Cancellara: “Refaire le triplé E3, Tour des Flandres et Paris-Roubaix ? Pourquoi pas !”
- Publié le 29-03-2011 à 07h10
- Mis à jour le 29-03-2011 à 08h10
Avec le premier volet déjà en poche, il y croit dur comme fer
BRUXELLES Fabian Cancellara ne doute de rien. Et pas de ses possibilités. Le Suisse ne néglige rien de tous les éléments qui peuvent lui faire gagner ou perdre une course.
Le triplé E3, Tour des Flandres, Paris-Roubaix, vous y pensez vraiment ! Est-ce réaliste ?
“Évidemment ! D’ailleurs, je ne cours jamais pour la deuxième ou la troisième place. Je vise la victoire. Je ne vais pas aller au Ronde ou à Roubaix juste pour montrer le dossard n°1 gagné l’an dernier ! En parlant de réalisme, il est un fait que réaliser ce triplé sera plus difficile cette fois-ci que la saison passée. Depuis le début de saison, le niveau général du peloton a encore grimpé. La base de bons coureurs s’est élargie. Il y aura au moins deux bons coureurs par équipe sur les classiques.”
Cela rend votre défi plus dur…
“Oui et non. La tactique utilisée joue un rôle déterminant. La stratégie est même la clé de tout ! Il faut utiliser sa tête. Une course se joue parfois en quelques secondes : à un moment, il faut prendre la bonne décision. C’est cela toute la magie des courses d’un jour. Ce n’est pas parce qu’on est super fort qu’on gagne des courses. On a besoin des autres. L’an dernier, le fait d’avoir eu un Breschel super fort dans mon équipe m’a aidé... même si, au fond de moi, il me faisait un peu peur. Je me rappelle lui avoir dit avant les classiques : On doit rouler ensemble et non l’un contre l’autre. Car, à la fin, c’est l’équipe qui sera gagnante. Si je vois que je suis trop surveillé, je préfère, moi, perdre la course que faire des cadeaux aux autres.”
Cette année, il n’y a plus de Breschel dans votre équipe, qui peut dès lors reprendre ce rôle ?
“Je crois qu’O’Grady peut jouer un rôle capital (NdlR : comme ce fut le cas à l’E3). Cela fait un bout de temps qu’il n’a plus eu un grand résultat. Je le connais bien. Il est capable de beaucoup. Et même si nous n’avons qu’un leader alors que d’autres en ont deux, il importe surtout de ne pas commettre d’erreur. L’an passé, au Ronde par exemple, Philippe Gilbert a tenté de tout faire tout seul, sans personne pour l’aider. Au bout du compte, il a obtenu un bon résultat mais pas la victoire. Souvent, c’est le déroulement lui-même de la course qui décide du vainqueur final. Il s’agit de jouer les bonnes cartes, en sortant ses atouts au moment ad hoc.”
Cette fois encore, tant au Tour des Flandres qu’à Roubaix, on vous attendra au tournant !
“Sûrement. Mais c’est ce qui rend mon défi encore plus excitant. Incontestablement, il était plus facile pour moi de gagner voici 3 ou 4 ans. Aujourd’hui, quand je bouge le petit doigt, j’ai la moitié du peloton sur le dos. La partie est donc plus fine, il faut que je tienne compte de tout : de ma forme, de celle de mes adversaires, de leur tactique et de la mienne. C’est pour cela que je dis toujours que même une mauvaise décision ou une course perdue finissent toujours par me servir car je n’oublie jamais de tirer les enseignements de mes échecs.”
L’an dernier, n’avez-vous pas été surpris par le fait que tant à Roubaix qu’au Ronde, tout s’est parfaitement mis en place pour que vous gagniez ?
“Oui et non. C’était comme si tout avait été écrit à l’avance. Une sorte de puzzle dont chaque pièce a été posée de manière à ce que je l’emporte. En plus d’être super fort, il faut, pour gagner, lire parfaitement la course. Et la chance n’a pas grand-chose à voir là-dedans. On n’a pas 36 coups de chance dans une course. Par contre, il faut que tous les épisodes se succèdent comme il faut. Je reste persuadé que rien n’arrive par hasard. D’une manière ou d’une autre, on provoque les événements nous-mêmes. C’est comme dans la vie : la manière dont on réagit aux coups durs conditionne les bons moments qu’on aura ensuite.”
Vous voyez des coureurs qui sortent du lot actuellement ?
“Je pense que Gilbert est super fort et qu’il est prêt pour les classiques. Philippe s’est bien préparé et s’il a gagné une étape à Tirreno qui était peut-être davantage pour les grimpeurs, avec ce col difficile à franchir durant l’étape, ce n’est pas un hasard. Il était là avec un gars comme Evans, c’est un signe. Nuyens est de retour, c’était déjà manifeste à Tirreno. Flecha sera là, avec une belle équipe Sky autour de lui, même si elle a perdu Boasson Hagen. Boonen a été malade avant Tirreno, mais a fait lui aussi ce qu’il fallait pour être exact à ses rendez-vous. Comme je le dis souvent, il y a beaucoup de coureurs ayant un bon niveau. N’oublions pas aussi les Garmin-Cervélo qui ont trois hommes forts : Hushovd, Haussler et Farrar. Cela dit, à la fin du Ronde, on trouvera toujours les mêmes coureurs.”
Participer au Ronde et à Roubaix en tant que vainqueur sortant vous donne un sentiment particulier ?
“Certainement. Être au départ de Bruges et de Compiègne avec le n°1 sur le dos, waaaouw! c’est géant. Cela vous donne des responsabilités.”
© La Dernière Heure 2011