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"Le Tour, c'est la guerre"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 09/07/2010 à 20:34 GMT+2

Après une semaine de course et avant d'aborder la montagne, Christophe Moreau (Caisse d'Epargne) fait un premier bilan. Le Français de 39 ans revient également sur la neutralisation de la course lundi dernier et reconnait qu'il n'y a plus forcément de respect du peloton pour les anciens.

CYCLING 2010 Tour de France Christophe Moreau

Crédit: AFP

CHRISTOPHE MOREAU, comment jugez-vous cette première semaine de course ?
C.M. : Nerveuse. Quand on regarde le nombre de chutes, c'est quasiment un record dans l'histoire du Tour. Il y a eu beaucoup de bobos, beaucoup de tension. Aujourd'hui, on est en mesure de faire un premier bilan. On voit que le peloton s'est calmé un peu avant de s'acheminer sur la montagne. Si on met de côté toutes ces chutes, le bilan est quand même positif. Quand on se penche sur les deux jours passés, on retrouve une certaine normalité dans la tension et ça, ça fait beaucoup de bien.
Avec autant de Tour de France à votre actif, êtes-vous surpris de voir ce qui se passe sur certaines étapes ou avez-vous le sentiment d'avoir "déjà tout vu" ?
C.M. : C'est vrai, qu'à un moment donné, je me dis : "est-ce que c'est l'âge qui fait que j'ai du mal à supporter toute cette nervosité. Mais comme on atteint des sommets de tensions, je me dis que je n'ai pas pu en vivre de telles dans le passé." Ce sont encore des faits nouveaux. Mais, à 39 ans, pour mon 15e Tour de France, ce sont encore des choses que je découvre. Ça me rassure quelque part de ne pas dire : "finalement, t'es trop vieux et t'as les nerfs un petit peu fragiles". Tout le monde est fatigué nerveusement. On a hâte d'un Tour de France normal. Il reste énormément d'étapes qui font faire du mal, beaucoup de montagne, beaucoup de chaleur. On est encore loin de Paris.
Depuis le début de votre carrière, vous avez assisté à un changement des mœurs du peloton. Jugez-vous favorablement cette évolution ou avez-vous le sentiment que "c'était mieux avant" ?
C.M. : Il faut vivre avec son époque. Il faut évoluer avec son temps. Chaque époque a connu ses points positifs, ses petits avantages, ses inconvénients. Aujourd'hui, le vélo devient très technologique, très scientifique, très suivi. C'est devenu un sport de vrais professionnels où la pyramide est très large, où on voit le niveau s'élever de plus en plus en vite, où les jeunes arrivent de plus en plus fort, de plus en plus tôt. C'est vrai qu'on voit l'émergence d'un très haut niveau. Les technologies aidant, on se rend compte que le peloton est encore plus percutant, plus incisif dans toutes les phases de course et qui a du mal, comme par le passé, à créer des gruppettos, des alliances de circonstance qui font que l'on peut s'entraider à un moment donné. L'entraide, il n'y en a pas. C'est la guerre pour tout le monde. Aujourd'hui, le Tour, c'est la guerre, du début à la fin. Et tous les jours.
Existe-t-il un respect pour les anciens ? Est-il possible de vous demander des conseils ?
C.M. : On peut toujours venir discuter avec moi. Il n'y a aucun souci. Le respect entre les anciens et les plus jeunes, ça n'existe plus. Je crois que Lance Armstrong est aussi sollicité dans la nervosité du peloton que Cadel Evans, que Christophe Moreau, qu'un néo-pro. Tout le monde est logé à la même enseigne. Si on n'a pas toute une équipe autour de soi, on est difficilement inatteignable. La preuve, les cadors tombent aujourd'hui. Il n'existe plus de différences entre les anciens et les nouveaux. Les gamins arrivent. Je dis les gamins parce qu'ils ont 20-22 ans, ils ont les dents longues et veulent réussir immédiatement. A un moment donné, il faut pouvoir garder et gagner sa place dans le peloton. Les courbettes n'existent plus.
Avez-vous été choqué quand Fabian Cancellera et d'autres coureurs ont décidé de neutraliser l'étape de lundi ?
C.M. : Les conditions de course étaient tellement exceptionnelles qu'on a pu, à un moment donné, se regrouper. On a pu mettre une pause sur la course. Maintenant, la contrôler jusqu'au bout à 35km/h n'était peut-être pas la solution. La finalité n'a rien changé. On aurait pu terminer l'étape à 40-45 km/h et proposer un sprint à l'arrivée. Personnellement, j'aurais eu du mal à imposer cette neutralisation. Peut-être, qu'à un moment donné, plus tard dans la course, certains pourront se mordre les doigts. Car, au temps du Crédit Agricole ou d'AG2R, j'ai le souvenir qu'on ne m'a pas toujours attendu quand je chutais. Et quelque fois, ça a favorisé les écarts et certaines équipes. Forcément, c'est très discutable, mais je pense, qu'il fallait, à un moment donné, temporiser pour repartir et regrouper les blessés du moment.
Serez-vous au départ du Tour de France 2011 ?
C.M. : Suspense et réponse dans quelques jours...
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