Greipel. Je me suis encore présenté au départ de l'étape suivante, mais directement après le départ de la troisième étape, j'ai senti qu'il y avait quelque chose. J'ai eu peur et j'ai décidé, en concertation avec le directeur sportif Herman Frison, d'arrêter. Il a dit que je ne devais prendre aucun risque. Dès mon retour en Belgique j'ai été passé de nouveux examens. On m'a alors annoncé que je devais arrêter la compétition. Le problème est triple, j'ai un coeur d'athlète c'est à dire qu'il est devenu trop gros suite au sport de haut niveau. J'ai une fibrose sans doute provoquée par une virus et enfin je souffre d'extrasystoles. Un seul de ces symptômes isolé n'aurait pas posé de problème mais avec les 3 cela devenait trop dangereux. En fait, la pratique sportive modérée est bonne pour la santé, celle de haut niveau l'est beaucoup moins.

 

Comment se déroule ces tests qui peuvent vous stopper en plein élan dans votre carrière?

En fait, c'est assez classique. Il y a tout d'abord un test à l'effort ensuite, une échographie cardiaque et enfin divers autres petits examens. Dans mon cas, après la détection de l'anomalie, ils ont été plus poussés. J'ai du faire un IRM et un test de Holter sur 4 jours. L'équipe dispose de toute une équipe médicale qui permet de passer assez rapidement tous les examens nécessaires et lors de l'analyse de l'électrocardiogramme, les médecins ont pu localiser très clairement la période et la nature du problème.

 

Revenons un peu sur votre carrière, quel est votre meilleur souvenir ?

Sans aucun doute les championnats du monde de Copenhague en 2011. Etre sélectionné parmi les 9 meilleurs coureurs dans une des nations favorites a été un grand moment. D’autant plus que Ludivine, ma compagne, était aussi sélectionnée pour la course féminine. Sans oublier que j'ai fait une belle course en étant en échappé jusqu'a 2 tours de la fin.

 

Quant au pire moment ?

Vous vous en doutez, c'est la situation actuelle qui est le pire moment de ma carrière. Le cyclisme a tout de même pris plus de 20 années de ma vie, je suis donc un peu perdu.  Même si je n'ai pas le choix, j'aurai vraiment voulu arrêter plus tard et avant tout choisir moi-même quand et comment prendre ma retraite. J'aurais bien volontiers encore couru quelques années, mais je dois écouter mon corps et respecter les décisions des médecins, bien que cela soit difficile. Je voulais encore rouler quelques années, jusqu’à mes 35 ans peut-être même davantage. Surtout que ne pensant pas arrêter ma carrière je n'ai aucun projet pour le moment.

 

Que retiendrez vous de ces années ?

Il y a vraiment beaucoup de choses. Je me suis fais de nombreux amis sur ma carrière. J'ai également pu voyager partout dans le monde et j'ai appris beaucoup de choses. C'est tout simplement un ensemble dans lequel tout fût génial.

 

"Il n'y a encore rien de concret"

 

Qu'allez vous faire maintenant, nous avons entendu qu'il y avait peut être une proposition du coté de Lotto, qu'en est-il ?

Contrairement à ce qui a été dit rien n'est encore fait. La difficulté actuelle est que j'ai toujours un contrat de coureur chez Lotto-Belisol avec toutes les obligations que cela entraîne. Nous sommes donc en train de chercher une solution pour se défaire de ce statut. Néanmoins, l'équipe ne veut pas me laisser tomber, les dirigeants souhaite profiter des mois qu'il reste en 2014 afin de faire une passerelle vers un nouvel emploi en 2015. On a évoqué quelques pistes mais il n'y a encore rien de concret. Pour le moment et on se laisse un peu de temps des 2 côtés pour trouver une solution. Pour moi, rester dans le vélo n'est pas une obligation mais l'avantage est que je connais beaucoup de monde dans le milieu.

 

Parlons un peu de votre équipe, que pouvez vous souhaiter aux autres cette saison ?

Déjà cette équipe pour moi c'est presque devenu une famille ce qui est normal après 8 ans. Il y règne une ambiance exceptionnelle et je pense que c’est cela que l’équipe fonctionne si bien. Chaque coureur de l’équipe donne le meilleur pour ses coéquipiers. Je leur souhaite de continuer sur la lancée du début de l’année 2014 et surtout de connaître beaucoup moins de déboires que la saison dernière. Ce qui serait dès lors une excellente saison.