La Grande Interview : Alexis Gougeard

Réputé spécialiste du contre-la-montre, Alexis Gougeard n'a pris que la 30e place aux Championnats du Monde Espoirs lundi passé. En cause, un parcours trop plat pour lui et peut-être aussi sa lente conversion qui le voit devenir un « coureur complet », avec des perspectives pour les épreuves par étapes. Le chef de file de l'USSA Pavilly Barentin, 20 ans, continuera sa progression en 2014 chez AG2R-La Mondiale. Pour DirectVelo, il revient sur ses ambitions sur le Mondial (cette fois dans la course en ligne qui se tiendra vendredi) et sur son goût pour le contre-la-montre mais aussi… pour la montagne.

DirectVelo : Comment s’est déroulé ce Championnat du Monde du contre-la-montre Espoirs pour toi ?
Alexis Gougeard : Mon temps n’est pas exceptionnel mais j’ai fait le maximum. (30e à 3’41’’ de Damien Howson, NDLR). En fait, je suis parti dans une allure correcte puis j’ai gardé le même rythme sans trop me désunir. Le parcours ne m’a pas avantagé : trop plat, pas assez technique pour moi. Du coup, il a fallu que je garde la même position pratiquement tout le long et ce n’était pas facile.

Tu penses donc être à ta place ?
Oui. Howson a fait un sacré numéro. Il met presque une minute à Yoann (Paillot, 2e à 57 secondes). C’est dire s’il a été fort ! Pour ma part, j’ai perdu moins de temps sur le Championnat de France Elites contre-la-montre au mois de juin (30e à 5’14’’ de Sylvain Chavanel). Il n’y a pas de surprise. De toute façon, je n’avais pas spécifiquement préparé ce contre-la-montre. Je suis venu à Florence dans l’idée de faire un résultat sur l’épreuve en ligne, plus que sur le chrono. J’aime bien le circuit. Il n’est pas facile, avec pas mal de petites bosses très bien placées sur le parcours. Il y aura de quoi faire, en  tout cas, je ne suis pas venu pour faire de la figuration.

Tu seras donc l’un des coureurs protégés au sein de l’Equipe de France ?
Ça dépendra de la course. Tout ce que je sais, c’est que nous aurons une équipe très complète, variée, et donc compétitive. De mon côté, il va falloir que je me force à être patient. Il sera sans doute très difficile de sortir dans les derniers kilomètres, mais si j’en ai la possibilité, je tenterai quelque chose. Ce Championnat du Monde Espoirs est un rendez-vous très important pour moi.

« AUX ANGES SUR LE TOUR DE L'AVENIR »

Le Tour de l’Avenir l’était également. Et tu y as brillé…
J’avais cette course en tête depuis longtemps. Ma victoire sur le prologue était un très beau moment. J’ai pu porter le maillot de leader pendant  trois journées. J’étais vraiment aux anges, même si le maillot de leader était vraiment difficile à défendre. Les équipes adverses ne nous faisaient aucun cadeau et nous avions beaucoup de pression. Au moins j’ai pu prendre pas mal d’expérience.

Tu es un adepte des contre-la-montres. Qu'est-ce qui te plaît tant dans ce domaine ?
Etre seul sur la route, c’est un combat face à soi-même. Il faut se faire mal tout le long, et personne ne peut t’aider, si ce n’est un petit peu le directeur sportif qui t’encourage dans la voiture. J’aime le chrono car je peux m’y dépasser peut-être plus qu’ailleurs. J’aime voir jusqu’où je peux aller dans la  douleur, ce que je peux accepter ou non.

Ta troisième place au Championnat de France Espoirs, fin août, c'était un accident ?
Même si on ne peut pas gagner à tous les coups, c'était une déception. J'avais pour consigne de partir vite parce que j'ai souvent tendance à faire le contraire. Pour le coup, je suis parti trop vite ! Je l'ai payé dans la bosse. Je suis battu par un très bon Yoann Paillot, qui est quand même un coureur professionnel, et qui a encore prouvé ses qualités sur le Mondial lundi. Quant au deuxième (Bruno Armirail, NDLR), je ne peux pas en parler puisque je ne le connais pas bien.

En 2013, tu as su décrocher des bouquets ailleurs que dans le contre-la-montre. Il était important pour toi de prouver ton côté polyvalent ?
C’est bien de rouler vite, de gagner des chronos, mais il n’y a pas que ça dans le cyclisme. Par le passé, je n’arrivais pas à lever les bras sur les courses en ligne car je n’étais pas très fort tactiquement. Je courais n’importe comment, je faisais le fanfaron. C’était mon plus gros défaut. J’ai beaucoup bossé là-dessus, ce qui m’a permis de gagner plus de courses (neuf en 2013, NDLR). 

« DEVENIR UN COUREUR COMPLET »

Tu as beaucoup travaillé en montagne cette année ?

J’ai fait beaucoup de stages en altitude. Je sens que j’ai progressé, que je suis plus à l’aise. Evidemment, je ne me sens pas aussi bien en montagne que contre-la-montre. Mais je me connais un peu mieux et j’arrive à gérer mes ascensions, alors qu’avant c’était un peu sauve-qui-peut !

Etre encore plus à l’aise en montagne, c’est ce qui te manque pour remporter des épreuves telles que le Tour de l’Avenir ?
J’aimerais devenir un coureur complet. Pour cela, il faut encore que je progresse dans tous les domaines, et surtout en montagne. Je sais que j’ai encore beaucoup de travail, mais il faut passer par là. Le plus difficile pour moi à l’heure actuelle, c’est de trouver le bon rythme dans un début d’ascension. Généralement, je craque dès le pied des cols et, ensuite, j’arrive à remonter les concurrents un à un. Mais lorsque l’on se retrouve avec deux minutes de retard dès le pied, il est impossible de rentrer. Je veux travailler là-dessus en priorité. J’aimerais aussi perdre encore un peu de poids. Il va falloir que je fasse le métier à 100%. C’est sûr que lorsqu’on est capable de faire la différence contre-la-montre et de tenir les roues des meilleurs en montagne, on peut viser le classement général.

D’autant que l’an prochain, néo-pro chez AG2R La Mondiale, tu disputeras  des courses par étapes à un autre niveau…
Ah, ce ne sera pas la même musique c’est vrai (rires) ! Il va y avoir une grande marche à franchir. Je vais faire au mieux. J’ai confiance en l’équipe et je sais que les dirigeants vont m’aider à franchir ce cap.

N’as-tu pas été étonné que ce soit la formation AG2R La Mondiale qui t’ai contacté, alors même que tu n’as jamais évolué au Chambéry CF ?
C’est un peu particulier, étant donné que je ne suis pas du coin. A vrai dire j’avais déjà signé une convention avec l’équipe quelques mois auparavant. Savoir que j’étais suivi de près par AG2R La Mondiale m’avait vraiment transcendé. Dans tous les cas, j’avais vraiment pour intention de passer professionnel en 2014. Finalement, j’ai été récompensé de ma belle saison à l’USSA Pavilly Barentin avec ce contrat pro.

Aurais-tu préféré être stagiaire avec l’équipe cet été, histoire de te mettre dans le bain ?
Pas forcément. J’avais un très beau programme de course avec l’Equipe de France. Et puis, je ne pars pas totalement dans l’inconnu puisque j’avais déjà connu un stage en Continental avec Véranda Rideau-Super U l’an passé. J’avais donc pu me faire une première petite idée de ce qu’est le monde professionnel. J’ai vu que je n’étais pas à la ramasse. C’était bon pour la confiance.

Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com
 

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